mercredi 23 novembre 2022

SHE-HULK #8, de Rainbow Rowell et Takeshi Miyazawa


She-Hulk #8 est sorti la semaine dernière mais j'ai tardé à le critiquer parce que... Comment dire ?... C'est nul. C'en est même gênant. Non pas que jusqu'à présent, la série ait atteint des sommets mais c'était sympathique à lire, reposant entre deux titres exigeants. Mais là, comment Rainbow Rowell a-t-elle pu croire que ça fonctionnerait ? Luca Maresca absent, il est remplacé par Takeshi Miyazawa, non sans talent. Mais c'est tout ce qu'il y a de bien ici.


Mark et April Booth étaient des bi-ingénieurs étudiant ce qui avait trasformé Bruce Banner puis Jennifer Walters en Hulk.


Leur objectif était de répliquer cette transformation en l'expérimentant sur eux-mêmes. Il analysèrent ainsi les différents Hulks et dérobèrent un échantillon du sang du premier conservé par Tony Stark.
 

Ayant, entre temps, collecté des fonds pour leurs recherches, ils synthétisèrent une nouvelle formule et se l'injectèrent. D'abord avec succès. Puis rapidement tout dégénèra.


Colosse au Q.I. d'un enfant, Mark dépendait de April, devenue naine mais ayant conservé ses facultés intellectuelles. Et résolue à pièger She-Hulk pour trouver une solution à leur état...

Il était prévisible après la fin du précédent épisode où Mark et April ont piégé She-Hulk que Rainbow Rowell allait nous en dire plus sur ce couple très bizarre et donc ce huitième numéro de la série est une origin story en bonne et due forme.

Pourtant, dès le début, on sent que ça ne va pas fonctionner. Pourquoi ? Parce que, il faut bien l'avouer, l'objectif de Mark et April est complètement con. Vous avez déjà lu une histoire où des personnages tentaient d'obtenir les pouvoirs de Hulk et qui finissait bien ? Non. Et pour cause : qui voudrait être Hulk, ce personnage aussi surpuissant qu'incontrôlable.

Donc, oui, ces deux savants amoureux qu'on nous présente sont de parfaits abrutis, arrogants comme seuls le sont ceux qui se croient capables de réussir là où tout le monde a échoué avant eux. Leurs motivations pour devenir des Hulks sont stupides et le résultat est donc couru d'avance. Ce sera un échec que Rainbow Rowell rend particulièrement grotesque, ce qui n'arrange rien puisque ça rend le couple encore plus stupide alors que la scénariste voulait visiblement nous les rendre dangereux.

Rowell ne recule devant ânerie et elle veut nous faire croire que ces deux idiots réussissent à dérober un échantillon sanguin de Hulk chez Tony Stark comme ça, sans se faire prendre. Elle veut aussi nous convaincre qu'ils obtiennent des fonds pour leurs recherches sans plus de difficultés. Et n'oublions pas, en étant au départ des bio-ingénieurs... N'aurait-il pas été plus simple, logique d'ne faire des généticiens ? Apparemment bio-ingénieurs sonne mieux. Je sais pas.

Le plus étonnant dans cette affaire, c'est que ça prend quand même une vingtaine de pages à Rainbow Rowell pour nous raconter ça. On fait souvent le procès des scénaristes adeptes de la narration décompressée en les accusant de rallonger artificiellement leurs récits. Mais c'est plus mou que vraiment décompressé. Le découpage écrit est ostensiblement très léger et laisse au dessinateur une bonne marge de manoeuvre pour que tout ça tienne en vingt pages.

L'apparence finale de Mark et April est une autre énigme car on n'a jamais vu expériecne aussi ratée pour acquérir les pouvoirs de Hulk aboutir à pareilles bizarreries, avec d'un côté un colosse neuneu et de l'autre une naine avec une tête énorme. C'est un peu comme si on était face à Bizarro (sans le côté rigolo) et le Leader au féminin (mais bine moins maline et sans être devenue verte).

Ce naufrage est affligeant. She-Hulk sur ses sept premiers épisodes n'était certes pas renversant, mais bon, ça se lisait, c'était sympa, inoffensif et bien dessiné. L'entreprise était très opportuniste de la part de Marvel qui voulait profiter de la série She-Hulk : avocate sur Disney + pour redonner un couo de projecteur sur Jennifer Walters, redevenue plus abordable après des années à être massacrée par Jason Aaron dans ses Avengers. Mais la série Disney + a été une des pires produites par la plateforme de streaming et ce comic-book suit la même pente.

Surtout on se demande quel est le plan derrière ça ? J'ai d'abord pensé que Mark et April étaient derrière la régression des pouvoirs du Valet de Coeur (il est possible que ça reste le cas, mais j'en suis moins convaincu). Finalement, c'est une fausse piste (quoique, sait-on jamais). En tout cas, c'est trop fumeux pour satisfaire. Et cet épisode est vraiment accablant pour que la série s'en relève. C'est l'épisode "jumping the shark" par excellence. Comment la brillante auteur de Moon Girl and Devil Dinosaur a-t-elle pu commettre ce machin ?

Comme les emmerdes volent en escadrille, Luca Maresca est absent (le dessinateur va être très occupé dans les mois qui viennent puisqu'il dessinera deux séries mensuelles !). C'est pourtant un très bon fill-in artist qui le remplace avec Takeshi Miyazawa. Ce dernier avait notamment supplée Adrian Alphona sur Ms. Marvel et on peut apprécier ses dessins sur sa page FB (même si ça fait un moment qu'il n'en a pas posté).

Miyazawa se débrouille bien mais il ne peut pas sauver cet épisode de la catatrophe. On sent qu'il n'a pas eu un script bien fourni et il doit donc se débrouiller avec le peu dont il dispose. Ou plus pragmatiquement il n'a pas eu envie de se forcer. Mark et April sont des individus très génériques, sans charisme. Comme leurs apparences post-opération a été établie par Maresca, Miyazawa se contente de suivre le guide. C'est très plat, très insipide. Mais je ne lui en veux pas : franchement, qui aurait envie de dessiner un machin pareil ?

J'en profite quand même pour rajouter que Jen Bartel, qui a pourtant du talent, a gagné un Eisner award comme meilleure cover artist. Sans être méchant, on peut se demander ce qui a motivé les votants à l'honorer quand on observe la banalité des illustrations de couvertures pour She-Hulk alors qu'en face d'elle il y avait par exemple Julian Totino Tedesco, dont chaque image est géniale, quel que soit le titre.

Honnêtement, je doute de rédiger la critique du prochain numéro de She-Hulk car celui-ci m'a achevé. Je n'étais pas tellement captivé jusque-là mais j'appréciai la série parce qu'elle m'offrait un moment de détente. Mais après ça...

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