jeudi 13 avril 2023

GUARDIANS OF THE GALAXY #1, de Jackson Lanzing & Collin Kelly et Kev Walker


Deux ans après leur dernière série (pilotée par Al Ewing et Juann Cabal) et alors que le dernier volet de la trilogie que leur a consacrés James Gunn au cinéma est sur le point de sortir, Marvel relance Guardians of the Galaxy. Jackson Lanzing & Collin Kelly, les scénaristes qui montent chez l'éditeur, sont aux commandes de ce septième volume du titre, accompagnés au dessin par Kev Walker. Une reprise accrocheuse mais aussi très révélatrice de ce que produit la "maison des idées" actuellement...


Les Gardiens de la Galaxie (formés de Star-Lord, Gamora, Mantis, Nebula et Drax) évacuent la ville de Solitude sur la planète Galilée IV. La situation est tendue car l'endroit est menacée par l'arrivée d'une menace bien connue de héros : leur ami Groot a subi une effrayante transformation...


Le run de Al Ewing et Juann Cabal s'était achevé sur un sentiment d'inachevé, et Marvel a été sage de se donner du temps avant de relancer Guardians of the Galaxy, qui, depuis Brian Michael Bendis (qui, quoi qu'on en pense, en a fait un titre populaire), a accumulé des périodes peu convaincantes (à commencer par les épisodes désastreux de Donny Cates).


L'imminence de la sortie en salles de Guardians of the Galaxy vol. 3 de James Gunn (le 3 Mai en France) a donc motivé cette relance. Il s'agit quand même de la septième série de comics consacrée aux héros de l'espace, qui ont connu diverses compositions, et un vrai renouveau grâce à Dan Abnett et Andy Lanning.
 

Qui allait s'y coller cette fois, sinon les deux scénaristes qui montent chez Marvel ? J'ai nommé Jackson Lanzing et Collin Kelly, déjà aux manettes de Captain America : Sentinel of Liberty actuellement. Et leur approche en a dérouté plus d'un quand les previews ont circulé.

Car, dès la couverture (signée Marco Checchetto), l'ambiance faisait plus penser à un western qu'à un space opera. Avec son stetson et son long manteau, Star-Lord ressemble à un cowboy tandis que Mantis évoque une chanteuse de saloon. Drax, lui, est déguisé comme un néo-Conan. Vous remarquerez qu'on ne voit pas Rocket Raccoon : normal, il n'apparaît pas dans ce premier épisode (et les scénaristes entretiennent le mystère pour la suite).

Parfois ce genre de relooking extrême permet à une série de retrouver des couleurs et on espère que Lanzing et Kelly confirmeront les bonnes dispositions qu'ils affichent dans ce démarrage accrocheur. D'autant qu'ils sont soutenus par un dessinateur expérimenté, qui a déjà évolué dans ce registre (sur War of Kings et Realm of Kings, deux sagas à laquelle les Gardiens de la Galaxie prirent part du temps de Abnett et Lanning) et qui a pas mal roulé sa bosse sur d'autres titres ensuite (Avengers période Hickman, Doctor Strange version Waid...).

Je n'ai pas toujours été un grand fan de Kev Walker dont je trouvai le trait grossier, en particulier sur Avengers Arena (dont le pitch ne me plaisait pas davantage). Il n'évolue pas dans un style réaliste classique, il a une sensibilité plus proche d'artistes comme Chris Bachalo, Humberto Ramos et Mike Mignola dans la mesure où il ne cherche pas à flatter à tout prix l'oeil du lecteur et à rendre les personnages qu'il anime attrayants.

Mais il y a chez lui une indéniable énergie et, ce qui n'est pas négligeable, une régularité. Depuis Doctor Strange : Surgeon Supreme (écrit par Waid), il me semble qu'il a un peu simplifié son dessin pour le rendre plus lisible et efficace, tout en conservant son aspect anguleux et fouillé. Dans le cadre western donné à la série par Lanzing et Kelly, on pense aussi maintenant à l'influence de Jean "Moebius" Giraud et Jean-Claude Mézières, les deux artistes les plus marquants quand il s'agit de représentation de paysages empruntés à ce genre (de Blueberry à Valérian en passant par Arzach). Et pour ne rien gâcher, c'est Matt Hollingsworth qui colorise tout ça avec le brio qu'on lui connaît : le découpage direct de Walker permet à ce collaborateur aguerri de prouver à quel point sa palette est nuancée.

Néanmoins, sans jouer les rabat-joie, ce relaunch de Guardians of the Galaxy résume bien une tendance actuelle des comics Marvel. Déjà éprouvé sur Amazing Spider-Man par Zeb Wells et John Romita Jr. ou Invincible Iron Man de Gerry Duggan et Juan Frigeri, le principe est ici le même : on commence par renouer avec les héros dans une situation très différente et beaucoup plus dramatique que celle où on les avait laissés. Dans tous les cas, ce sont des personnages qui ont beaucoup, voire tout perdu, et qui ne vont pas bien, dont les relations avec les autres (leurs amis, leur famille, leurs partenaires) sont tendues.

On ignore ce qui s'est passé, comme ici quand un gamin demande ce qui est arrivé aux Gardiens. Et les auteurs gardent le mystère un certain temps, assez pour intriguer le lecteur, mais pas trop pour ne pas le lasser. Evidemment, ce procédé est risqué car si la raison pour laquelle les héros sont dans cet état n'est pas à la hauteur des attentes, la déception sera grande chez les fans. Ici, Lanzing et Kelly donnent déjà un début de réponse (avec ce qui est arrivé à Groot) mais sans entrer dans les détails (comment est-ce arrivé ? Et comment cela explique-t-il le climat tendu entre les Gardiens ? Et enfin où est Rocket Raccoon, le plus proche ami de Groot ?).

Cela distingue Marvel de DC, chez qui, actuellement, la mode consiste à produire des séries mettant en avant la luminosité, la positivité des héros, après Dark Crisis (et plus généralement des années d'histoires sombres). Marvel préfère miser sur des nouveaux départs mal engagés (comme ce qu'on appris récemment avec les Fantastic Four, bannis de New York) et donc raconter le parcours que devront effectuer les héros pour remonter la pente. Deux salles, deux ambiances donc. Mais l'avantage, c'est que, au moins, il y a le choix.

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