vendredi 1 juillet 2022

THE VARIANTS #1, de Gail Simone et Phil Noto


A Jessica Jones Mystery : le sous-titre nuance le projet de cette mini-série en cinq épisodes, comme pour rappeler qui en est l'héroïne, alors que The Variants renvoie à la série Loki (sur Disney +). Gail Simone revient chez Marvel pour s'occuper du personnage créé par Brian Michael Bendis et David Mack, et elle est en bonne compagnie puisque Phil Noto s'occupe des dessins.


Jessica Jones essaie, sur les recommandations d'une vendeuse, plusieurs rouges à lèvres. Elle sort de la boutique le soir venu et tombe dans les pommes.


Rattrapée par Daredevil, elle tente de le rassurer sur son état de santé. Il en profite pour lui rappeler qu'elle doit se présenter à une audience pour une cliente qu'il défend et qu'elle peut aider.


Après une nuit blanche, Jessica assiste à l'audience, qui tourne mal pour Maria Snyder. Celle-ci lui explique ensuite avoir été victime de l'Homme Pourpre et elle pense que Jessica est encore en danger.


Furieuse que Matt Murdock ait parlé de son passé avec Zebediah Kilgrave, Jessica rentre chez elle. Mais Luke Cage est absent et une femme se trouve dans la chambre de Danielle, leur fille...

Jessica Jones est une des créations les plus fortes de Brian Michael Bendis mais en partant de Marvel, il a accepté d'en laisser la garde à l'éditeur. Dans un premier temps, la détective privée ancienne super-héroïne sous l'alias de Jewel a été animée dans une série numérique écrite par Kelly Thompson et dessinée par Mattia de Iulis.

Pourtant, malgré d'autres apparitions ça et là (notamment dans le one-shot Incoming de Al Ewing, prologue à Empyre), Jessica Jones n'a pas semblé inspirer grand-monde, malgré la série adaptée sur Netflix (et brillamment incarnée par Krysten Ritter), alors que Miles Morales (l'autre Spider-Man, rescapé de l'univers Ultimate), lui aussi inventé par Bendis, continue son bonhomme de chemin avec succès.

Et puis l'espoir est revenu quand Marvel a annoncé la publication de la mini-série The Variants il y a quelques mois. Il faut dire que ce projet allait être écrit par Gail Simone en qui on peut avoir confiance pour écrire un tel personnage. En prime, le pitch était vraiment intrigant puisque l'héroïne allait rencontrer ses doubles de mondes parallèles.

Ce premier épisode (sur cinq) est conforme à ce qu'on pouvait en attendre : rondement mené, il pique notre curiosité sans forcer et s'avère remarquablement écrit. Gail Simone respecte la charte : elle conserve le caractère bien trempé de Jessica Jones tout en soignant sa vulnérabilité. A commencer par ses pertes de connaissance en quelques jours et ce sentiment de malaise persistant. Que se passe-t-il ?

En guest-star, Matt Murdock/Daredevil est habilement employé pour évoquer la némésis éternelle de Jones, Zebediah Kilgrave/l'Homme Pourpre. Bon, ce n'est pas la partie la plus originale et j'aurai préféré que Simone trouve quelque chose de plus inattendu, mais c'est tout de même accrocheur car via le procès de Maria Snyder, cliente de Murdock, est suggéré que ce manipulateur aurait encore une influence sur ses proies des années après, au point d'en faire des bombes à retardement.

Toutefois, il faut attendre les ultimes pages pour que le titre de la série se justifie avec l'apparition de deux variants de Jessica. De quoi faire phosphorer le lecteur sur la suite de cette histoire... C'est donc mission accomplie. Même si on se gardera, prudemment, de trop vite s'enthousiasmer car si Simone est excellente dans la caractérisation, elle pêche parfois à raconter des histoires abouties dignes de bons débuts.

La scénariste a aussi pour elle un atout : Phil Noto. J'aime beaucoup cet artiste même si je reconnais qu'il a ses faiblesses (ce n'est définitivement pas un dessinateur qui brille pour son sens de l'action). Toutefois il est impeccable pour camper des personnages et en particulier des femmes, qu'il représente avec une rare justesse, sans les hypersexualiser.

C'est bien simple : il est fait pour Jessica Jones qu'il traite parfaitement, lui donnant ce côté renfrogné, tourmenté, pas immédiatement séduisant. Il saisit à la perfection les expressions de son visage, son attitude revêche, et en même temps son incapacité à masquer son jeu. A cet égard, sans forcer le trait, Noto nous régale dans la scène de dialogue entre elle et Daredevil tandis que la voix off indique que l'homme sans peur peut détecter les mensonges qu'elle lui sert.

Plus loin, il fait encore merveille dans la confrontation entre Jessica et Maria Snyder puis la colère qu'elle exprime contre Matt Murdock qu'elle accuse de l'avoir manipulée en ayant révélé à sa cliente son passif avec l'Homme Pourpre. 

Comme à son habitude, Noto assume tous les postes de sa partie : dessin, encrage, colorisation. Cela lui permet de concevoir ses images de A à Z avec une maîtrise parfaite, comme en témoigne la double page (voir plus haut) magnifique du début de l'épisode.

The Variants est prometteur, même si je méfie un peu des mini-séries Marvel, toujours réduites à peau de chagrin alors que si l'éditeur développait un équivalent du Black Label de DC, il pourrait proposer à ses auteurs et ses lecteurs des projets bien plus aguicheurs. Espérons que Gail Simone et Phil Noto exploitent au mieux les cinq épisode qu'on leur a accordés pour que Jessica Jones profite du retour qu'elle mérite.

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