mercredi 16 novembre 2022

BATMAN - SUPERMAN : WORLD'S FINEST #9, de Mark Waid et Dan Mora


Quand les nouveautés de la semaine démarrent avec un nouveau numéro de Batman -Superman : World's Finest, ça me donne la pêche. Je sais que ça va être bon, et que ça me motivera même pour des séries moins potentiellement moins bonnes. Parce que c'est la magie de ce titre, grâce à Mark Waid et Dan Mora, on sait que la qualité est au rendez-vous. Ce neuvième épisode en apporte une nouvelle preuve.


Gotham. Batman prend Boy Thunder sous son âile pour l'entraîner dans d'autres conditions que celles fournies par Superman. Mais le garçon a du mal avec les méthodes du dark knight.


Lorsque Superman et Flash interviennent pour sauver des marins dans le Golfe de Guinée, les Teen Titans s'occupent des pirates qui les ont mis à l'eau. Et Boy Thinder perd à nouveau ses nerfs.


Superman éloigne le garçon qui se confie sur la mort de ses parents et la destruction de son monde. Pour ne pas y avoir cru, il a endommagé leur vaisseau et porte ce poids sur la conscience.


Gotham. Le Joker et la Clé ont trouvé un moyen de noyer la ville. Batman intervient, vite aidé par Superman. Mais le Joker en profite pour kidnapper Boy Thunder...

Je comprendrais très bien si vous zappiez cette critique (même si ça froisserait mon amour-propre) car je vais, encore, dire du bien de Batman - Superman : World's Finest. Neuf mois que cette série a commencé, neuf épisodes, zéro faute. Une sorte de performance, presque d'anomalie dans le cadre des séries mainstream où on n'est pas habitué à une telle constance dans la régularité.

Sur le fond d'abord, Mark Waid a semé des indices sur ce personnage inédit, ontroduit rétroactivement, le Boy Thunder, David Sikela. Le scénariste réécrit un peu les origines de Superman avec ce gosse rescapé d'un monde détruit et orphelin, atterri sur Terre et découvrant que notre monde le dote de pouvoirs.

Mais très vite Waid nous a fait douter : la puissance de Boy Thunder, son caractère impulsif, sa difficulté à maîtriser son pouvoir, semblaient cacher quelque chose de plus trouble. Wonder Girl l'a senti et en avisé Robin. Supergirl a tenté de le réconforter tandis que des images du passé de David indiquait que quelque chose de curieux s'était passé.

Et maintenant, on sait qu'effectivement ce survivant n'est pas un innocent. Ce n'est pas un criminel non plus, une graine de vilain, mais il a commis une faute lourde de conséquences et il est rongé par la culpabilité. Ce qui explique ses maladresses, son desir de trop bien faire, de protéger à n'importe quel prix ceux qui l'aident désormais. Et quand on voit dans les grffes de qui il tombe à la fin de l'épisode, on peut craindre pour la suite.

Sur la forme ensuite, chaque planche de Batman -Superman : World's Finest réconcliera quiconque est un peu chiffon avec les comics de super-héros avec le genre. Il y a dans les dessins de Dan Mora une sorte de bonne humeur communicative. Les couleurs vives de Tamra Bonvillain se marient parfaitement à cela en donnant à la série une esthétique dynamique, positive.

Mora est une bête de travail : il fait des couvertures un peu partout, il aligne les planches, il a une narration énergique - tout respire la santé chez ce garçon qui a l'air de faire tout ça sans effort, avec une facilité qui serait insolente si elle n'était pas d'abord et avant tout euphorisante. Grâce à lui, cette série est un véritable anti-dépresseur, ce qui n'a pas de prix par les temps qui courent.

On pourrait s'arrêter là eou continuer la liste des compliments, en soulignant tel passage (l'apparition de Flash) ou tel autre (le sauvetage de Gotham par Superman). En vérité, on pourrait écrire sur chaque page et en tresser les louanges car tout est impeccable, c'est merveilleusement écrit, classique, efficace, divinement dessiné, lisible, avec un swing de folie.

Mais au fond, ce serait trop facile et ça n'expliquerait pas pourquoi c'est si bien, pourquoi c'est si bon. Alors il faut pointer ce que beaucoup de commentateurs oublient, par manque de volonté, ou de vocabulaire, et je le dis sans condescendance. Je ne prétends pas être un infaillible expert dont les analyses sont chavirantes.

Il ne s'agit jamais d'impressionner ceux qui lisent des critiques pour qu'ils se fassent un avis. J'écris non pas pour affirmet que ce que je j'aime est indispensable et ce que je n'aime pas est à jeter. C'est facile de dire ce qui ne va pas dans un comic-book et de se laisser aller, de flirter avec la méchanceté, la mesquinerie, de règler des comptes avec des auteurs qui, d'ailleurs, ne savent pas qui je suis.

Mais c'est moins simple de dire ce qui va. Les trains qui arrivent à l'heure, qui ça intéresse ? Alors, restons simple et écrivons ceci : Batman -Superman : World's Finest est bon parce que c'est une série qui prouve, rappelle ce qu'est un bon comic-book. C'est un scénariste (qui aime et maîtrise ses personnages, qui bâtit une histoire solide qui avance en ne donnant pas tout tout de suite au lecteur, qui distille des bonus pour le fun) ET c'est un dessinateur (qui est compétent, discipliné, qui sert le script plutôt que sa pomme, qui améliore l'histoire par ses images). 

Lapalissade ? Peut-être. Mais du genre qu'il est toujours bon de rappeler. Comme il faut écrire des critiques en n'oubliant ni le scénariste ni, encore moins, le dessinateur. Une BD, ce n'est pas que celui qui l'écrit. Ce n'est pas non plus que celui qui la dessine. C'est le deux. Retirez ou oubliez un des deux, et vous ne parlez que de la moitié de ce que vous avez lu. Vous ne voyez que la moitié de ce qui vous plaît.

Et, en prime, ce qui est peut-être le plus fort ici, c'est que comme World's Finest est à la fois la série de Batman et Superman, alors c'est à la fois la série de Waid et Mora. Si vous aimez cette série pour ses deux héros ensemble, alors vous devez vous rappeleer que deux auteurs la font. Batman n'est jamais si bon qu'avec Superman. Waid est bon car Mora l'est et vice-versa. 

Voilà pouquoi j'aime tant cette série : parce que, au fond, son titre traduit ceux qui la font. C'est comme regarder un autoportrait - même si Waid et Mora n'oserait sûrement pas se comparer à leurs héros, ils sont pour moi, actuellement, les Word's Finest.

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