jeudi 13 juillet 2023

SCARLET WITCH #6, de Steve Orlando, Lorenzo Tammetta et Sara Pichelli


La série Scarlet Witch reprend pleinement ses droits après son Annual paru le mois dernier (et qui servait surtout à annoncer l'event Contest of Chaos, qu'écrira Stephanie Phillips). Steve Orlando revient du coup à un récit complet avec début, milieu et fin en une vingtaine de pages. Sara Pichelli est créditée au dessin mais aussi Lorenzo Tammetta.



Ganymède de l'Archisorité apparaît dans l'Emporium et expose son cas à Wanda : ses "soeurs" ont toutes été massacrées par des Skrulls et elle est poursuivie par des Krees, désormais alliés aux premiers. Scarlet Witch l'emmène auprès de Hulking, qui consulte les archives de l'alliance et cible les coupables de ce massacre qu'il autorise à être punis...


Même si les deux dernières pages renvoient directement à ce qu'on découvrait à la toute fin de l'épisode 5 (et que je ne spoilerai donc pas), beaucoup, comme moi, se réjouiront sans doute de voir Scarlet Witch revenir à sa forme initiale avec un récit complet en vingt pages.


Ce format a particulièrement bien réussi au titre et est maîtrisé par Steve Orlando, scénariste qui semble avoir besoin d'un cadre précis pour produire avec qualité. D'autres seront peut-être moins contents avec cette formule, rare dans les comics actuels qui préfèrent feuilletonner par arcs.


En tout cas, quoi qu'on préfère, il est évident que Scarlet Witch fera partie des réussites lancées par Marvel en 2023. Alors que l'éditeur a exploité une manière de démarrer des séries avec des héros au trente-sixième dessous en espérant que le lecteur attendra assez longtemps pour connaître la raison de cette déchéance, ici on renoue avec un personnage qui en a bavé mais qui reprend sa vie en main.

C'est sans doute ce que Orlando a le mieux imposé : faire de Wanda Maximoff non plus une sorcière sujette à des crises cycliques la menant au bord de la folie (quand elle n'y sombrait pas corps et bien) mais une femme puissante qui s'est réconciliée avec elle-même et le monde qui l'entoure. Et avec un job de super-héroïne à plein temps ingénieux puisque, désormais, c'est elle qui vient en aide à ceux qui sont désespérés (une autre preuve de sa solidité psychologique reconquise).

Ce gimmick qui consiste à faire de chaque épisode l'enquête à résoudre du mois a quelque chose de très sympa : on sait que ça ne va pas prendre un temps fou à se régler ni à se lire, le scénariste est inspiré par son personnage principal, et pourtant il est impossible de prévoir où la série va aller.

Cette fois, Scarlet Witch va aider une guerrière traquée par des skrulls et des krees (qui sont désormais des alliés) et, pour ce faire, elle va s'adresser à son "fils", Wiccan (Billy Caplan), lui-même marié à Hulkling (Dorrek VIII, ex Theodore Altman, mi-skrull, mi-kree). L'histoire des fils de Scarlet Witch (outre Wiccan, il y a aussi Speed (Thomas Sheperd) a nourri la mythologie du personnage puisqu'elle les a réincarnés à partir des enfants qu'elle a eus avec Vision.

Ensuite ils ont fait partie des membres fondateurs de Young Avengers, puis Wiccan et Hulkling (lui-même fruit des amours du kree Captain Mar-Vell et de la princesse skrull Anelle) se sont mariés. Hulkling a unifié les skrulls et les kree dont il est désormais l'empereur. Ces qualités seront précieuses dans l'histoire de cet épisode, alimentant la tension dramatique puis dénouant l'affaire criminelle dans laquelle Ganymède est impliquée.

Le déroulement du récit est classique, ce qui le distingue, c'est l'intensité des réactions de Ganymède qui atterrit chez Wanda en se demandant si elle n'est pas une ennemie, qui continue à le croire quand elle est présentée à Hulkling (et que Wiccan est prêt à l'affronter). Orlando est doué pour caractériser tous les personnanges et en inventer à chaque épisode. On peut d'ailleurs noter qu'il en créé pratiquement à chaque fois et on peut alors se poser la question de savoir si on les reverra (il mentionne également Scythia, l'adversaire de Scarlet Witch dans les épisodes 4-5).

Visuellement, ce numéro est, disons, curieux et sujet à caution. Deux artistes sont crédités, dont Sara Pichelli, la dessinatrice des quatre premiers épisodes. Pourtant, je vais être franc, je n'ai pas réussi à reconnaître une seule planche de sa part (à part peut-être les deux dernières, mais sans garantie). Si c'est bien le cas, ça signifie que l'italienne a une nouvelle fois fait défaut à une série et là, ça commence à faire beaucoup. Depuis quand Pichelli a-t-elle produit plus de quatre épisodes d'affilée ?

C'est d'autant plus lamentable qu'elle affichait une bonne forme sur ses quatre numéros et on pouvait espérer que Scarlet Witch marquerait son vrai grand retour. Mais quand Russell Dauterman l'a suppléée au n°5, c'était déjà surprenant (même si ce fut un plaisir de relire du Dauterman sur un épisode entier). Et là, donc, elle partage l'affiche avec son compatriote Lorenzo Tammetta.

Je ne connaissais pas son travail, en me renseignant j'ai appris qu'il avait signé un numéro de Murderworld, puis de Nightcrawlers (pour l'event Sins of Sinister). Il est cependant évident qu'il a dessiné la majorité des planches de l'épisode (si ce n'est la totalité) car la manière dont sont réalisés les personnages, notamment au niveau de leurs visages, est différent de ce que fait Pichelli. Et ce n'est pas un reproche car Tammetta affiche une technique solide, une belle expressivité, et une narration dynamique. C'est bien simple : il arrive sur la série comme s'il l'avait déjà dessinée auparavant. Il n'y a rien à redire, c'est du très bon taf, et ma foi, si Pichelli n'est plus de la partie, Marvel lui aura trouvé un parfait remplaçant.

Le prochain épisode promet beaucoup et va certainement expliquer un gros mystère apparu à la fin du #5. De quoi ne pas lâcher Scarlet Witch de sitôt !

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