Magister de la Tour de Sagess et conseiller auprès du trône d'Attilan, Karnak accepte d'aider Phil Coulson du S.H.I.E.L.D. dans une affaire concerant l'enlèvement d'Adam Roderick exposé aux brumes terrigènes par un organisation religieuse, l'I.D.I.C. (International Data Integration Control).
vendredi 27 mai 2022
KARNAK : THE FLAW IN ALL THINGS, de Warren Ellis, Gerado Zaffino, Antonio Fuso et Roland Boschi
jeudi 26 mai 2022
HELLBOY AND THE B.P.R.D. : NIGHT OF THE CYCLOPS, de Mike Mignola et Olivier Vatine
Et on en arrive au n° de Hellboy and the B.P.R.D. sorti cette semaine. Night of the Cyclops est un mini-événement puisque Mike Mignola, qui a écrit seul le scénarion de ce one-shot, en a confié les dessins au français Olivier Vatine. Artiste trop rare, celui-ci doit être (corrigez-moi si je me trompe) le premier de nos compatriotes à s'illustrer sur le détective du paranormal. Et le résultat est à la hauteur des espérances.
Toujours furieuse, la déesse exige que Eros renonce à son amour pour Aelita. Il s'exécute en tirant une flêche en or sur Hellboy...
Celui-ci, je l'avais noté sur mes tablettes depuis son annonce : pensez, Olivier Vatine dessine un one-shot de Hellboy and the B.P.R.D. ! Immanquable ! Et avec Mike Mignola seul au scénario ! C'était certain que ça allait être beau et bon. Et c'est bien le cas.
L'action de cette histoire se situe au début des années 60 en Grèce. Le décor est déjà atypique car, après les histoires de maisons hantées que j'ai critiquées récemment, on est là à Thessalie, en plein soleil, loin de tout. Hellboy vient d'appréhender un minotaure - la routine, quoi - le confie à l'agent Dryades du BPRD. Lui reste sur place pour visiter les environs car on devine qu'il ressent quelque chose de spécial sans savoir le nommer. Il ne se doute pas à quel point, effectivement, ce qui l'attend est renversant.
Mignola, cette fois, abandonne toute ironie et nous embarque dans une aventure dépaysante et poétique, avec de nombreuses allusions mythologiques. Mais ici pas de Grands Anciens à la H.P. Lovecraft, pas d'horreur, plutôt une échappée belle, avec quelques péripéties spectaculaires, de la romance aussi.
En voulant attraper une chêvre dont il est persuadé qu'elle lui a parlé, Hellboy fait une chute impressionnante mais à laquelle il survit sans problèmes (le démon a la peau dure et la carapace forgée). Il découvre que la chèvre est devenue une faune séduisante, qui se balade dans le plus simple appareil et qui s'appelle Aelita. Le paysage a également complètement changé pour faire place à un coin de nature paradisiaque. Sauf que cet éden est menacé...
La colère jalouse d'Aphrodite, la romance entre Eros et Aelita, un cyclope : tout s'enchaîne alors à vive allure. Mignola appuie sur l'accélérateur sans pourtant bâcler : son récit est fascinant, dramatique aussi, mais malgré tout empreint d'une sorte de béatitude grâce à la somptuosité des planches d'Olivier Vatine. Ce dernier fait des merveilles : il n'a pas besoin de grand-chose pour planter un cadre (une magnifique double page) et orne les cases de la largeur de la bande d'une frise pour renvoyer à l'imagerie des illustrations antiques.
Il faut aussi ajouter que, chose rarissime, Dave Stewart a cédé sa place de coloriste au français qui s'acquitte de la charge avec une maestria folle.
On suspend souvent sa lecture pour le simple plaisir de contempler les vignettes, d'apprécier la composition générale des planches. Vatine n'utilise pas beaucoup de cases, il a une narration très aérée, et aucun cadre n'est chargé en informations graphiques. Le trait est fluide, élégant. C'est un enchantement.
Lorsque paraît le cyclope, Mignola emballe l'histoire dans une suite de scènes spectaculaires où le sens du découpage de Vatine rend tout encore plus dynamique. Le combat, déséquilibré, entre le monstre et Hellboy s'achève avec une châtiment qui renvoie à la manière dont Ulysse s'était débarrassé de Polyphème dans L'Odyssée.
Mais le meilleur reste à venir avec le retour d'Aphrodite que Vatine représente dans toute sa grandeur et sa majesté terribles. Lorsqu'elle va écraser Hellboy et Aelita sous son pied, l'artiste fait sentir tout le poids de la géante en montrant progressivement que le couple s'enfonce dans le sable tandis que Eros tente de la raisonner. Il consent à un cruel sacrifice pour qu'elle épargne les malheureux qu'elle a autrefois maudit.
L'épisode se conclut de manière troublante. Presque une pirouette. Tout est allé très vite mais le lecteur comme Hellboy se demande si c'était un rêve. Mignola ne répond pas à cette interrogation, intelligemment il laisse à chacun le soin de se faire un avis. Mais avec Vatine, il nous a conviés à une des plus belles aventures de Hellboy (le BPRD a été singulièrement absent, comme souvent en fait dans ces nouvelles).
DEVIL'S REIGN : OMEGA, de Chip Zdarsky et Roberto De Latorre, Jim Zub et Luciano Vecchio, Rodney Barnes et Guillermo Sanna
Devil's Reign : Omega vient conclure "officiellement" (selon le terme employé par l'editor) l'event écrit par Chip Zdarsky. A la lecture pourtant, on a davantage le sentiment que ce numéro d'une trentaine et quelques pages sert surtout de rampe de lancement à trois futures séries (dont deux sont déjà "officialisées") : la relance de Daredevil, toujours par Zdarsky et Marco Checchetto, et la mini Thunderbolts, par Jim Zub et Sean Izaakse. Plutôt dispensable donc, sauf pour les complétistes.
mercredi 25 mai 2022
HELLBOY AND THE B.P.R.D. : THE SECRET OF CHESBRO HOUSE, de Mike Mignola, Christopher Golden et Shawn McManus
Hellboy and the B.P.R.D. : The Secret of Chesbro House est une histoire complète en deux parties. Mike Mignola l'a co-écrite avec Christopher Golden et en a confié les dessins à Shawn McManus. Une nouvelle fois, il est question d'une maison hantée et de secrets de famille bien flippants : on est donc en terrain connu. Mais c'est efficacement mené et superbement mis en images.
ELEKTRA : BLACK, WHITE & BLOOD #4, de Matthew Rosenberg et Alberto Albuquerque, Peach Momoko, Kevin Eastman et Freddie E. Williams
mardi 24 mai 2022
HELLBOY AND THE B.P.R.D. : THE SEVEN WIVES CLUB, de Mike Mignola et Adam Hughes
Comme ce sera une semaine très maigre en nouveautés à critiquer, je vais revenir sur des lectures que je n'ai pas commentées quand elles sont parues. Et quelque chose que j'aime bien lire pour, disons, me changer les idées, ce sont les one-shots ou mini-séries Hellboy and the B.P.R.D.. C'est rapide, souvent divertissant, on n'a pas besoin d'être très cultivé sur cet univers. Et The Seven Wives Club par Mike Mignola et Adam Hughes est un régal.
ETERNALS #12, de Kieron Gillen et Esad Ribic
Les Eternels sont-ils maudits ? On peut sérieusement se poser la question. Jack Kirby les avait imaginés lors de son retour chez Marvel en prolongeant les idées non développées qu'il avait pour les New Gods de DC, mais sans être couronné de succès. Neil Gaiman leur redonnera leur heure de gloire mais ne souhaitera pas animer une série régulière, laissant cette tâche à Charles et Daniel Knauf, qui ne convertiront pas leurs efforts en triomphe.
Kieron Gillen de retour lui aussi chez Marvel semblait bien parti pour réussir un gros coup après un premier arc de haute facture. A tel point qu'il obtint de Marvel quelques mois de pause pour que son dessinateur puisse souffle en échange de la parution de one-shots pour compléter son projet, avec d'autres artistes. Mais le scénariste s'est ensuite complètement perdu pour aboutir à un second acte navrant.
Eternals témoignent de l'incapacité chronique de Marvel et de ses auteurs à non seulement revitaliseer sur la durée les concepts les plus radicaux de Kirby mais aussi à animer des personnages très puissants (Thor excepté). Dotés de pouvoirs multiples, les Eternels semblent trop forts pour exister dans le schéma établi par Stan Lee des "héros à problèmes" avec lesquels le lecteur peut s'identifier. Et même l'astuce de Gillen, assurant l'éternité de ces héros à la mort d'humains, n'a pas suffi à créer une empathie suffisante. Parce que, simplement, le scénariste n'a pas exploité cette idée ensuite.
L'autre erreur de Gillen, à mon avis, c'est d'avoir introduit Thanos dans son projet. Légitimement, les fans de Marvel, et du MCU par ricochet, ont dû en avoir marre de revoir le titan fou, même s'il incarnait une menace crédible pour les Eternels. L'échec artistique du film de Chloé Zhao n'a pas dû aider non plus, avec des Eternels trop réécrits pour s'y retrouver (et dont on peut dès lors douter qu'ils auront un impact sur de futurs films, à supposer qu'ils aient droit à une suite).
Avec le recul, il y a des bouts d'idées intéressants dans cet arc, comme le fait que Thanos soit défini comme mi-Eternel, mi-Déviant, ce qui l'empêche de communier avec la Machine, d'où sa décision de la détruire, ce qui entraînerait la fin de notre monde. Mais c'est bien peu et surtout c'est trop laborieusement développé pour captiver. Gillen s'est moqué de lui-même sur Twitter en relevant qu'il avait beaucoup décompressé sa narration dans ces six derniers épisodes, prenant pour exemple le fait que Sersi passait trois épisodes dans un bain avec Namor. Mais derrière l'autodérision, il y a un malaise, provenant du sentiment que Gillen a écrit tout ça sans se relire, sans se rendre compte de ses errements.
Et puis, enfin, l'annonce de l'event Judgment Day dans lequel les Eternels occupent le rôle des méchants a plombé l'intérêt qu'on pouvait avoir pour eux. Cela sent l'enterrement en grandes pompes pour des personnages, que Jason Aaron avait déjà montrés morts dans Avengers, et qui ne reviendront certainement pas de sitôt ensuite. Cela rappelle évidemment le forcing de Marvel à une époque pour subsituer aux mutants les Inhumains (dont l'éditeur n'avait plus les droits d'exploitation cinématographiue) et qui s'était soldé par un échec aussi retentissant. Les fans n'aiment pas qu'on tente de remplacer des héros qu'ils adorent depuis des décennies par des seconds couteaux. Il faut désormais espérer que Judgment Day sera plus réussi que le sinistre Inhumans vs X-Men, et que Gillen écrita un event sans intention de se payer sur le dos des mutants...
Esad Ribic aura beau eu avoir du temps pour dessiner ce second arc, il n'aura pas fait illusion, devant même être supplée en partie pour un épisode et complètement remplacé pour un autre. Restent donc quatre numéros réalisés par lui seul et pour un résultat qui n'a rien de fameux.
Pour un dessinateur de son calibre, avec sa technique, c'est même limite indigne. Cet ultime chapitre est un concentré de tout ce que Ribic peut rater. Des finitions paresseuses, des décors à peine tracés, des personnages aux expressions figées, souvent désastreuses. Des compositions hasardeuses surtout, avec des scènes d'action maladroites (et je reste gentil). Mal chronique chez Marvel (un petit peu moins chez DC), l'attribution de séries exposées à des artistes en difficulté avec les délais aboutit à des résultats aussi affligeants et frustrants pour le lecteur.
Matthew Wilson a joué les pompiers de service dans cette catastrophe, mais un coloriste aussi doué soit-il ne peut parfois que souligner l'échec de l'entreprise dans laquelle il est engagé. Lorsqu'il se met au service d'un artiste compétent et appliqué (comme son partenaire favori, Chris Samnee), Wilson l'accompagne avec tout le sérieux et le talent qu'on lui reconnaît. Quand il est livré à lui-même parce que Ribic semble ne plus vouloir/pouvoir faire plus, les carences du dessinateur sont encore plus criantes en constatant tout ce que le coloriste doit combler.
J'ai tenu jusqu'au bout, mais il est certain que désormais quand je verrais un comic-book écrit par Gillen, j'y réfléchirai à deux fois avant de l'acheter. Cela me préoccupe pour Judgment Day car je vais surtout le lire pour Valerio Schiti et en souhaitant que les X-Men ne soient pas saccagés par cet event. On verra bien.
lundi 23 mai 2022
DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS, de Sam Raimi (2022) (Critique avec Spoilers !)
Deux scènes supplémentaires surviennent après la fin :
- dans la première, Strange est interpelé par Clea dans une rue de New York pour réparer une Incursion qu'il a causée en se servant du Darkhold.
- Dans la seconde, un vendeur de pizzas sur la Terre-838, que Strange avait voulu corriger après avoir traité Chavez de voleuse, voit le sort dont il était victime prendre fin.
La Phase 4 du MCU désoriente beaucoup certains fans des productions Marvel Studis car, contrairement à ce qui se faisait précédemment, il n'y a pas vraiment de fil rouge entre les films, comme Thanos et les Pierres d'Infinité auparavant. On avait cru que Kang serait le grand méchant de cette nouvelle période, mais à part dans la série Loki, l'an dernier, le conquérant temporel n'a plus fait d'apparition.
Qu'il s'agisse donc de Black Widow, des Eternels, de Spider-Man ou de Doctor Strange, les films existent désormais sans quelque chose qui les relie. Etait-ce une intention programmée dès le lancement de cette nouvelle Phase ? Ou une conséquence de la pandémie mondiale qui a obligé Marvel/Disney comme toutes les majors à réviser leurs plans pour leurs franchises à succès ? Sans doute un peu des deux puisque Kevin Feige, le big boss du MCU, a souvent expliqué qu'il souhaitait tenter de nouvelles choses, ne plus dépendre des Avengers (allant même jusqu'à affirmer que Endgame était bien le dernier long métrage avec l'équipe, il est vrai amputé de membres emblématiques comme Iron Man et Captain America).
Ces expériences n'ont pas été très heureuses, il faut bien le constater. Black Widow n'a rien apporté. Les Eternels a été un ratage sidéral. Spider-Man : No Way Home, très bien par ailleurs, a surtout confirmé que le MCU dépendait de ses héros iconiques restants. Pendant ce temps, en revanche, sur Disney+, on a tenté davantage, avec certes plus ou moins de bonheur, mais de manière très intéressante quand ça fonctionnait - particulièrement avec Loki et WandaVision.
Ce qui frappe avec Doctor Strange in the Multiverse of Madness en fait, c'est que pour la première fois on doit, pour comprendre le film, avoir vu les séries Marvel sur Disney+ et plus spécialement Loki et WandaVision. Loki car cela a introduit la notion du Multivers de Marvel. Et WandaVision pour saisir l'état dans lequel on retrouve Wanda Maximoff ici, avec une mention aux "événements de Westview", aux fils de la Sorcière Rouge, et à la motivation de sa quête qui s'oppose à celle de Stephen Strange dans l'intrigue.
Le scénario de Michael Waldron intrègre donc des éléments qui n'ont pas été développés dans des longs métrages de cinéma mais dans des productions pour le streaming. C'est en quelque sorte une boucle puisque le MCU dans les salles s'est cosntruit comme une série de films aboutissant aux réunions régulières et paroxystiques des Avengers (Avengers, Avengers : l'ère d'Ultron, Avengers : Infinity War, Avengers : Endgame). Et aujourd'hui que le MCU s'étend au streaming via des séries, ce sont les films qui viennent puiser leurs idées motrices chez elles.
Il est donc question sur le fond et sur la forme de passage entre deux médias, deux univers. C'est le concept même du Multivers, une idée scientifique sérieuse au départ et exploitée de manière fantaisiste pour le divertissement cinématographique et télévisuel. Waldron transpose cela de façon encore plus directe que c'était le cas dans Spider-Man : No Way Home où il s'agissait "seulement" d'attirer dans notre monde des Spider-Man d'autres Terres. Là, les héros explorent ce Multivers plus activement en visitant d'autres Terres, mais pas gratuitement, pour faire une sorte de tourisme, mais pour sauver cette construction dimensionnelle et contrecarrer le plan fou de la Sorcière Rouge.
Le seul bémol concernant le scénario concerne, pour moi, la présence des Illuminati. Je trouve cette idée sous-exploitée et ses membres trop vite (et trop facilement) sacrifiés (peut-être aussi parce que leurs interprètes n'ont pas vocation à revenir dans le MCU). Certes, ça fait plaisir de revoir par exemple Patrick Stewart en Pr. X, Hayley Atwell en Captain Carter, ou même Anson Mount en Black Bolt, mais c'est léger. La déception est accentuée par le fait que la rumeur Tom Cruise en Superior Iron Man n'ait été qu'une rumeur. Et je ne suis vraiment pas fan (ni convaincu) par John Krasinski en Mr. Fantastic.
D'aucuns jugeront qu'en fait de Multivers et de Terres parallèles, on n'en voit pas beaucoup. Sam Raimi aurait d'abord monté une version plus longue de son film (aux alentours de 2h 40, ai-je lu) avant de couper une demi-heure (non pas sur ordre de la production mais de son propre gré). Etonnant revirement, surtout dans le MCU où les longs métrages excèdent souvent les 120'. Mais ce choix artistique s'avère payant car le résultat est incroyablement rythmé, et surtout ne donne pas l'impression qu'il manque des scènes (peut-être montrant d'autres Terres, sans réelle justification autre que de les montrer justement). Et la rumeur court que le prochain volet de Thor, Love and Thunder, aboutit elle aussi à une durée plus ramassée encore !
Cela, je le répéte, ne me semble à aucun moment préjudiciable pour l'histoire. Sam Raimi met toute sa science de la mise en scène, avec des gimmicks esthétiques qu'il affectionne (zooms, décadrages vertigineux, narration parallèle), au service du script et des personnages, et donne au film une griffe plus stylisée que la moyenne de ce qu'on voit dans le MCU (où ce sont surtout des trublions comme Taïka Waititi et James Gunn qui se font remarquer). La caractérisation en ressort plus saillante et dramatique, avec un accent prononcé pour celle de Wanda qui, certes, devient la méchante de l'affaire, mais avec un final qui, sans l'absoudre, rend sa trajectoire vraiment poignante. Strange reste ce Doctor arrogant mais bien remué par ces péripéties au contact de America Chavez, qui est le pivot de l'intrigue.
L'interprétation rend justice à cette double écriture, narrative et visuelle. Sam Raimi dispose d'acteurs parmi les plus doués pour la composition du MCU. Benedict Cumberbatch subit beaucoup (trop selon certains commentateurs) mais compense par son charisme naturel et insuffle à son personnage de subtil dosage entre suffisance et débrouille, soulignant que Strange n'est pas un super-héros commun mais bien un docteur qui doit réparer (y compris ses propres erreurs). Elizabeth Olsen, déjà remarquable dans WandaVision, profite ici d'un retour en fanfare et délivre une prestation magistrale, inquiétante et fragile à la fois. La jeune Xochitl Gomez n'a pas l'envergure de la Miss America Chavez des comics (représentée dans la vingtaine, et non comme une ado, athlétique et avec un caractère bien trempé, non comme une héroïne ne maîtrisant pas ses pouvoirs et impressionnable), mais elle convainc de plus en plus à mesure que le film progresse, par sa fraîcheur (il est aussi indéniable que le choix d'une actrice aussi jeune fait partie d'un plan plus vaste de Kevin Feige, qui pense peut-être à un futur film Young Avengers avec Hailee Steinfeld/Hawkeye/Kate Bishop, Iman Vellani/Kamala Khan/Ms Marvel, Dominique Thorne/Riri Williams/Iron Heart...).
Et, cadeau bonus, dans la première scène post-générique, on découvre Charlize Theron dans le rôle de Clea (même si son nom n'est pas dit). Le recrutement d'une actrice de ce rang pour un personnage aussi lié dans les comics à Strange indique qu'on la reverra.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness est un excellent cru. Après Spider-Man : No Way Home, cela prouve qu'il est plus attractif et convaincant de prolonger la filmographie du MCU avec ses têtes d'affiche (et à utiliser d'autres héros, moins vendeurs ou jamais adaptés dans des séries sur Disney+). Au-delà, c'est un divertissement souvent virtuose dans sa réalisation et fantastique dans son interprétation, le tout avec un scénario vif et mouvementé.