Ce deuxième épisode (sur quatre) de Batman vs. Robin délivre au lecteur des explications sur ce qu'on a découvert le mois dernier. Mark Waid enfonce donc quelques portes ouvertes, mais c'est une étape olbigée pour comprendre le pourquoi du comment. Néanmoins le résultat demeure trés efficace, grâce au dessin très dynamique de Mahmud Asrar.
Grâce à la clé que lui a remis Zatanna, Batman en compagnie d'Alfred accède à la Maison des Secrets où il a bon espoir de trouver des réponses aux actes de son fils.
Après qu'il a tué le démon de Lazare, Mother Soul invoque un remplaçant mais Damian doit lui trouver un hôte et il se rend sur l'île de Lazare où il libère le Diable Nezha de sa prison.
Pour Batman cela renvoie à une vieille aventure partagée avec Superman, Robin, Supergirl et la Doom Patrol, et Nezha libre, cela signifie qu'il a pu posséder d'autres héros et gagner des complices.
Damian communique avec son père dans la Maison des Secrets et le défie. Furieux, Batman sait toutefois qu'il va lui falloir des alliés. Alfred est le premier d'entre eux...
Il y a quelque chose d'ingrat dans ce genre d'épisodes car le lecteur a le sentiment, fondé, d'en savoir plus que les héros. Donc, à mesure que Batman et Alfred comprennent ce qui a motivé Damian à avoir voulu les tuer, le lecteur enrage qu'ils ne l'aient pas déjà deviné.
Tout le travail de Mark Waid consiste alors à dévoiler un mystère qui n'en est plus vraiment un (puisqu'on a vu à la fin de précédent épisode à qui obéissait désormais Damian) et à monter ça en neige pour produire une sorte d'origin story convaincante.
A ce stade, avant d'aller plus loin, il est plus que recommandé, il est indispensable d'avoir lu Batman - Superman : World's Finest 1 à 5 (par Waid et Dan Mora), sans quoi vous ne comprendrez pas un traître mot de cette intrigue qui en est la suite organique.
Ceci étant dit, et nous pénétrons dans la spoiler zone, le méchant de Batman vs. Robin est le Diable Nezah, au coeur du premier arc de World's Finest. Ce démon venant des temps anciens avait été vaincu et emprisonné par des guerriers asiatiques. Une première fois libéré, Nezha avait assujetti des héros et des vilains pour neutraliser Batman et Superman, qui ne l'avaient vaincu que de justesse.
Batman a obtenu de Zatanna, attaquée comme d'autres héros magiques par les complices de Nezha, une clé qui lui donnant accès à un lieu dangereux mais pouvant lui offrir des réponses : Mark Waid entraîne le héros et son majordome, revenu des morts, dans la Maison des Secrets, gardée par Abel, Caïn et la sorcière Cynthia. Comme un film qu'on rembobine, dans une successions de scènes-clés, ils vont comprendre ce qui s'est passé.
Si, donc, on a toujours un temps d'avance sur Batman (ce qui n'est pas fréquent) et qu'on peut trouver un peu long (car l'épisode fait plus de trente pages) d'avoir droit à cette séance d'explications, le métier de Waid rend la copie digeste. C'est très rythmé, très fluide, et parfaitement logique. Comme j'ai lu World's Finest, j'ai apprécié la manière dont les deux histoires étaient liées, mais c'est un procédé qui, je sais, peut être désagréable car il contraint le lecteur à justement avoir lu une autre série.
De ce point de vue, au test du reader's friendly, Batman vs. Robin affiche donc une limite. Je préfére toujours lire et conseiller (si on me le demande) des séries ou mini-séries accessibles sans références antérieures. Ce n'est pas le cas ici. Waid ne s'adresse qu'aux fans de World's Finest - et même fait des allusions à la série Robin (de Joshua Williamson, Gleb Melnikov et Roger Cruz), même si, là, c'est moins essentiel. Clairement, si vous ne connaissez pas ce à quoi certaines scènes renvoient, inutile d'aller plus loin : soit vous révisez, soit vous arrêtez les frais.
Par ailleurs, c'est une vrai saga que prépare Waid puisqu'on a appris lors de la New York Comic Con de ce week-end que Batman vs. Robin aboutirait à un event Lazarus Planet, co-écrit avec Gen Luen Yanf, durant les mois de Janvier et Février 2023. Donc sachez que ce n'est qu'une étape avant quelque chose de plus grandiose.
Pour ceux donc qui sont à jour, Batman vs. Robin bénéficie en outre des dessins de Mahmud Asrar et l'artiste turc est en très grande forme. Ce format est exigeant car il impose à celui qui dessine de doser ses effets sur un nombre plus conséquent de pages, mais cela ne semble pas du tout impacter Asrar.
Fréquemment, il ponctue le récit de superbes pleines pages : il ne s'agit pas que d'un effet de manche, il s'en sert pour montrer de manière spectaculaire un décor, un fait important, une scène choc. C'est simple, mais quand c'est un très bon dessinateur qui le fait, ça fonctionne pleinement.
Le décor de la Maison des Secrets fournit l'occasion à l'artiste de jouer sur l'espace puisqu'entre les murs de cette baraque, la réalité est altérée. Le découpage d'Asrar ne cherche pas à exploiter la folie du lieu, on peut le déplorer, mais plutôt à montrer comment un héros cartésien, logique, comme Batman évolue dans une architecture qui ne répond pas aux lois de la physique et de la raison.
Et Asrar saisit parfaitement la frustration et la colère grandissantes de Batman, qui finit, expulsé de la maison, littéralement hors de lui et décidé à en découdre. Au point qu'il oublie de considérer que son meilleur allié n'est peut-être plus lui-même. Ou pas ce qu'il prétend... En tout cas, le doute est installé de façon subtile et percutante à la fois.
Mark Waid en tout cas n'est pas revenu chez DC seulement pour écrire des histoires dans le passé (World's Finest), et profiter du confort que cela lui apporte. Il a envie de faire bouger les lignes et a de grands projets en vue. Comme il est entouré d'artistes de première classe, on voyage en classe business. Même si, forcément, le trajet est réservé à des fans assidus du scénariste...
"Mother Soul invoque un remplaçant mais Damian doit lui trouver un hôte"
RépondreSupprimerEuh, Damian ne travaille pas pour Mother Soul, il c'est surtout fait embobiné et possédé par Nezha.
C'est d'ailleurs assez bizarre quand l'auteur écrit Damian en sachant ça. Le personnage ne semble pas agir comme si il était contrôlé. Mais à part ça c'était un bon numéro, l'auteur résume plutot bien pour ceux qui n'ont pas lu les 2 séries précédentes.