mercredi 7 septembre 2022

FLASHPOINT BEYOND #5, de Geoff Johns, Jeremy Adams, Tim Sheridan, Xermanico et Mikel Janin


Après un quatrième épisode calamiteux, Flashpoint Beyond se reprend un peu pour son pénultième chapitre. Mais tout n'est pas réparé et le script de Geoff Johns, Jeremy Adams et Tim Sheridan doit expliquer dans l'urgence de nombreux points, tout en en laissant d'autres de côtés. Mikel Janin a plus de pages à dessiner et Xermanico complète les siennes avec beaucoup de talent.
 

Interviewé à la télé sur le retour de la Justice League et le concept d'Omnivers, Mr. Terrific est interrompu par Bonnie Baxter qui préfère insister sur la notion d'Hypertemps pour la dernière Crise.


Cependant, Flashpoint Batman débarque à Arkham alors que sa femme, Martha, menace Dexter Dent. Tandis que le couple s'affronte, Gilda se dérobe avec son fils.


La sécurité de l'asile intervient mais Thomas s'enferme dans la cellule de Gilda avec Martha. Elle l'entraîne dans les entrailles de l'établissement en justifiant ses crimes signés du Tueur de l'Horloge.


Thomas découvre la machine construite par Martha à partir des infos qu'elle a soutirées à ses victimes et avec laquelle elle compte réécrire leur passé, quitte à sacrifier leur univers...

Depuis la sortie du précédent épisode, des annonces de DC Comics donnent à l'intrigue de Flashpoint Beyond une autre envergure. D'abord, on sait que Geoff Johns va se servir de cette histoire comme rampe de lancement pour son relaunch, attendu de longue date, de la série Justice Society of America (que dessinera Mikel Janin), à partir de Novembre. L'avenir nous dira à quel point le dénouement de Flashpoint Beyond influence ce prochain projet.

La JSA a refait parler d'elle dans le troisième épisode de l'event Dark Crisis (de Joshua Williamson et Daniel Sampere, actuellement en cours de publication). Et c'est un drôle de manège entre les deux titres car Flashpoint Beyond spoile carrément la fin de Dark Crisis dès le début de ce n°5 ! Enfin... Spoiler est un bien grand mot, car qui a cru Williamson quand il jurait ses grands dieux que, si, si, sérieusement, à la fin de Justice League #75, les héros étaient vraiment morts (ou du moins qu'ils ne reviendraient pas avant longtemps) ?

Maintenant,, de manière très prévisible et confirmée ici, on sait que Superman, Batman, Wonder Woman, John Stewart, Hawkgirl, Aquaman, sont encore vivants, en forme et bientôt de retour (en revanche, les situations de Zatanna, Black Canary, Green Arrow et Flash sont plus nébuleuses).

Reste que c'est assez surprenant de voir DC laisser Flashpoint Beyond révèler ainsi le comeback de la JL. Pour un peu, mais peut-être vais-je trop loi, on jurerait que Geoff Johns est à nouveau en train de vouloir organiser le DCU en sous-marin (comme il avait voulu le faire durant les New 52), alors que l'éditeur semblait vouloir faire de Williamson son nouvel grand architecte...

Revenons à Flashpoint Beyond #5. L'épisode du mois dernier était passablement ruiné par une grotesque séquence avec Dexter Dent mais également par des points importants de l'histoire condamnés à rester irrésolus ou inexploités (en particulier l'invasion des kryptoniens). Sur ce dernier point, il paraît clair que ça restera une grande idée sans suite. Concernant Dexter Dent, il est exfiltré avec sa mère pendant le combat qui oppose Thomas à Martha Wayne - celle-ci n'était donc pas morte et a survécu miraculeusement avant de tuer plusieurs personnages capables de manipuler le temps.

Avec leurs connaissances (qu'elle a acquises vraisemblablement en les torturant avant de les assassiner), elle a réussi à construire dans les sous-sols de l'asile d'Arkham une machine lui donnant accès à l'Hypertemps, et donc lui permettant de modifier le passé et/ou le futur. Son projet est de réécrire le passé afin que que leur fils survive et qu'elle et Thomas meurent dans Crime Alley, conformément aux origines du Batman que l'on connaît. Et ce, même si l'opération risque de détruire tout leur univers...

Passons, au risque d'en ricaner, sur la crédibilité d'une femme complètement folle, psychopathe et délirante qui parvient à construire une telle machine sans avoir aucune notion préalable d'ingénierie et sans aucune considération sur les risques des voyages temporels. Et voyons plutôt comment Johns, Tim Sheridan et Jeremy Adams raccrochent acrobatiquement les éléments avec ce qui ouvre et ferme l'épisode. Deux scènes diversement compréhensibles.

Dans la première, Mr. Terrific se fait publiquement moucher par Bonnie Baxter, une partenaire des Time Hunters, quand elle explique que les différentes Crisis ne sont pas seulement d'origine cosmique mais temporelle. On en revient au Divine Continuum composé de l'Omnivers et de l'Hypertemps, le premier étant conceptuel, l'autre émotionnel. Or, il semble bien qu'on ait sous-estimé les conséquences des crises hypertemporelles qui provoquent l'effet Mandela, c'est-à-dire une fausse croyance ou des faux souvenirs collectifs - seuls certains individus auraient conscience des véritables altérations de la réalité (comme le Pyscho-Pirate).

Question (laissée - pour l'instant ? - sans réponse) : les Time Hunters aggraveraient-ils ou amoindriraient-ils cet effet Mandela ? Bonnie Baxter disparaît subitement avant de le dire. On devine où elle est partie à la fin de l'épisode, même si avant cela, on assiste à la résurrection de Ra's Al Ghul (dans son look originel), surpris par Batman (Bruce Wayne) à son manoir et connaissant quelqu'un au sein de l'équipe de la Justice Incarnée (les gardiens de l'Omnivers, créés par Grant Morrison dans The Multiversity).

A la fin de l'épisode donc, Batman et Corky Baxter voient débarquer dans la Batcave Rip Hunter, le chef des Time Hunters, résolu à empêcher Bruce d'utiliser sa propre machine hypertemporelle avec laquelle il compte sauver son père, Thomas.... Pfiou ! Tout ça fait beaucoup à assimiler entre l'intrigue principale (dans l'univers Flashpoint) et ce que trament les Time Hunters et Bruce Wayne. Malgré tout, les deux lignes narratives sont parallèles et ont un objectif semblable : sauver Bruce dans l'univers Flashpoint, sauver Thomas dans l'univers Flashpoint. Sauf que sauver Thomas ne permettra pas de sauver Bruce et vice-versa. (Voyez pourquoi il était inutile d'ajouter ce subplot avec l'invasion kryptonienne, ou alors il aurait fallu une mini-série de douze épisodes).

Flashpoint Beyond a deux dessinateurs de grand talent et dans cet épisode, chacun a de la place pour s'exprimer. Mikel Janin dessine toujours les deux pages finales mais s'acquitte aussi des cinq premières. Il a du mérite car il se tape les planches les plus explicatives, mais son trait fin et précis rend tout ça très digeste. En attendant, je suis surtout content à la perspective de lire plus de Janin prochainement avec le retour de Justice Society of America.

Xermanico reste, lui, sur sa bonne lancée. Il livre une copie impeccable depuis le début et donne beaucoup de puissance à ses pages, alternant facilement entre moments dialogués et d'autres plus mouvementés (le combat Thomas-martha est intense). Son découpage est fluide, ses deux doubles pages sont bluffantes. Lui aussi, je le souhaite, aura un titre à sa hauteur dans la futur.

Plus qu'un épisode pour conclure. La tension sera au rendez-vous, même si elle ne comblera certainement pas une certaine frustration vis-à-vis d'idées prometteuses mais inexploitées.

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