mercredi 5 avril 2023

FABLES #158, de Bill Willingham et Mark Buckingham


Depuis la mi-Janvier dernier, on n'avait plus lu de nouvel épisode de Fables, mais la série est de retour pour la huitième partie (sur douze) de la saga de la Forêt Noire. Ce qu'il y a de bien avec le scénario de Bill Willingham, c'est qu'on n'est jamais perdu, et c'est pareil avec le dessin de Mark Buckingham. Cette suite à Fables ne restera peut-être pas dans les annales, mais demeure agréable et facile à lire, avec en vue un dénouement qui se précise.


Peter Pan entreprend de conquérir la Forêt Noire et envoie la fée Clochette en éclaireur pour connaître les menaces qui rôdent. Gwen/GreenJack revient elle aussi dans la Forêt et cela signifie que son ennemi s'y trouve. Tandis que Connor Wolf est pourchassé par Pan, Bigby découvre plusieurs crimes parmi les animaux du coin et Herne entend bien châtier le coupable...


La fin approchant, il est opportun de s'interroger sur la pertinence du retour de Fables dix ans après que Bill Willingham avait affirmé en avoir fini avec cet univers et ces personnages. On peut, je crois, affirmer sans se tromper que cette addition ne rajoutera rien d'essentiel à la série, mais cependant ça aura été une chouette lecture.


Personne n'a forcé le scénariste à ajouter un arc narratif à sa série, s'il y est revenu, c'est pour le plaisir -et parce que, reconnaissons-le, depuis, il n'a pas été capable de produire une série aussi populaire. A côté des autres projets développés au sein du DC Black Label, Fables fait figure de relique d'un lointain passé, un vestige de l'ère Vertigo.


Si vous n'avez jamais lu Fables, cela reste acceptablement accessible, et en même temps, grâce à la collection Urban Nomad de Urban Comics, désormais, personne n'a d'excuse pour passer à côté puisque l'intégralité de la première série est réédité dans des albums consistants petit format moyennant moins de 10 Euros.

Evidemment, ayant été un lecteur de la première heure, je suis mal placé pour conseiller la lecture de la saga de la Forêt Noire, mais il me paraît assez facile de plonger dedans sans difficultés pour identifier les protagonistes et saisir les enjeux. En dehors de la famille Wolf (Bigby, Blanche Neige, leurs quatre enfants, et Cendrillon), tout le reste est nouveau.

Est-ce bon toutefois ? Comme je l'écris plus haut, cette nouvelle histoire qu'on n'attendait pas n'ajoute rien de crucial aux 150 premiers épisodes déjà publiés. On peut encore être surpris puisqu'il reste quatre épisodes à paraître et Willingham a prouvé par le passé qu'il n'était pas du genre à épargner des personnages chers au coeur des fans, mais je n'ai pas l'impression qu'on s'achemine vers une terminaison trop tragique.

En revanche, ce qu'il fait de Peter Pan est clairement une revanche sur les plans qu'il avait échafaudés au tout début de Fables, puisque, pour des raisons de droits sur le personnage imaginé par James Barrie, il n'avait pu en faire le vilain et s'était rabattu, très efficacement, sur Gepetto. Avec ce #158, Peter Pan se montre particulièrement antipathique et ses desseins sont sinistres à souhait.

Mais dans le même temps, alors que jusque-là, on avait du mal à voir où voulait en venir Willingham avec GreenJack et Herne, on découvre comment les rôles sont distribués. Je ne suis pas certain que cela méritait un récit en douze épisodes, mais c'est à la fin qu'on fera les comptes.

Et puis il y a Mark Buckingham. C'est sans doute sa "faute" si Fables a pris du retard puisque, en même temps, l'artiste travaille sur Miracleman : The Silver Age (écrit par Nail Gaiman), publié, après bien des reports, par Marvel (là aussi, l'éditeur du titre en vf, Panini Comics, a pensé aux retardataires puisqu'un premier Omnibus va paraître, avec les épisodes d'Alan Moore - peut-être l'occasion pour moi de vraiment m'y mettre car, oui, à ma grande honte, je n'ai jamais lu Miracleman).

Revenons à Buckingham : j'aime beaucoup ce dessinateur, vous ne me lirez jamais en train d'en dire du mal, et s'il n'avait pas été de la partie, je n'aurais certainement pas lu ce retour de Fables. Bien qu'il n'ait pas illustré la série à ses débuts (il n'a commencé qu'au second arc, et devait ensuite alterner avec Lan Medina, mais s'est imposé comme le titulaire à son poste), sa régularité et la qualité de son ouvrage font complètement partie du succès du titre.

Buckingham est un faux simple : quand on lit ses planches, ça va vite car le découpage est très basique, jamais plus de quatre cases par page. Mais il ne faut pas prendre ça pour de la facilité ou de la paresse car tout est détaillé, d'une remarquable fluidité aussi, avec un talent imparable pour caractériser les personnages (humains ou animaux), les animer (avec leurs pouvoirs), et les positionner dans des décors fouillés. C'est pour cela qu'on lui pardonne ses retards car on est sûr de la stabilité de son trait.

Rendez-vous dans un mois pour la suite, qui s'annonce pour le moins piquante.
 
Variant cover de Mark Buckingham

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