jeudi 22 décembre 2022

BATMAN VS. ROBIN #4, de Mark Waid, Mahmud Asrar et Scott Godlewski


Prévu pour être son dernier épisode, la mini-série Batman Vs. Robin s'est transformée en prologue king-size pour l'event Lazarus Planet, qui sera également écrit par Mark Waid (avec la complicité de Gene Luen Yang). Il ne s'agit donc pas du dénouement de cette histoire et cela peut être friustrant. Au dessin, Mahmud Asrar se partage le boulot avec Scott Godlewski une fois encore.


Epuisé et blessé après avoir affronté Red Robin, Red Hood, Spoiler et Nightwing, Batman doit encore se battre contre son propre fils, Damian, sous les yeux de Nezha et Mother Soul.


Nezha en profite pour s'emparer du casque du Dr. Fate mais au moment de le coiffer, Talia Al Ghul, préalablement libérée par Batman, l'en empêche. Batman récupère le casque et le met sur son crâne.


Batman libère de l'emprise de Nezha tous ceux qui sont sur l'île puis affronte le démon. Mother Soul tente de s'échapper mais Talia la pousse au fond d'un puits sans que Damian ne puisse l'empêcher.


Nezah prend l'ascendant sur Batman, qui maîtrise mal la magie de Fate. Mais en voulant récupérer le casque de ce dernier, le démon le brise et les morceaux tombent dans le puits de Lazare.


Zhu Bajie et Black Alice ordonnent à Batman, Damian et Talia d'évacuer l'île de Lazare car le casque de Fate plongé dans le puits provoque une éruption volcanique...

Dès le mois prochain donc débutera l'event Lazarus Planet dont voici la checklist :


Ce récit qui engage plusieurs séries se concluera en Février, peu après la parution de Batman Vs. Robin #5. Après quelque hésistation, j'ai décidé de zapper cet event qui m'obligeait à acheter des épisodes de séries que je ne suis pas/plus et dont le ressort dramatique ne m'intéresse guère. De ce que j'en ai compris, il s'agira de montrer les conséquences de l'éruption volcanique sur l'île de Lazare à laquelle on assiste à la fin de ce quatrième numéro de Batman Vs. Robin et qui va toucher plusieurs personnages à cause du mélange produit par la destruction du casque du Dr. Fate et du liquide résineux du puits de Lazare.

Il faut dire que je n'avais pas "signé" pour ça au départ, croyant, comme DC l'avait vendu, que Batman Vs. Robin serait une mini-série auto-contenue, découlant de sévénements relatés dans le premier arc de Batman - Superman : World's Finest par Mark Waid et Dan Mora. Ou peut-être ai-je mal lu ? 

Si Mark Waid a, visiblement, développé son intrigue pour aboutir à un event, qu'il co-signera avec Gene Luen Yang (scénariste de la série Prince Monkey, un personnage qui semble avoir un rôle majeur dans Lazarus Planet), je regrette quand même que cela ait pris de telles proportions.

Mais surtout, ne nous voilons pas la face, Batman Vs. Robin n'a pas pas tenu ses promesses. Le postulat initial, l'affrontement entre Bruce Wayne et son fils qui est sous l'emprise du démon Nezah qu'il a libéré de sa prison, s'est avéré décevant. La format de la mini-série, avec ses épisodes de 50 pages, manque de concision et de punch, comme si Waid avait mésestimé la longueur de son histoire.

L'idée de faire revenir Nezha était programmé dès la fin du premier arc de World's Finest et comme c'est un méchant qui ne manque pas de charisme ni de dangerosité, pourquoi pas ? Mais le récit engage Batman dans une aventure pleine de magie où il paraît en constant décalage et où Nezha domine trop facilement tous les magiciens expérimentés du DCU. Comment croire par exemple que la Justice League Dark ait été aussi rapidement neutralisée ?

Quand au duel entre Bruce et Damian, il n'aura pas eu vraiment lieu avant ce quatrième épisode. Et même là, il lui manque cette intensité nécessaire pour nous faire vibrer. Même épuisé et blessé par ces combats précédents contre Red Robin, Spoiler, Red Hood et Nightwing, on a du mal à croire que Batman soit aussi malmené par son rejeton, certes très bien entraîné. Le renfort de Talia Al Ghul est également trop providentiel. Quant à l'autre méchante de l'affaire, la grand-mère Al Ghul, Mother Soul, elle peine à exister dans tout ça (sauf pour ceux qui ont fait sa connaissance dans la série Robin de Joshua Williamson, Gleb Melnikov et Riger Cruz).

C'est tout le souci de cette histoire qui se veut ambitieuse mais qui sert surtout de rampe de lancement à la vraie saga, au plat de résistance que constituera Lazarus Planet. Or, ça fait un moment que DC promet un event magique (déjà suggéré lors du run de James Tynion IV et Alvaro Martinez sur Justice League Dark) sans qu'on ait rien vu arriver. Et maintenant que le voilà, il fait "pschiit !". On voit bien qu'à force de mettre Batman partout, des limites apparaissent et c'est le cas ici.

L'autre déception de Batman Vs. Robin concerne sa partie graphique. Quand j'ai su que Mahmud Asrar arrivait pour s'associer à Mark Waid, j'étaix excité. Mais Asrar a failli : sa version de Batman n'apporte rien au personnage, comme si le dessinateur turc était trop impressionné par l'icone. Certes, ses pages conservent une belle efficacité, mais loin de ce qu'il a produit de meilleur. Er la coloriste Jordie Bellaire n'a pas semblé plus inspirée.

Plus étonnant, Asrar, qui est un modèle de régularité, paraît avoir lui aussi sous-estimé le format du projet dans la mesure où il lui a fallu du renfort pour compléter les deux derniers épisodes. DC a sollicité Scott Godlewski, qui n'est pas un manche, mais dont le trait s'est considérablement trop lissé depuis ses débuts si prometteurs (sur la série Copperhead de Jay Faerber). Aujourd'hui, Godlewski est loin de Sean Murphy à qui il faisait un peu penser.

Si pour le troisième numéro, Asrar assurait la majorité des dessins, cette fois, sans compter précisément, il ne doit plus réaliser que la moitié des cinquante planches de l'épisode. Plus surprenant : il a laissé les meilleurs morceaux à Godlewski, c'est-à-dire les bastons. On a le sentiment très net que Asrar s'est désintéressé de l'ensemble - à moins que sa baisse de régime n'ait été causé par des causes extérieures (maladie temporaire ?). Je ne veux pas l'accabler mais c'est tout de même très frustrant parce qu'on n'a pas autant d'Asrar que promis.

Je lirai et rédigerai une critique de Batman Vs. Robin #5 quand il sortira en Février prochain, en espérant ne pas être trop largué par ce qui se sera passé entre temps dans Lazarus Planet (mais je fais confiance à Waid). Néanmoins, je doute que, quelle que soit la fin, elle sauve les meubles.

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