jeudi 22 septembre 2022

A.X.E. : JUDGMENT DAY #5, de Kieron Gillen et Valerio Schiti


Le troisième et dernier acte de A.X.E. : Judgment Day débute avec ce cinquième épisode de l'event écrit par Kieron Gillen et dessiné par Valerio Schiti. La Terre vient d'être condamnée par le Céleste et rien ne semble plus pouvoir empêcher ce sort funeste. De fait si le scénario passe par des figures imposées, la fin de cette saga demeure imprévisible.
 

La sentence du Progéniteur est tombée : la Terre va disparaître. Téléporté devant le géant par Diablo, Captain America le défie une dernière fois et se fait réduire en cendres.


La mort de Captain America motive les héros - X-Men, Avengers, Eternels - à livrer un assaut de la dernière chance. En pure perte : le Céleste repousse l'attaque sans pitié.


Puis il s'en prend à la planète dont il rase les villes, les pays, les continents. Puis il concentre ses efforts pour atteindre la Machine Erernelle, son dernier système de défense.


Pourtant, une poche de résistance a échappé à sa colère et grâce aux Cinq de Krakoa, un groupe de héros est ressucité pour infiltrer le Céleste afin de le détruire de l'intérieur...

Passées les premières pages qui semblent bizarrement décalées dans la chronologie du récit (puisque l'épisode précédent se terminait sur l'apocalypse et qu'on débute cet épisode dans une sorte de relatif répit), Kieron Gillen inflige plusieurs électrochocs au lecteur.

Jusqu'à présent relativement discret dans A.X.E. : Judgment Day, les Avengers et surtout Captain America vont jouer un rôle plus consistant. Steve Rogers, pourtant déjà jugé indigne par le Progéniteur, part le défier une nouvelle fois, dans un discours dont il a le secret, conclu par une formule qui donne toujours le frisson. Aussitôt après, le Céleste pulvérise le héros et Daiblo, qui l'avait transporté là.

Sur Krakoa, les Eternels, les Avengers et les X-Men réfléchissent à un plan pour éliminer le Céleste et s'accordent pour lancer un assaut groupé, comptant sur la réunion de leurs forces pour terrasser cet adversaire hors du commun. Il y a du lours dans les trois équipes si on s'en tient à Thor, Phénix (Echo), Jean Gery, Starbrand, etc. D'autres personnages se joignent à cette super team, de façon assez dérisoire (Spider-Man, Moon Knight - on sent bien à ce moment-là que Gillen a reçu des consignes éditoriales pour placer ces personnages). Les Fantastic Four font même une apparition éclair, ils resteront les grands oubliés d'une histoire dans laquelle ils auraient eu toute leur place (mais comme ils étaient moins en retrait dans Empyre, sans doute a-t-on jugé chez Marvel qu'il y avait déjà assez de monde à s'occuper).

Peeut-être plus encore que la mort expéditive de Captain America, ce qui va surprendre, c'est à quel point Gillen ne fait pas de quartier. Il rappelle, ce faisant, que les Célestes sont bien les créatures de l'univers Marvel les plus puissantes, plus puissantes même que Galactus ou Odin. Le scénariste insiste là-dessus en consacrant plusieurs pages à la défaite des héros, à l'inéluctabilité de cette débâcle. Tout était joué et perdu d'avance. Même tous ensemble, les héros n'avaient aucune chance.

Les planches de Valerio Schiti appuient ce propos sans que le doute soit permis. Si l'artiste italien, toujours dans une forme tonitruante, nous gratifie de deux somptueuses spalsh-pages, avec le passage obligé de celle où une masse impressionnante de personnages s'élancent comme un seul homme dans la bataille. Si c'est une sorte de figure imposée par le genre même des events, il n'en reste pas moins que Schiti passe l'épreuve avec succès, l'image est vraiment spectaculaire, bien composée, et il s'en dégage un véritable héroïsme, une dimension épique jubilatoire.

Ensuite, vient l'attaque proprement dîte et là encore Schiti donne tout ce qu'il a : la puissance dégagée par les coups portés, les répliques du Céleste, l'impact de ces échanges, tout est vraiment énorme. Mais très vite on sent que c'est en pure perte, l'ennemi est trop énorme, trop fort, trop impitoyable. Les héros décédent dans des circonstances étonnament violentes et sadiques, car le Progéniteur veut, comme tout dieu, appliquer sa sentence avec créativité. On voit par exemple la tête de Cyclope exploser littéralement, Captain Marvel s'éteindre frappée apr un cancer fulgurant, Jean Grey, Phénix, Starbrand être pulvérisées.

Marte Gracia use de couleurs vives, avec des rouges, des oranges, pour suggérer le feu apocalyptique déployé par le Céleste. C'est encore plus impressionnant quand le géant incendie Krakoa, des villes entières, rien n'échappe à son regard terrible (pas même uen fusée qui tente de quitter la Terre et qu'il fait exploser d'un regard).

La radicalité de ces pages détonent car elle nous fait croire à la fin du monde. Le nombre de victimes est impressionnant, mais ce qui l'est encore plus, c'est sans doute la rapidité avec laquelle le Céleste réussit à tuer tout ce monde, sans avoir l'air de produire une véritable effort. Dans Uncanny Avengers, Rick Remender avait tenté quelque chose de similaire mais des personnages comme Malicia (ayant absorbé les pouvoirs de tous les héros) et Sentry réussissaient à repousser un céleste, trucidé ensuite par Thor, Havok et Sunfire, puis siphonné par Kang. Gillen, lui, avec Schiti, a voulu montrer que ce n'était pas possible et l'Ancêtre est instoppable.

Est-ce donc vraiment fini ? Il reste encore une épisode et on imagine mal la Terre disparaître complètement. Forcément il y a un loup, une ruse, une dernière carte à jouer. Au début de l'épisode, lorsque X-Men, Avengers, Eternels discutent stratégie à Krakoa, leur plan est soumis à Destinée qui estime qu'il n'y a qu'une chance pour que leur riposte réussisse. On découvre comment à la toute fin.

Là, Gillen va sûrement diviser et susciter des débats enflammés parmi les lecteurs car d'une part il établit une poche de résistance qui a miraculeusement échappé à vigilance du Céleste (un peu facile, mais bon, passons) et, d'autre part, il permet aux Cinq de Krakoa de ressuciter quelques personnages pour une opération très risquée mais décisive. Hormis le fait que les ressucités ne satisferont pas tout le monde (et là encore on peut supposer que le scénariste n'a peut-être pas eu complètement le choix), c'est surtout le fait que les Cinq ramènent à la vie des non-mutants qui interroge - d'abord parce que ça contrevient aux lois mutantes, et qu'ensuite il y aura forcément des conséquences post-Judgment Day (ou s'il n'y en a pas, ce serait très maladroit).

Quoiqu'il en soit, Gillen et Schiti proposent un épisode étonnant, polémique, radical - de quoi offrir un sixième et dernier épisode très prometteur et un après event qui risque d'ébranler vraiment beaucoup plus que le sort des mutants. Rendez-vous le 26 Octobre pour la conclusion de cet event qui n'aura vraiment pas été comme les autres.

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