vendredi 9 septembre 2022

CAPTAIN AMERICA : SENTINEL OF LIBERTY #4, de Collin Kelly & Jackson Lanzing et Carmen Carnero


Ai-je été trop confiant ? Enthousiaste ? En tout cas, je me suis ennuyé en lisant ce 4ème épisode de Captain America : Sentinel of Liberty. Trop mou, trop convenu. Ou pas assez accrocheur, pas assez... Tout en fait. Ce n'est même pas mal écrit encore moins mal dessiné : juste que je suis resté à l'extérieur.


Ce qu'a découvert Steve Rogers au sujet de l'histoire de son bouclier et du Cercle Extérieur l'interroge de manière perturbante. Et s'il avait été manipulé depuis ses origines, faisant le jeu de l'ennemi ?


Steve se rend chez Bucky avec lequel il partage sur ce qu'il a appris de son côté. Bucky explique que chaque branche du Cercle a un tueur, et que le Soldat de l'Hiver en a fait partie.


A son cours de dessin, Steve questionne ses amis sur le sens qu'il donne ay symbole qu'il incarne. Même chose auprès du petit Amari ou avec les clients du bar qu'il fréquente.


A nouveau attaqué par la créature qu'il a affronté à la forge, Steve réussit à lui faire comprendre qu'ils ont tous le choix d'être des soldats aux ordres ou des hommes libres.

Quand on a l'impression de rester à l'extérieur d'une série au bout de quatre épisodes, on se sent comme Steve Rogers dans cet épisode, à se demander si "tout est à sa place" - et soi-même en premier lieu. Car c'est bien cette question qui parcourt ce quatrième numéro de Captain America : Sentinel of Llberty. Et c'est là où le bât blesse.

En effet, se poser la question, c''est déjà y répondre en somme. Car Captain America a souvent été qualifié de "Man out of Time" (ce fut d'ailleurs le titre d'une mini-série de Mark Waid et Jorge Molina), soit un homme hors du temps, hors de son temps. D'une certaine manière, Cap est intemporel et daté en même temps à cause de ça : daté parce qu'il est en activité depuis la seconde guerre mondiale (incarné par Steve Rogers ou d'autres qui ont pris la relève y compris quand il était prisonnier d'un bloc de glace), et intemporel parce qu'il est devenu le corps vivant de l'idéal américain à travers les âges.

Sonder la mythologie de Captain America équivaut à sonder la mythologie de Marvel (un peu comme avec Superman chez DC). Les versions les plus pertinentes et les plus efficaces du personnage sont celles qui ont su faire la synthèse entre le super-soldat et l'idéal américain, au cours d'aventures épiques et de considérations politiques dépassant les Etats-Unis.

Forcément, avec une telle longévité et une telle charge symbolique, on peut se demander aussi s'il est encore possible de réinventer le héros, ou du moins de le raconter de manière divertissante et intelligente. A mon sens, deux scénaristes, ces 25 dernières années, ont su se démarquer : Mark Waid et Ed Brubaker, le premier avec une lecture très héroïque et entraînate, le second avec un regad plus trouble et mélancolique.

J'avais une grande confiance en Collin Kelly et Jackson Lanzing pour raconter des histoires profondes et divertissantes à la fois, et leur idée de baser leur intrigue autour des origines du bouclier, d'un secret à son sujet, était accrocheuse. Par ailleurs, ils voulaient s'appuyer sur des seconds rôles de l'entourage de Cap pour soutenir leur projet. Mais cette confiance était nourrie aussi par les déceptions successives des runs de Remender, Spencer, Coates. Or, il faut lire une série pour ce qu'elle est, pas par rapport à ce qu'elle a été et qui ne vous a pas plu. Ce fut sans doute mon erreur : j'ai davantage voulu croire en Kelly & Lanzing par rapport à ceux qui les avaient précédé que pour eux-mêmes.

Je suis pourtant resté spectateur de cet épisode, et en vérité c'est le cas depuis quatre mois. J'apprécie la façon dont les deux auteurs emballent leur affaire,, mais c'est un peu trop lisse, trop convenu, avec des éléments pas originaux. Le Cercle Extérieur par exemple résume bien le problème : c'est une énième organsation secrète qui dirige le monde dans l'ombre, comme les Illuminati, l'Hydra, l'Empire Secret, etc. Autant de noms, d'entités comme on en a beaucoup vus dans Captain America.

La construction des épisodes se révèle aussi répétitive et trahit une narrattion qui se retient de trop en dire trop vite de façon visible. On a droit à une scène d'action bien spectaculaire par épisode, comme un quota, tout en sentant bien que les deux scénaristes préférent visiblement les moments avec Steve Rogers, ses amis, leurs cconversations, les doutes qui minent le héros. Et pour les seconds rôles promis, on en reste au strict minimum avec Bucky qui a droit à peu de scènes. Mais pas trace de Sharon Carter par exemple (même si on a eu droit à Peggy Carter).

D'un côté, on évite des mentions aux Avengers, à Nick Fury, au SHIELD, mais de l'autre on a l'impression que Steve/Cap se prive de ressources qui lui permettraient sûrement d'aller plus vite dans ses investigations. Et à travers cela, on peut deviner l'intention de Kelly et Lanzing de freiner des quatre fers pour que leur intirgue ne soit pas trop vite résolue. Un tour de passe-passe grossier.

Enfin, les auteurs se montrent franchement maladroits, voire grotesques ici, quand Bucky se met à chialer comme une madeleine en avouant à Steve avoir été un pantin du Cercle. Merde, quoi ! Bucky qui chiale, c'est juste pas possible : ce mec est le Soldat de l'Hiver, il a été le sidekick de Cap, il a été Cap lui-même, c'est pas le genre à fondre en larmes parce qu'il découvre qu'il a été manipulé. Cette scène est ridicule et m'a complètement sorti de l'histoire.

Le vrai et seul point positif au fond, c'est Carmen Carnero, qui assure comme une championne depuis le début. Elle maîtrise vraiment le personnage, le casting entier, elle chrorégaphie l'action formidablement avec des doubles pages et des effets de décomposition du mouvements jubilatoires, et Nolan Woodard la complète parfaitement avec ses couleurs. Mais franchement Carnero n'a pas de bol : elle s'est déjà tapée Kelly Thompson sur Captain Marvel pour des arcs franchement pas jojo, et là avec Kelly & Lanzing, elle défonce tout sur des scripts moyens.

Je vais tâcher de savoir combien d'épisodes compte cet arc pour savoir où je vais. Mais si c'est trop long, ça sera vite réglé. Peut-être que je sature un peu, mais je n'ai plus envie de perdre du temps et du fric avec des séries qui ne m'emballent pas totalement. Tant pis pour Cap.

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