lundi 11 décembre 2023

BLUE BEETLE : le Spider-Man du DCU ?


Sorti l'été dernier, Blue Beetle a eu les honneurs d'une exploitation en salles après avoir été initialement produit pour la plateforme de streaming HBO Max qui appartient à Warner Bros. Cela n'a pas eu le résultat escompté, le film échouant commercialement malgré une réception critique plutôt positive. Pourtant James Gunn, nouvel architecte du DCU au cinéma, a promis que les aventures de Jaime Reyes étaient le premier étage de son projet.


En Antarctique, Victoria Kord, P.D.-G. de Kord Industries, assiste à la récupération d'un artefact extraterrestre, le Scarab. Cependant, à Palmira City, Jaime Reyes, fraîchement diplômé en Droit à Gotham, rentre auprès de sa famille. Mais il découvre que celle-ci est dans une mauvaise passe.


Son père a été hospitalisé suite à un malaise cardiaque qui lui a fait perdre son emploi et désormais sa femme, sa belle-mère, et leur fille sont menacés d'expulsion. Milagro, la soeur de Jaime, trouve une place à son frère dans la villa de Victoria Kord mais elle les renvoie vite après qu'ils ont assisté à une dispute entre elle et sa nièce, Jenny, au sujet de la fabrication d'armes par leur compagnie.


Jenny donne néanmoins rendez-vous à Jaime le lendemain pour lui proposer un nouveau poste. Mais quand il se présente à l'entretien d'embauche, Jenny est occupée ailleurs : elle dérobe le Scarab et pour échapper à la sécurité le confie à Jaime dans une simple boîte de burger. Rentré chez lui, il est pressé par sa famille d'ouvrir le contenant : le Scarab se greffe alors sur le jeune homme et le revêt d'un exosquelette lui permettant de voler et d'un disposer d'un vaste arsenal.
 

Mais Jaime n'a pas l'intention de laisser le Scarab fusionner avec lui et cherche Jenny. Celle-ci est poursuivi par les sbires de sa tante et Jaime la sauve avant d'être à son tour attaqué par Ignacio Carapax, le garde du corps de Victoria Kord, mi-homme, mi-robot. Avec le renfort de son oncle Rudy, Jaime réussit à s'enfuir en emmenant Jenny jusqu'à l'ancienne propriété de son père, Ted Kord, qui fut le héros Blue Beetle, mystérieusement disparu depuis des années.
 

Rudy comprend que le Scarab ne peut plus se détacher de Jaime qu'une fois ce dernier mort. Accusant le coup, le jeune homme va prendre l'air et Jenny l'accompagne pour le réconforter lorsqu'ils aperçoivent l'hélicoptère de Victoria se diriger vers le quartier où vivent les Reyes. Pris à parti par les hommes armées de Kord, ceux-ci voient arriver Jaime qui couvre la fuite de sa famille. Mais Carapax réussit à le capturer alors que le père du jeune homme succombe à une crise cardiaque. 


Les Reyes et Jenny n'ont pas le temps de s'apitoyer : il faut sauver Jaime, transporté dans un laboratoire de Kord Industries sur une île et à qui Victoria veut arracher le Scarab pour que Carapax en devienne le nouvel hôte. A bord du Bug, le vaisseau de Blue Beetle, ils prennent la forteresse d'assaut et empêche le bon déroulement de l'opération, mais qui a quand même permis à Carapax d'avoir son propre exosquelette. Jaime et lui s'affrontent jusqu'à ce que l'homme de main comprenne que Victoria a tué sa famille et l'a manipulé depuis. Il se retourne alors contre elle pendant que Jaime, Jenny et les Reyes quittent les lieux.


Sa tante morte, Jenny devient la nouvelle patronne de Kord Industries et promet aux Reyes de les aider tout en annonçant cesser de fabriquer des armes.

Une scène additionnelle durant le générique de fin se déroule dans le repaire de Ted Kord qui envoie un message à destination de sa fille pour l'avertir qu'il est toujours vivant.

Les temps sont durs pour les super-héros au cinéma et il est bien possible qu'une certaine lassitude se soit installé parmi les spectateurs, y compris les fans du genre. Ou plus exactement que cette audience ne supporte plus de devoir payer sa place pour assister à quelque chose qui ne sorte plus de l'ordinaire.

Ce qui est inédit en revanche, c'est que la crise touche désormais également Marvel (The Marvels, la suite de Captain Marvel, a aussi enregistré un score terrible). Et c'est bien connu, pour les comics comme pour les longs métrages, quand le leader du marché éternue, c'est tous les autres qui s'enrhument.

Quelle chance avait alors Blue Beetle de fonctionner commercialement dans un cadre aussi morose ? Le studio Warner enchaîne lui les bides depuis longtemps, plombé par le "Snyder-verse", et un chaos à la tête des productions ciné de DC Comics seulement calmé avec la promotion de James Gunn et de son associé Peter Safran, chargés de remettre toutes ces franchises debout.

Contrairement à Kevin Feige qui avait parié sur une synergie des séries sur Disney + et du MCU pour étendre son empire, ce qui a abouti à un échec seulement ponctué de quelques sursauts (Spider-Man : No Way Home, Doctor Strange in the Multiverse of Madness, Les Gardiens de la Galaxie volume 3, et Loki ou WandaVision en streaming), Gunn expédie actuellement les derniers vestiges du DCEU de Zack Snyder (The Flash, Aquaman 2) avant de faire une break d'un an pour préparer le come-back de Superman en 2025 (sous sa direction). Une manière d'accorder aux fans un peu de repos, mais aussi de redonner envie à un plus large public de revoir des super-héros en salles (que Marvel/Disney aurait été mieux inspiré de faire après le climax de Avengers : Endgame).

Warner n'a pas fait dans la dentelle avec son nouveau président, David Zaslav, qui a tout décidé de jeter à la corbeille tout le film Batgirl (pourtant prêt à être exploité). En revanche, Gunn l'a convaincu de laisser sa chance à Blue Beetle, originellement prévu pour la plateforme de streaming HBO Max. Mais ça n'aura pas suffi à sauver les meubles.

Pourtant, comme Donjons et Dragons, Blue Beetle est un échec injuste. Non pas que le film soit renversant mais il a l'immense mérite d'être frais, simple, accessible, et bien fait. Son héros, dans cette version, est la troisième incarnation du Scarabée Bleu, après Dan Garrett et Ted Kord : Jaime Reyes a été co-créé par le regretté Keith Giffen, John Rogers et Cully Hamner en 2006 dans Infinite Crisis #3. Et tel quel il fait penser à Spider-Man.

Le déroulement de l'intrigue renvoie de manière troublante au Tisseur de Marvel avec l'acquisition accidentelle de capacités extraordinaires par un jeune homme issu d'un milieu modeste et qui va être obligé de considérer que "de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités". Face à lui un double ennemi en la personne d'une grande patronne vendeuse d'armes (comme Tony Stark) et de son homme de main. Et pour distinguer Blue Beetle, un cadre latino, caricaturé juste ce qu'il faut (même si la VF est abominable).

Le film est très rythmé, sans temps mort notable. On peut lui reprocher sa narration très convenue mais pas, comme ce fut souvent le cas ces derniers temps, une production bâclée. Pour un produit conçu pour le petit écran, c'est même épatant de voir le soin apporté au design en général. Le costume de Blue Beetle est d'une fidélité absolue à celui des comics, tout comme le Bugship de Ted Kord, et quand Carapax a sa propre armure, elle est suffisamment menaçante pour que l'affrontement final tienne ses promesses.

Les personnages sont plus grossièrement définis et n'évitent pas les clichés. Certes, comme je le dis plus haut, la VF est affreuse, mais je doute que la VO arrange quoi que ce soit. On peut toutefois s'amuser sans complexes avec la grand-mère Reyes au passé révolutionnaire, ce qui justifie qu'elle sache se servir d'une arme (même si celle-ci est tout de même très sophistiquée). La mort du père de Jaime renvoie à celle de l'oncle Ben pour Peter Parker et Jenny Kord évoque Gwen Stacy (comme elle, elle est la fille d'un véritable héros). Bien entendu, une romance nait entre Jaime et Jenny entre deux explosions. Et Milagro, la soeur du héros, apporte une touche comico-cynique de circonstance.

L'interprétation permet de découvrir Xolo Maruduena dans le rôle titre et il s'en sort très honorablement, sans en faire trop. Bruna Marquezine est très jolie; La chanteuse Becky G fait la voix de Khaji-Da, le Scarab. Mais évidemment la véritable curiosité vient de la présence au générique de Susan Sarandon, immense comédienne dans le rôle de la méchante Victoria, qui semble bien s'amuser (et qui à 77 ans humilie littéralement toutes ces consoeurs défigurés par la chirurgie esthétique).

Angel Manuel Soto, le réalisateur, emballe tout ça avec beaucoup d'énergie et d'humilité. Mais c'est justement cette volonté de proposer un divertissement simple, comme un retour aux basiques, qui fait de son Blue Beetle une petite pépite. Rendez-vous maintenant en 2025 pour Superman Legacy...

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