mercredi 18 janvier 2023

NIGHTWING #100, de Tom Taylor, Bruno Redondo, Rick Leonardi, Mikel Janin, Scott McDaniel, Eddy Barrows, et Javier Fernandez


100 numéros, 50 pages : voici le programme pour cet épisode anniversaire de Nightwing période DC Rebirth. Tom Taylor, disons-le tout de suite, ne s'est pas raté et livre une superbe copie, bourrée d'action, de guests, d'émotion aussi. Il est accompagné par Bruno Redondo bien sûr, mais aussi Rick Leonardi, Scott McDaniel, Mikel Janin, Eddy Barrows et Javier Fernandez, qui ont tous dessiné à un moment les aventures de Dick Grayson sont également de la fête.


POur ce genre d'occasion, j'ai tendance à croire qu'il ne faut pas chercher à charger la barque et proposer quelque chose de simple mais jubilatoire qui comblera le fan, un super épisode divertissant, qui tourne une page et en ouvre une nouvelle.


Donc, le scénario est sobre : Heartless attaque la prison de Blüdhaven et en libère les détenus, parmi lesquels se trouvent KGBeast (qui avait blessé lourdement Nightwing) et Tony Zucco (voir #99). Nightwing se rend sur place, bientôt aidé par les Titans...


L'action se déroule en temps réeel sur les 3/4 de l'épisode avec cette grande évasion et la pagaille qui s'ensuit. Nightwing atterrit au beau milieu de la fuite des détenus et en convainc certains de l'aider plutôt que d'aggraver leur cas en soutenant un tueur comme Heartless.
 

Puis les Titans (Starfire, Cyborg, Raven, Flash, Donna Troy, Beast Boy) arrivent pour prêter main forte à leur ami. Nightwing peut alors se concentrer sur Heartless et Tony Zucco... Plus tard, Superman et Wonder Woman viendront lui faire une offre. Puis il aura une discussion poignante avec Batman. Et enfin, en compagnie de Barbara Gordon et Melinda Zucco, il sera temps de réfléchir à l'avenir...


J'ai beaucoup aimé ce qu'a écrit Tom Taylor pour ce ° 100. Le scénariste a parfaitemetn sur cerner les objectifs de cet épisode spécial et a voulu contenter les fans. D'une certaine manière, il est revenu à ses fondamentaux, ceux qui lui avaient si bien réussi au début de son run, en mixant humour, action, émotion, espoir.


Le défi était délicat car il fallait produire une cinquantaine de pages, plus du double d'un épisode normal, sans qu'on sente qu'il s'agissait de remplissage, de pages gratuites. Bien entendu, les artistes conviés à la fête ont le loisir de se faire plaisir, disposant entre autres chacun d'une splash page mettant en valeur les qualités acrobatiques de Nightwing. Mais pas que.

En effet, par la suite, l'épisode leur fournit le moyen de prouver leurs qualités de narrateur graphique, chacun à leur façon, et ça, c'est vraiment cool. Ils sont venus, ils sont (presque) tous là - il ne manque guère en fait que le regretté George Pérez, qui, le premier, dessina Dick Grayson en Nightwing dans les pages de New Teen Titans, designant son changement de look, et affrimant son émancipation vis-à-vis de Batman. On pourra d'ailleurs regretter que DC n'ait pas pensé à saluer Pérez d'une manière ou d'une autre  (même si je crois qu'une variant cover de l'épisode reprenant un dessin de l'artiste est dispo).

Concrétement, Bruno Redondo dessine les pages 1 à 5, puis 17, 24-25, 37 à 49. Rick Leonardi lui emboîte le pas pour les pages 6 à 11, 13-14. Mikel Janin n'a droit qu'à la page 12 (sans doute par manque de temps car il est déjà occupé par Justice Society of America actuellement, et peut-être aussi parce qu'il est le seul à n'avoir pas dessiné Nightwing à proprement parler mais Grayson, dans l'excellent titre écrit par Tim Seeley et Tom King). 

Eddy Barrows (qui avait relooké le personnage pour les New 52 et signé les premiers épisodes de la série à l'époque) dessine les pages 15, 26 à 30. Javier Fernandez (qui avait débuté la série période Rebirth) se charge des planches 16, puis 31 à 36 (on saluera la performance car Fernandez illustre désormais King Spawn mais a fait l'effort de se libérer pour ce n°). Enfin Scott McDaniel livre la page 18.

C'est un quasi sans faute, parce que je n'aime pas le style de McDaniel et que je regrette tellement le temps où Leonardi avait un encreur (particulièrement Terry Austin). Mais sinon, c'est un festin. Redondo est dans une forme  étincelante. J'aurai bien aimé plus de Janin mais je comprends qu'il n'a pas pu produire plus. Et quelle joie de revoir Javier Fernandez et Eddy Barrows.

Le spectacle est total pour cette très grande séquence suivant l'attaque de la prison. Le rythme est trépidant, Taylor laisse parler ses artistes en leur donnant du biscuit. L'entrée en scène des Titans est jouissive.

L'épisode fait ensuite le pont entre ce qu'on vient de lire et les conséquences de Dark Crisis (on Infinite Earths), au terme de laquelle la Justice League décide de prendre du champ pour réfléchir à de nouvelles méthodes d'action. Bien entendu DC relaunchera Justice League tôt ou tard, mais peut-être pas en 2023 où l'éditeur veut visiblement tenter quelque chose en rupture avec l'ère Dawn of DC et de nouveaux titres lancés pour tester le lectorat. N'empêche, c'est couillu de se priver d'un titre aussi emblématique, comme si Marvel suspendait sans date de retour Avengers.

Je ne spoile rien en révélant que les Titans vont donc devenir la nouvelle équipe en première ligne : Tom Taylor a été le premier à teaser cela depuis des mois en multipliant les apparitions en guest-stars de membre du groupe dans les pages de Nightwing (quand ils n'étiaent pas tous réunis). Et sans Justice League, qui d'autre pour assurer l'intérim ? Justice Society of America de Johns a une histoire en parallèle, qui n'est pas connectée au statu quo post-Dark Crisis

Il y a quelque chose d'évident dans cette situation que Taylor a largement contribué à préparer. Cela montre aussi que DC fonctionne différemment de Marvel, toujours très partisan de l'univers partagé, de l'interconnection des séries (même si c'est moins fréquent qu'à une certaine époque où les events obligeaient quasi tout le monde à être au diapason). On a le sentiment qu'aactuellement chacun vit sa vie et que ceux qui veulent s'aligner sur le dernier event le choisissent. Par exemple, Batman par Zdarsky s'en fiche (mais c'est Batman, il fait ce qu'il veut). Taylor, lui, a vraiment voulu profiter de Dark Crisis pour établir une nouvelle étape pour Nightwing. Et on sait que Joshua Williamson va faire revenir Green Arrow dans une mini-série en Avril à partir de ce qui est arrivé à Oliver Queen dans Dark Crisis.

Ce qu'on peut trouver plus aléatoire, c'est à quel point tout ça est raccord avec l'historique des personnages. Durant Rebirth, Nightwing, dans la série Titans, avait dissous son équipe à la demande de la Justice League... Et maintenant il la reforme à la demande de la Justice League. C'est un peu embarrassant car Superman, Wonder Woman et Batman lui demandent de le faire en lui jurant qu'ils ont confiance en lui plus qu'en quiconque... Après avoir été beaucoup moins flatteurs auparavant. Et sans tenir compte du fait que Nightwing est déjà bien occupé avec ce qui se passe à Blüdhaven.

A ce petit jeu, Dick Grayson passe davantage pour le gentil garçon qui ne sait pas dire "non", qui veut toujours faire plaisir, que comme un leader qui a vraiment les clés, vraiment le choix. Et donc la décision de repartir avec les Titans apparaît un brin facile alors que Dick pourrait simplement former une nouvelle Justice League, avec quelques Titans, mais aussi des héros expérimentés, plus puissants que ses copains (même si les Titans ne sont pas des demi-portions à ce niveau-là). Je ne peux pas m'empêcher de comparer ça avec les New Mutants, que Claremont avait introduit avec le projet de remplacer à terme les X-Men, d'en faire une nouvelle génération de X-Men, reléguant donc Wolverine, Cyclope et compagnie comme eux-mêmes avaient succédé aux cinq premiers élèves du Pr. X. Cela n'arriva jamais, la popularité de l'équipe née en 75 étant devenu trop grande, et les New Mutants sont restés à jamais ce groupe de jeunes mutants dans l'antichambre. Les Titans, c'est pareil : ils ne seront jamais la nouvelle Justice League, toujours les remplaçants et c'est ce qu'on voit encore ici.

Pour en finir sur ce sujet, DC pas plus qu'un retour de la série Justice League n'a annoncé une nouvelle série Titans, donc tout ça va rester cantonné aux pages de Nightwing, un titre sur un héros solo mais entouré d'une équipe. Etrange statut. Pour combien de temps ? A suivre.

Toutefois, je ne veux pas paraître grognon et dire que ça a gâché mon plaisir de lecture. Ce n° 100 est vraiment très bon, avec une dynamique impeccable. Les questions qu'il pose sont plus périphériques que narratives. Visuellement, c'est top, et Taylor a été vraiment bien inspiré. Est-ce que je vais replonger ? Je ne sais pas. C'est tentant, d'autant que le prochain arc sera dessiné par Travis Moore, une valeur sûre (même s'il n'ira certainement pas au-delà de quatre-cinq épisodes - depuis Javier Fernandez, Nightwing manque vraiment d'un artiste capable de faire davantage, et c'est vraiment triste quand on sait que, par exemple, Immonen dessine si peu en ce moment - imaginez Immonen sur Nightwing...). Le plus probable, c'est que je vais attendre quelque temps, voir ce que vaut le prochain arc, et s'il est bon, j'en ferai une critique.

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