vendredi 28 octobre 2022

X-TERMINATORS #2, de Leah Williams et Carlos Gomez


"Ce livre est joyeusement stupide" ("This Book is gleefully stupid") : c'est pas moi qui le dis, c'est le titre de cet épisode et donc Leah Williams, sa scénariste, qui avertit. Mais c'est aussi pour ça que c'est si bon de lire X-Terminators, qui se distingue par son culot. Carlos Gomez s'amuse beaucoup lui aussi avec ces quatre jolies mutantes face à des vampires retors.


Dazzler, Jubilé et Boom-Boom trouvent Wolverine (Laura Kinney) dans une arène. Elle leur révèle être là à tuer des vampires depuis deux jours. Et que Alex, l'ex de Dazzler, est derrière tout ça.


Alex, justement, se réjouit d'observer, depuis sa cabine en tribune, le désarroi des quatre mutantes. Mais son père, Xarus, lui-même fils de Dracula, le somme d'en finir rapidement avec elles.


Pour ce faire, il a préparé un piège diabolique : Wolverine et Dazzler d'un côté, Jubilé et Boom-Boom de l'autre sont enfermées dans des cages de verre dont les reflets prennent vie et les attaquent.


Seule solution pour sortir de là : se bander les yeux et se réunir. Mais Alex a tout prévu et lâche de nouveaux assaillants sur ses captives...

On rigole rarement chez les mutants dont, à l'origine, Stan Lee a voulu faire une métaphore des minorités opprimés par les autorités. Depuis soixante ans, les X-Men sont donc des persécutés qui s'emploient, malgré la haine qu'on leur voue, à quand même défendre les humains en espérant qu'ainsi ils se feront accepter d'eux.

Cet état de fait n'a que rarement été discuté par les auteurs chargés de développer l'idée de Stan Lee, comme si une chape de plomb écrasait le concept même des mutants. Il ne faut pas plaisanter avec eux, ni même les décrire comme des individus capables d'être heureux, ça gâcherait le concept.

Pourtant, quand des scénaristes et dessianteurs inspirés ont pris quand même le parti de rigoler avec des mutants, ce fut de grandes réussites : qu'on songe à Excalibur première époque, par Chris Claremont et Alan Davis et son humour british, puis plus tard X-Statix de Peter Milligan et Mike Allred tout aussi foutraque.

Aujourd'hui, malgré le changement de statu quo établi depuis la refondation des titres X par Jonathan Hickman, qui a fait des mutants de nouveaux dieux refusant d'être encore maltraités, le sérieux domine. Aussi quand Leah Williams, la scénariste de ces X-Terminators, intitule le deuxième épisode de cette mini-série "Ce Livre est joyeusement stupide", on est presque saisi par l'audace dont elle fait preuve.

Il faut parfois beaucoup de talent pour oser être beau et con à la fois. Et X-Terminators, qui a été influencé par l'esprit Grindhouse, c'est-à-dire les films d'exploitation de série B jusqu'à Z, n'en manque pas. Le postulat, tel qu'on l'a découvert le mois dernier est simple : quatre meufs canons qui étripent des monstres et des vampires.

L'introduction de Wolverine (Laura Kinney) dans la partie a quelque chose d'inévitable : une fille avec des griffes métalliques, c'est un bonus appréciable pour zigouiller des affreux. Le reste est aussi crétin que dans le premier épisode, à savoir que cette bande de filles harcelée par l'ex de Dazzler dans une labyrinthe qui les a menées dans une arène vont devoir se démener pour survivre en se battant dans des vêtements qui se déchirant progressivement laissent voir de plus en plus de leur anatomie.

Maintenant, prêtons-nous à un exercice amusant : imaginez cette histoire écrite par un homme. Par les temps qui courent, les néo-féministes crieraient au scandale, au machisme, à l'objectivation de la femme. Ce ne serait pas complètement faux, reconnaissons-le. Mais puisque c'est une femme qui met d'autres femmes dans ces situations, ce n'est plus du tout la même chose. Et on apprécie d'autant plus ce projet car il nous divertit avec un argument facile que par l'autodérision dont sait faire preuve son auteur. Sans compter qu'elle a de l'imagination à revendre pour éprouver les quatre X-Terminators (le coup des reflets qui prennent vie est particulièrement retors, surtout venant de la aprt d'un vampire qui, lui, comme tous ces semblables, n'a pas de reflet).

Que Leah Williams écrive cette mini-série dédouane du même coup Carlos Gomez, qui la dessine. Car ce jeune artiste, adepte du "good babe art", s'en donne à coeur joie pour croquer ces quatre jolies mutantes en haillons et couvertes de sang.

Ce n'est jamais vulgaire mais délicieusement sexy, et ce mix de violence, d'érotisme et d'absurde fonctionne à fond. Gomez signe des planches spectaculaires aux images superbement composées. Les scènes d'action, nombreuses, ne font pas dans la dentelle et détonent avec le tout-venant car les adversaires sont sacrifiables à l'envi.

On apprécie aussi que Williams et Gomez aient choisi les incarnations les plus populaires des quatre héroïnes, en particulier avec Tabitha Smitj/Boom-Boom, en écervelée qui interroge d'abord Wolverine sur son costume avant toute chose - c'est la même délicieuse idiote impulsive qu'on a adorée dans Nextwave. En revanche, Williams et Gomez n'animent pas Jubilé comme cette éternelle ado, mais en font une jeune femme avec des bas et des porte-jarretelles, perchée sur des talons hauts et vêtue d'un pull large.

Donc, pour résumer, oui "ce livre est joyeusement stupide", il est aussi sexy en diable, et sauvage. Et on s'amuse beaucoup à le lire ce délire régressif.

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