vendredi 10 juin 2022

THE BLUE FLAME #6, de Christopher Cantwell et Adam Gorham


Ce sixième épisode de The Blue Flame est une nouvelle grande réussite, riche en rebondissements. La série connaît vraiment un second souffle et Christopher Cantwell sait ménager ses effets. De son côté, Adam Gorham continue de tenir bon, livrant ses épisodes sans retard et avec une qualité constante assez bluffante.


Une nouvelle séance du procès débute : Blue Flame présente les membres de la Brigade de Nuit, pour en faire des exemples de que l'humanité peut produire de meilleur pour la justice.


Sur Terre, Dee est sans nouvelles de Mateo et Sam appelle Reed à l'aide pour qu'elle active ses contacts. Sur ce débarque le père de Crimson Visage, un des membres de la Brigade de Nuit.


Yarix contre attaque en révélant des secrets sordides au sujet des membres de la Brigade de Nuit. Blue Flame, incrédule, est sûr que son adversaire ment. Jusqu'à ce qu'il évoque Crimson Visage...


Reed réussit à localiser Mateo : il a été arrêté par les services de l'immigration et placé en centre de rétention. En l'apprenant, Sam pense savoir qui a provoqué cela et s'absente...

Bon, je vois bien, en consultant le nombre de vues sur les critiques concernant The Blue Flame que l'intérêt est en train de retomber de votre côté. Je ne vous en tiens pas rigueur et je le pressentais en me lançant dans des commentaires sur une mini-série publiée par un éditeur indépendant depuis plusieurs mois, alors que, par ailleurs, en ce moment l'actualité des comics est focalisée sur des sorties plus attirantes sûrement.

Peut-être n'ai-je pas choisi la stratégie la plus adaptée en consacrant une entrée pour chaque épisode. Peut-être auriez-vous préféré un ou deux articles résumant les huit numéros déjà sortis avant le neuvième qui sera dispo Mercredi prochain. C'était un pari de ma part pour vous intéresser à un titre dont vous n'aviez sûrement pas entendu parler... Avec moitié moins de vues entre deux critiques à son sujet, je constate mon échec. Pour la critique des épisodes 7 et 8, je vais donc sûrement concentrer tout en une seule entrée. Mais pour ceux que ça intéressera encore, j'irai jusqu'au terme de la mini-série (donc jusqu'au #10, en Août).

Ceci étant précisé, revenons au fond de The Blue Flame #6. Et c'est un des meilleurs épisodes de la mini-série jusque-là. On est vraiment au coeur du procès et les échanges entre Blue Flame et Yarix sont vraiment terribles, aussi âpres et disputés qu'un combat à mains nues.

Ce qui esst surtout épatant, c'est qu'on découvre en même temps que Blue Flame, encore une fois, que tout n'est pas ce qu'il semblait. Il est ainsi question de la Brigade de Nuit, brandie par le héros comme un groupe de justiciers aux motivations et aux méthodes nobles et humbles dans un premier temps. Avant que le procureur ne démolisse méticuleusement ce portrait (trop) flatteur.

La scène atteint son climax avec la rétrospective concernant Crimson Visage, le membre le plus mystérieux de la Brigade. D'origine améridienne, il a fui les siens pour s'engager dans l'armée et servir sur des théâtres de guerre où, déjà, son comportement a posé problème. Devenu mercenaire, il intègre un groupuscule d'extrème-droite, une milice avec laquelle il commet de nouvelles exactions sous le prétexte fallacieux de servir la justice. Suite à ce qui ressemble à un attentat contre cette cellule factieuse, il disparaît à nouveau des radars. Et ne reparaît que sous le masque de Crimson Visage quand la Brigade de Nuit se forme à son initiative. Il a une aventure (platonique ?) avec sa partenaire Swiftbird, qui finance les activités du groupe, mais il fait usage de la force et tue même quand ses acolytes ont le dos tourné (un moment particulièrement fort et glacial, magistralement mis en images par Adam Gorham, qui, tout au long de ce flashback, prouve sa science impeccable du découpage).

Si l'épisode s'en était tenu là, il aurait déjà été extraordinaire. La façon dont Yarix désintègre la défense de Blue Flame, révèle la vérité sur ses compagnons d'armes, est terrible. La préparation de Blue Flame s'avère largement insuffisante, Yarix a plusieurs coups d'avance, ce qui confirme qu'il prenait des notes pour démolir le héros terrien quand il buvait un verre avec lui précédemment. Christopher Cantwell n'en reste pourtant pas là.

Car, sur Terre, un coup de théâtre va aussi tout balayer dans la vie de Sam Brausam et de sa soeur Dee. Mateo est arrêté par les services de l'immigration. On va découvrir qu'il a été dénoncé et Sam soupçonne vite celui qui a fait cela, ce qui renvoie une nouvelle fois le lecteur à une scène dans l'épisode précédent.

C'est cette façon qu'a la série de ne jamais rien laisser en plan, de faire tout converger, de tout lier, qui est certainement le plus enthousiasmant dans sa lecture. Cantwell développe et exploite vraiment tout qu'il présente, rien n'est de trop, rien n'est laissé de côté. Et Gorham agit de même au dessin en veillant à mettre en images de la manière la plus simple possible ce qui se passe. Notre vigilance est en quelque sorte endormie par cette simplicité, et donc, subséquemment, le choc est bien plus grand quand un rebondissement vient tout remettre en question. 

C'est une approche incroyablement risquée mais payante quand elle fonctionne comme ici. Assoupir le lecteur, dessiner l'histoire sans avoir l'air d'y toucher, sans effets de manche, juste avec application, avec soin, et paf ! prends ça dans la tronche ! On croit que le pire est passé, que Sam Brausam comme son alter ego Blue Flame ont encaissé le plus dur, et c'est reparti pour un tour. L'attaque est souvent indirecte, de côté. Mais tous les personnages sont impactés. Gorham illustre parfaitement le propos de Cantwell en jouant la même partition que lui : on sent une osmose absolue entre le scénariste et l'artiste, ils vont dans la même direction, se comprennent parfaitement. C'est extra.

Alors, certes, ce n'est pas hyper spectaculaire et on se rend bien compte que les références évidentes du début de la série (Adam Strange, Green Lantern, Flash Gordon) n'étaient que des appâts cosmétiques. The Blue Flame n'a rien d'une grande aventure cosmique ponctuée de bastons épiques, sa véritable nature est plus psychologique, intimiste. Ici, on doit sauver la Terre durant un procès et non en affrontant des aliens belliqueux. Ici, on doit lutter contre ses démons dans des conflits terre-à-terre. Mais c'est aussi en déjouant les attentes du fan que The Blue Flame impose son identité, sa singularité et sa qualité.

Peut-être est-ce aussi pour cela que vous êtes moins nombreux qu'au début à lire mes critiques sur cette série, parce que vous vous attendiez, comme moi, à autre chose. Tant pis. Mais pour, comme je le disais plus haut, pour ceux que ça intéresse encore, croyez-moi, on n'est pas au bout de nos surprises !

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