samedi 23 septembre 2023

BIG GAME #3, de Mark Millar et Pepe Larraz


Big Game acte III : Mark Millar continue son jeu de massacre tel un gamin qui casse les jouets qu'il a lui-même confectionnés. Je mentirai si je prétendais que ce n'est pas répétitif et qu'on commence à voir de grosses ficelles agiter ces marionnettes. Pepe Larraz met superbement en image ce récit qui, cependant, trouve à la fin de cet épisode un twist vraiment énorme.


La Fraternité continue à localiser et éliminer les super héros apparus depuis ces dernières années et les tueurs ne font pas dans la dentelle. Mais, dans l'ombre, l'Ordre Magique veille, sans toutefois agir puisque que ce n'est pas une menace magique. Quant à Hit Girl, elle pénètre le QG des méchants avec Eggsy...


J'espère vraiment pour vous que vous n'avez pas consulté les sollicitations d'Image Comics pour le mois de Novembre 2023, quand sortira le cinquième et dernier chapitre de Big Game. Sinon vous allez être salement spoilés sur le dénouement de cette histoire si on en croit la couverture de cet ultime volet.


Alors, bien sûr, ce peut être une fausse piste, une astuce pour tromper le lecteur, mais déjà dans ce troisième épisode, il me paraît évident que le sort des héros de Big Game va se jouer grâce à deux acteurs du MillarWorld - l'un étant l'Ordre Magique de Cordelia Moonstone, l'autre étant... Non, je ne vous le dévoilerai pas.


Avant d'en arriver là, Big Game #3 continue à montrer la fin de plusieurs personnages créés par Mark Millar et on sent la jubilation évidente de l'auteur à casser les jouets qu'il a lui-même fabriqués. Lui seul a la légitimité pour cette entreprise. Mais quid du lecteur et du plaisir de la lecture ?

Disons, pour parler franchement, que c'est un chouia lassant. Certes Millar fait preuve d'imagination pour éliminer ses héros. Parfois, il fait du Millar tel que l'entendent ses détracteurs, c'est-à-dire avec des scènes totalement grotesques par leur exagération (voir le sort réservé à Huck). Parfois, en revanche, il s'amuse sadiquement mais habilement avec les faiblesses de ses créatures (comme avec les jeunes vampires de Night Club). Et parfois encore, là où on s'y attend le moins, il est capable d'une vraie poésie, même si elle est cruelle (avec ce que subit Simon Pooni/Superior, littéralement effacé.

L'autre point positif de cet épisode, c'est qu'on n'y voit pas Nemesis et que la Fraternité, ses agents, son chef sont mis en avant. Millar se souvient qu'il a inventé cette organisation de super vilains redoutables qui, en vérité, n'a pas besoin de Nemesis pour accomplir sa sinistre besogne.

Se révèle alors un double mouvement : d'abord il existe bel et bien des héros plus puissants que la Fraternité et l'apparition fugace de Cordelia Moonstone et de quelques membres de The Magic Order rétablissent un certain équilibre dans le rapport de force. Pour l'instant, les magiciens restent passifs car ils n'interviennent qu'en cas de menace occulte, mais on devine qu'ils ne vont pas rester les bras croisés bien longtemps.

En même temps, avec l'Ordre Magique dans ce rôle d'observateurs soucieux, on comprend bien, sans avoir besoin de beaucoup cogiter, que Millar agite sous notre nez la solution aux agissements de Wesley Gibson et sa clique. C'est encore plus évident quand on comprend ce que suggère la toute dernière page qui montre Hit-Girl dans une époque et un décor renvoyant à une des rares séries à laquelle le scénariste n'a toujours pas donné de suite, mais qui inclut un personnage bien plus méchant que Wesley Gibson...

C'est là que j'apprécie le plus Millar, dans cette capacité qu'il a à convoquer une histoire dont on peinait à comprendre comment il allait la relier à Big Game. Le ressort est énorme mais jouissif, d'autant plus qu'il concerne une BD que j'ai adorée dans sa bibliographie. Bien entendu, cela signifie que, en vérité, Big Game, ne comptera pas cinq épisodes, mais que le dernier chapitre sera, comme c'est devenu la coutume, un double épisode, à la pagination conséquente et à la narration spectaculaire.

Cette construction bizarre à produire des mini-séries en cinq n° mais qui comptent autant de pages que si elles en avaient six n'est peut-être pas la plus évidente, mais qu'importe le flacon tant qu'on a l'ivresse. Et l'ivresse, on l'a en admirant les planches de Pepe Larraz.

L'artiste espagnol expliquait que Big Game était un plaisir, qui lui permettait de collaborer avec un scénariste renommé et un casting abondant, en même temps qu'un cauchemar, car cela réclamait une documentation précise et un effort conséquent pour mettre en scène tout cela de manière agréable.

Mais Larraz a atteint une maturité telle qu'il ne devrait pas douter de son talent. Chaque page, chaque image en met plein la vue et grise le lecteur le plus blasé. Sans lui, on aurait du mal à suivre avec autant d'intérêt Big Game car il sait valoriser toutes les excentricités de Millar.

Bref, même si, jusqu'à présent, on tournait quelque peu en rond, cet épisode, non exempt de reproches, donne de sérieux espoirs pour la suite et fin de cet event.

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