jeudi 28 juillet 2022

ANT-MAN #1, de Al Ewing et Tom Reilly


Le nom de Al Ewing rend désormais chacun de ses projets attractifs. Aussi quand il décide de consacrer une mini-série en quatre épisodes à Ant-Man pour le soixantième anniversaire de la création du personnage, forcément on est curieux de la manière dont il va animer l'homme-fourmi. Et il est bien accompagné par Tom Reilly, jeune artiste très prometteur.


2549 après J.C. . Le Ant-Man du futur remonte le temps jusqu'au début de la carrière super-héroïque de Hank Pym. Celui-ci, importuné par un garnement au cinéma, décide de le corriger.


Mais il est alors capturé par quatre de ses ennemis qui l'embarquent chez eux pour se venger des fois où il les a faits arrêter. Juste avant qu'on lui retire son casque, Hank transmet un S.O.S. aux fourmis.
 

Alors qu'elle est encore dans la salle de cinéma, Janet Van Dyne reçoit l'appel à l'aide de Hank et se change en guêpe pour lui permettre de neutraliser ses ravisseurs.


C'est alors que Hank Pym est surpris par le Ant-Man de 2549 qui l'entraîne dans son futur. Il requiert son aide contre une menace provenant du passé et qui pourrait altérer l'espace-temps...

Comme je le disais en préambule, Al Ewing est un scénariste que je trouve suffisamment intéressant désormais pour me pencher avec curiosité sur ses différents projets. Sans ça, me serai-je procuré le premier des quatre épisodes de cette mini-série produite pour fêter le soixantième anniversaire de Ant-Man ? Pas sûr.

Certains verrotn dans l'initiative une énième tentative de Marvel de surfer sur la vague d'un héros mineur de l'éditeur mais qui est devenu, par ailleurs, une vedette du MCU (et un des rares survivants des Avengers au ciné). Pourtant, le prochain long métrage avec Ant-Man (Ant-Man & the Wasp : Quantumania) ne sortira qu'au Printemps 2023, donc il serait très exagéré de prétendre que ce comic-book profite du film.

Ce qui séduit d'entrée de jeu dans l'approche adoptée par Ewing, c'est qu'il a écrit son script comme quelque chose de très ludique, s'amusant en voix off du mystère sur l'identité du Ant-Man de 2549, du cliffhanger en fin d'épisode, et des rebondissements qui vont ponctuer le récit.

Ensuite, le scénariste embrasse Ant-man comme concept en interrogeant non seulement qui il est, mais quand, où, pourquoi il est. Et à partir de là, on comprend que chaque épisode va être conçu d'une manière à la fois référencée (avec des renvois précis à des épisodes de Tales to Astonish) et désirant malgré tout rester accessible.

Effectivement, tout est abordable, on n'est jamais noyé par ces renvois de bas de page, et il n'y a donc pas besoin de faire de la spéléologie dans les comics des années 60 pour savoir de quoi Ewing parle. C'est très appréciable. De toute manière, l'auteur reste léger, car, comme il l'a expliqué, il a d'abord voulu respecter l'esprit et la lettre de chaque époque traversée par le héros miniature.

Et, pour ceux qui, comme moi, ont par exemple lu quelques aventures de Ant-Man datées des années 60, dans les pages de Strange Spécial Origines, par Stan Lee et Don Heck, on retrouve ce côté suranné et même ridicule des débuts de Hank Pym. Les ennemis sont à cet égard croquignolets, comme leur alias suffit à les résumer (le Laveur de Fenêtres, le Maître du Temps, Trago, le Protecteur). Vous pouvez rire sans gêne en voyant l'un d'eux paralyser Ant-Man avec du produit pour nettoyer les vitres : c'est volontaire ! Et ça montre que si Stan Lee n'était pas toujours inspiré, il gardait le sens de l'humour et même de l'absurde.

A ce stade de ma critique, il faut que je m'attarde sur l'aspect visuel de l'épisode car Tom Reilly, avec la coloriste Jordie Bellaire, accomplissent un travail remarquable. En effet, Reilly (que j'avais découvert sur la série avortée Astro Hustle) et Bellaire ont tout fait pour que les planches reproduisent l'aspect pulp, bon marché de l'époque des Tales to Astonish. Le papier est donc jauni artificiellement et le trait imite fabuleusement celui de Don Heck, jusque dans les effets de texture (notamment pour la partie métallique du casque de Ant-Man). Les designs sont scrupuleusement respectés et c'est un régal de simplicité et d'élégance vintage.

Le découpage de Reilly est aussi sobre que les comics de jadis, dès que l'action se situe dans les années 60, après les premières pages dans le futur. Bellaire applique des couleurs un peu délavées, un peu passées, comme si le comic-book avait été mal conservé. Du coup, les teintes les plus franches ressortent plus intensément, comme le rouge du costume de Ant-Man.

Et quand, à la fin du chapitre, Hank Pym est projeté en 2549, l'encrage est encore plus économe au profit de couleurs plus nettes et vibrantes, avec des effets de matière plus prononcés, comme le remarque le héros lui-même. C'est franchement superbement joué. Et le style très épuré naturellement de Reilly est impeccable pour cet exercice.

Au passage, Ewing distille des clins d'oeil malins puisque le garnement qui jette du popcorn sur Pym dans le cinéma est Eric O'Grady, le Ant-Man créé par Robert Kirkman et Phil Hester. Plus loin, lorsque la Guêpe vole au secours de Pym, elle raisonne d'une façon irrésisitible un cambrioleur de ne pas commettre son méfait et on comprend qu'il s'agit de Scott Lang, le Ant-Man popularisé par le MCU (et notamment animé dans les comics par Nick Spencer et Ramon Rosanas). Bien entendu, tout cela est tout sauf innocent, ces différentes incarnations du personnage sont liées, et pas seulement par le fait d'avoir été Ant-Man. On regrette alors presque déjà que Al Ewing n'ait que quatre épisodes car il aurait pu aussi évoquer les déclinaisons de Ant-Man (Giant-Man, Goliath, Yellowjacket, UltronPym, etc.).

Mais le projet est déjà excitant et ce premier épisode est suffisamment dense, imprévisible et amusant pour que cette mini-série se distingue. Peut-être même que, enfin, au bout, on aura droit à une rédemption pour Hank Pym...

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