samedi 13 août 2022

JANE FOSTER & THE MIGHTY THOR #3, de Torunn Gronbekk et Michael Dowling


Ce qui distingue cette mini-série Jane Foster & the Mighty Thor des autres dans le même format (cinq-six épisodes), c'est que Torunn Gronbekk met le paquet et ne se limite à une petite histoire sympa pour passer le temps. Encore une fois, cet épisode est spectaculaire et palpitant et Michael Dowling réalise de superbes planches, à la hauteur du script.


Les elfes noirs de Kurse et les troupes d'Ulik le troll fondent sur Asgard. Dans les airs, les valkyries, dont Ruña et Hildegarde, tentent de repousser les assauts ennemis.


Dans les Limbes, Jane Foster affronte le démon S'ym. D'abord en difficulté, elle se sert du Promethium pour soumettre son adversaire. Puis elle reprend sa quête pour trouver Thor.


La situation devient vraiment critique à Asgard lorsque Tyr Odinson, aux côtés de Kurse, décident de larguer des bombes trous noirs sur la cité céleste.


Jane suit une piste dans les Limbes qui la mène à Thor. Celui-ci lui demande de lui envoyer son marteau Mjonir avant d'être touché par des flèches et de s'écrouler...

Je disais donc en préambule que les mini-séries de cinq ou six épisodes manquent souvent d'ambition. Les editors les commandent fréquemment pour surfer sur une actulaité parallèle (la sortie d'un film mettant en scène les personnages de la mini-série) et de fait les scénaristes acceptent de boulot de commande sans trop se fouler. 

Dans le cas de Jane Foster & the Mighty Thor, il s'agissait de redonner à Jane Foster l'espace de quelques épisodes son rôle de Puissante Thor comme dans le film (Thor : Love and Thunder) récemment sorti de Taika Waititi. Personne n'était dupe de la manoeuvre de Marvel, et encore une fois, cette mini-série a été confiée à un auteur et un artiste qui ne figurent pas parmi les plus renommés de l'éditeur.

Mais Torunn Gronbekk, la scénariste, n'a, semble-t-il, pas voulu qu'on croit qu'elle prenait ça à la légère et s'est mise en tête de livrer un récit qui en donne pour son argent au lecteur. Evidemment, elle avait un cahier des charges à respecter, mais pourquoi pas l'épicer un peu, lui donner du relief ?

C'est ainsi qu'elle narre un assaut d'envergure sur Asgard au moment où son roi, Thor Odinson, est absent et introuvable, même pour Lady Sif, devenue la remplaçante de Heimdall. Jane Foster, devenue membre des Avengers en qualité de Valkyrie, est appelée en renfort par Mjolnir lui-même, dans lequel se trouve maintenant l'esprit d'Odin. Tandis que la guerre fait rage à Asgard, Jane enquête sur la disparition de Thor.

Le mois dernier, elle gagnait les Limbes où le démon S'ym, d'habitude aux ordres de Belasco (familier des New Mutants puisque c'est lui qui retint dans son royaume Ilyana Rasputin/Magik), la défie. On va donc assister en parallèle à la débâcle des asgardiens contre les elfes noirs et à la poursuite de la quête de Jane Foster.

Le spectacle est au rendez-vous comme en témoignent les scènes de bataille dantesques à Asgard. Gronbekk n'y va pas par quatre chemins : Lady Sif, Beta Ray Bill, Volstagg, les valkyries Ruña et Hildegarde son vraiment dépassés par leurs ennemis, qui bombardent carrèment la cité des dieux avec des bombes générant des trous noirs. Comme je l'ai déjà souligné, on n'est guère habitué à cette débauche de moyens pour une mini-série traitée ici à la manière d'un blockbuster.

Du côté de Jane Foster, ce n'est pas beaucoup plus calme puisqu'on a droit à une empoignande musclée contre S'ym, qu'on voit écarter sans difficulté Mjolnir puis envoyer au tapis la Puissante Thor. Il faut qu'elle dégaine le Promethium, l'arme de toutes les armes (dont elle se sert normalement quand elle agit en qualité de Valkyrie) pour soumettre son adversaire.

Michael Dowling et le coloriste Jesus Arbutov font une paire parfaite. D'un côté, le trait élégant, de l'autre, des nuances superbes, pour, dans chaque partie du récit, mettre en valeur l'intensité des batailles livrées. 

Le découpage de Dowling est sobre, il taille des vignettes de dimensions généreuses quand il doit représenter des dégâts colossaux ou des démonstrations de force impressionnantes. Pas d'excentricités donc, mais des plans lisibles et efficaces. On devine bien que ce qui intéresse davantage le dessinateur, c'est de s'arrêter fréquemment sur les personnages et leurs visages en particulier pour saisir une expression, traduisant son état d'âme face au conflit.

Ainsi, Ruña, la valkyrie noire, est un peu notre personnage témoin, c'est par elle qu'on assiste, sidéré, à la chute d'Asgard sous les assauts de Kurse, Tyr et Ulik. C'est par elle qu'on comprend trop tard que le bombardement sur Asgard va déchirer la cité et emporter plusieurs de ses meilleurs guerriers.

En revanche, Dowling, de façon habile, procède différemment avec Jane Foster qu'il cadre en majesté lorsqu'elle lutte en qualité de Puissante Thor. Ce choix ne doit rien au hasard, il s'agit de montrer qu'elle reste en mesure de vaincre S'ym malgré leur différence de gabarit, de puissance, de conviction. De plus, l'action est plus aérée car elle compte moins de participants et il faut composer avec le fait qu'elle se développe dans un endroit clos (la bibliothèque des Limbes). Dowling s'en sert pour montrer les trajectoires sinueuses de Mjolnir, qui se déplace différemment que lorsqu'il est lancé par Thor Odinson (une règle établie par Russell Dauterman lors du run de Jason Aaron).

Surtout et enfin, Gronbekk et Dowling n'oublient jamais le titre de la mini-série : il s'agit bien autant de Thor que de Jane Foster, il n'est pas question de faire croire à un retour de Jane dans ce rôle (ce qui est dommage, mais bon...). Et donc, une fois le duel contre S'ym terminé, Jane redevient elle-même, philosophant un instant sur sa vision de l'univers, de sa place en son sein et du pouvoir dont elle dispose. Là encore un signe que cette production est sacrèment plus subtile qu'à l'accoutumée.

Je regrette vraiment que Torunn Gronbekk n'écrive pas la série Thor à la place de (l'exaspérant) Donny Cates. Ou alors que Marvel pense à la promouvoir en lui confiant Avengers (maintenant que l'on sait que Jason Aaron va achever son run). Quant à Michael Dowling, il serait aussi bon de ne pas le cantonner à des projets de ce type car il mérite plus.

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