jeudi 4 août 2022

IMMORTAL X-MEN #5, de Kieron Gillen et Michele Bandini - A.X.E. : JUDGEMENT DAY tie-in


Kieron Gillen écrivant l'event A.X.E. : Judgment Day, il était logique qu'il utilise la série Immortal X-Men dont il est également le scribe comme tie-in. Pour autant, le scénariste n'abandonne pas le procédé consistant à consacrer un épisode à un membre du conseil de Krakoa - cette fois : Exodus. Une réussite. Même si le titre se porterait tellement mieux avec un vrai bon dessinateur...


Exodus est un des plus anciens mutants du Conseil de Krakoa : il a participé aux croisades quand il a rencontré Apocalypse qu'il a pris par erreur pour le messie.


Le Grand Esprit des Eternels lance son attaque psychique sur les télépathes du Conseil. Exodus a croisé par le passé Sersi aux côtés de Black Knight qu'il a épargnés en désobéissant à Apocalypse.


Emma Frost et Hope soutiennent Exodus pour percer les défenses du Grand Esprit. Jadis, Exodus fut retrouvé par Magneto qui lui fit comprendre que le géne X avait un sens religieux.


Aujourd'hui, Exodus fait reculer le Grand Esprit et a placé sa foi dans Hope Summers. Druig lance alors à l'assaut de l'île les six Hex que Bennet de Paris part affronter seul pour gagner du temps.

C'est assez rare pour être noté mais Immortal X-Men est une série à laquelle il faut s'accrocher car elle s'améliore d'épisode en épisode. Kieron Gillen a démarré de manière un peu désinvolte et ironique, comme s'il ne voulait pas traiter trop sérieusement le gouvernement de Krakoa (alors que de son côté Al Ewing sur X-Men : Red embrassait le Grand Cercle d'Arakko). Puis il s'est ressaisi.

Et, maintenant que A.X.E. : Judgment Day est lancé, Gillen se sert de sa série comme d'une chambre d'écho pour son event, montrant à quel point les tie-in (du moins sous sa responsabilité) sont organiquement liés à sa saga. 

Pour autant, le principe d'Immortal X-Men est conservé : un épisode pour un membre chaque fois différent du Conseil de Krakoa. Gillen se penche ce mois-ci sur le cas de Bennet de Paris alias Exodus. Créé en 1993 par Scott Lobdell et Joe Quesada, apparu dans les pages de X-Factor, c'est un personnage qu'on a surtout remarqué sous l'ère Hickman pour ses fréquentes prises de bec avec Mr. Sinistre et pour son rôle de conteur auprès des enfants mutants à qui il vante les exploits des champions de leur communauté (en particulier Magneto).

L'épisode revient sur l'attaque du Grand Esprit (Uni-Mind) des Eternels vu dans Judgment Day #1. Alors que Exodus sent l'assaut arriver, il se remémore les grands périodes de sa longue existence depuis les croisades du XIIIème siècle au cours desquelles il cherchait une tour mythique en Egypte et où il croisa Apocalypse qui en fit son lieutenant (car ses enfants, les 4 Cavaliers, l'avaient rejeté). Ce flashbback permet de justifier la connaissance qu'a Exodus des Eternels puisqu'il combattit Sersi en affrontant le premier Black Knight (Eobar Carrington), son amant, sur ordre de Apocalypse.

Gillen va et vient entre présent et passé de façon formidable car chaque retour dans le temps permet de souligner la tension et la gravité de ce qui se joue aujourd'hui. On revoit son association avec Magneto, son premier combat contre les X-Men, et ses déceptions successives aux côtés de ceux qu'il a pris pour les messies de sa race. Car la dimension religieuse est omniprésente chez Bennet de Paris.

Ainsi, il interpréta, sous l'influence de Magneto, le X du gène mutant comme un croix chrétienne renversée. Et, on a pu voir, dans Immortal X-Men #2, lors de l'élection de Hope Summers pour une place au Conseil de Krakoa à quel point Exodus était convaincu qu'elle était la sauveuse des mutants qu'il cherchait depuis si longtemps - et qu'une vision dans le désert d'Egypte lui rappela. C'est habile, un peu opportuniste, pas très subtil, mais ça fonctionne.

Car l'autre aspect mis en avant par Gillen pour le personnage est son côté chevaleresque. Au fond Bennet de Paris est resté un croisé au sens littéral du terme, portant la sainte parole de son église, affrontant le dragon. Il perce les défenses du Grand Esprit avec le soutien d'Emma Frost et Hope, puis se lance seul contre les Hex, ces géants éternels invoqués par Druig à la fin de Judgment Day. Exodus acquiert une sorte de noblesse héroïque que son costume, sa peau rouge, ses laïus raillés par Sinistre nous emmpêchaient d'apprécier. Un remarquable effort de caractérisation pure accompli par Gillen donc.

Fort de tout cela, la série ne manque que d'une chose : un vrai bon dessinateur, qui la ferait décoller au même niveau que X-Men : Red. Car Michele Bandini a beau être un meilleur anrrateur que Lucas Werneck, il demeure moyen, quelconque. Bien entendu, il est capable de produire des pages convaincantes (la préparation de la contre-attaque par Emma, Hope et Exodus, Exodus face au dragon), mais ce n'est pas suffisant.

Bandini a un trait trop lisse pour porter un récit épique comme celui-ci, et la comparaison est terrible après avoir vu les planches insensées de Valerio Schiti sur Judgment Day #1. Les visages sont fades, la gestuelle est pauvre, le découpage est paresseux. Tout est insuffisant, tout manque de souffle, d'envergure. Ce n'est pas aussi maladroit, emprunté que Werneck qui dessine sans avoir l'air de savoir comment composer décemment une image ou d'enchaîner les cases, mais ça manque de relief, de texture.

Tant que Immortal X-Men n'aura pas résolu cette faiblesse esthétique, elle restera derrière X-Men : Red, malgré les efforts vraiment louables de Gillen. Mais faute de mieux, on continuera à suivre pour apprécier ce que le scénariste portraituera dans les prochains mois - à commencer par Sebastian Shaw, un autre gros client, dans le 6ème numéro.

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