jeudi 7 juillet 2022

CAPTAIN AMERICA : SENTINEL OF LIBERTY #2, de Collin Kelly & Jackson Lanzing et Carmen Carnero


Après un premier épisode très alléchant, Captain America : Sentinel of Liberty confirme tout le bien qu'on pouvait penser de la série reprise par Collin Kelly & Jackson Lanzing. L'intrigue se met en place de manière ludique et intense à la fois, soutenue par des dessins excellents de Carmen Carnero. Tout ça est vraiment très prometteur.


Sans nouvelles de Bucky depuis leur affrontement contre le faux Destructeur, Captain America peut compter sur ses amis cibistes et de l'école de dessin pour l'aider dans son enquête.


Il suit ainsi une piste le conduisant à la Forge, où aurait été designé son bouclier par le Dr. David Agboje. Mais l'endroit est assailli par des hommes de l'A.I.M., de la Main, de l'Hydra et du SHIELD.


Captain America parvient à mettre en sécurité les chercheurs sur place et à neutraliser les soldats ennemis. Mais un vaisseau géant apparaît et lâche sur lui un nouvel adversaire.


Cependant, à Madripoor, Bucky entre dans un casino et prend place à une table de jeu en s'adressant à la femme qui distribue les cartes. Ils se reconnaissent...

S'il est une chose qu'on peut trouver en commun aux deux séries Captain America actuellement publiées, c'est un parfum old school indéniable et une prime aux intrigues à tiroirs. Si, de son côté, Sam Wilson dans Symbol of Truth court après des trafiquants de sérum du super-soldat, Steve Rogers dans Sentinel of Liberty est lui aussi sur les traces d'une organisation qui veut détourner ce qu'il incarne.

Collin Kelly et Jackson Lanzing ont choisi l'autre symbole propre à Captain America pour bâtir leur récit : le bouclier du héros. Fort ingénieusement, ils ont suggéré que l'étoile au centre de ce bouclier renvoyait à des forces en coulisses et que la confection même du bouclier répondait à un idéal autre que celui incarné par celui qui s'en sert depuis les années 40.

A partir de là, compte tenu des ressources technologiques à disposition d'un héros comme Captain America (qui pourrait fort bien demander de l'aide à Iron Man par exemple), ce serait vite plié pour remonter la piste des vilains. Mais au lieu de ça, Kelly et Lanzing préfèrent, comme Tochi Onyebuchi, recourir à des investigations à l'ancienne, sur le terrain.

On peut juger le procédé passéiste, décalé, saugrenu. Sauf que c'est justifié par le fait que Steve Rogers tient à règler cette affaire seul (ce qui est logique dans la mesure où ça le touche personnellement et au plus profond de ce qu'il croit) et aussi parce qu'il pense que ses ennemis ont un (ou même plusieurs) coup(s) d'avance, donc il faut être discret pour les débusquer.

Dans cette configuration, voir Captain America être assisté apr un club de vieux cibistes et un geek de son cours de dessin ou même un gamin mentionnant une centrale énergétique dont sa mère a parlé devient acceptable, même si cela demande au lecteur une sorte de complicité avec les auteurs. Il fautr en effet consentir à suivre le héros dans une quête menée avec les moyens du bord, et une bonne dose de providence.

J'avoue que j'ai un peu souri, voire tiqué, avec la scène où le gosse que Steve Rogers entraîne à se défendre le met, involontairement, sur la piste de la Forge. C'est une grosse ficelle employée là par les deux scénaristes. Mais si on passe outre, alors on n'est pas déçu par ce qui qui suit.

Car, comme Symbol of Truth, Sentinel of Liberty est une série qui privilégie l'action et même le grand spectacle. Celles-ci mettent en valeur les scènes plus calmes où les dialogues sont en avant (le premier tiers de l'épisode), mais réussissent à captiver par leur rythme et leur excellence graphique.

Entre en scène Carmen Carnero, qui, décidément, prouve qu'elle était taillée pour le job. Entre les mains de scénaristes vraiment solides, elle se révèle en metteur en scène pour l'exercice si propre aux comics de super-héros de la baston et de l'acrobatie.

A cet égard, la manière dont elle découpe l'affrontement entre les hommes de l'AIM, de la Main, du SHIELD et de l'Hydra est un régal et la preuve, surtout, qu'elle s'y entend pour interpréter ce morceau de bravoure avec une bonne dose d'inventivité. Tout est lisible, clair et puissant. Elle se paie même le luxe d'une demi-page en continuité séquentielle de toute beauté, avec une décomposition des mouvements dans l'espace, une perspective remarquable et dynamique.

Mais Carnero en a encore sous le pied et quand le vaisseau géant apparaît au dessus de la Forge, elle n'hésite pas à cadrer l'action avec des cases verticales, ce qui est rare dans un média s'inspirant volontiers désormais des écrans de cinéma et donc d'une horizontalité majoritaire. Là encore, l'effet produit est très efficace, parfaitement dosé, en plus de laisser Captain America et le lecteur dans un situation haletante.

Les dernières pages sont également superbes, dans une maison de jeu à Madripoor et le retour choc d'un personnage (mais je ne spoilerai pas). Les couleurs de Nolan Woodard s'ajustent à merveille au trait de l'artiste et nuancent les scènes avec à-propos. Ce qui frappe, c'est que la palette privilégie la luminosité, ce qui, là aussi, distingue la série, comme un quasi-manifeste.

Captain America : Sentinel of Liberty est une lecture jubilatoire, l'écriture est emballante (même si pour une scène, elle flirte avec la ligne jaune) et le dessin abouti. Peut-être pas révolutionnaire, mais franchement accrocheur.

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