dimanche 13 mars 2022

EXCALIBUR BY TINI HOWARD VOL. 1 & 2 TP




Excalibur version Dawn of X (la période qui a suivi House of X/Powers of X) est une série que je n'ai pas suivie, lui préférant X-Force. Mauvais calcul. Et donc séance de rattrapage grâce à ces deux TPB prêtés par un ami fan du titre et qui collectent les douze premiers épisodes du run écrit par Tini Howard. Les dessins sont signés Marcus To, à l'exception du #7 et d'une partie du #8 par Wilton Santos.
 

(#1-6) - Royaume d'Avalon, Outremonde. Le roi Arthur et la reine Guenièvre ont disparu et la fée Morgane a pris leur place sur le trône. L'apparition d'une végétation étrangère au royaume oriente ses soupçons en direction de Krakoa, l'île-nation des mutants. Elle ordonne donc au couvent Akkaba, basé en Angleterre, de remédier à cette intrusion.


A Krakoa, justement, les Cinq viennent de ressuciter Jamie Braddock, ce qui contrarie Betsy Braddock, déjà mal à l'aise à l'idée de côtoyer Kwannon/psylocke dont elle a longtemps occupée le corps. Elle rejoint son autre frère, Brian, alias Captain Britain, en Angleterre, mais sans l'informer du retour de Jamie.. Brian doit se rendre dans l'Outremonde pour contrer Morgane.


Betsy l'y accompagne et assiste à l'enchantement lancé par Morgane sur Brian. Ce dernier, avant d'y succomber, a juste le temps de remettre à sa soeur son amulette magique qui en fait la nouvelle Captain Britain. Pendant ce temps sur Krakoa, Apocalypse, apprenant les difficultés de Betsy, assemble une équipe pour la secourir en recrutant Gambit, Malicia, Jubilé puis Rictor, qui, tous, se méfient de ses réelles intentions.


Pour accèder à l'Outremonde, ils se rendent en Angleterre à l'ancien phare qui servait de repaire à la première formation d'Excalibur. Utilisant ses pouvoirs, Malicia ouvre un passage mais tombe dans le coma. Affolés, les mutants passent malgré tout dans l'Outremonde aider Betsy. Apocalypse négocie un duel entre Betsy et Brian pour le gain d'Avalon. Victorieux, il place sur le trône Jamie Braddock et capture Morgane tandis que Brian renonce à son titre de Captain Britain pour vivre tranquille auprès de sa femme Meggan et leur enfant...


(#7-8) - Morgane vaincue et remplacée par Jamie Braddock, Excalibur a compris qu'Apocalypse s'est servi de l'équipe pour une affaire plus personnelle qui consiste à accèder à un royaume secret de l'Outremonde. Pour complèter cette opération, il a besoin des Lycaons, les loups de guerre. Quelques spécimens se trouvent au zoo de Londres. Mais Cullen Bloodstone les acquis.


Il accepte de les remettre à Betsy si elle participe avec son équipe à une partie de chasse dans sa propriété. Mais quand les mutants se mettent à utiliser leurs pouvoirs pour prendre l'avantage, Bloodstone se fâche et traque ses invités...


(#9-12) - Parmi les leaders du couvent d'Akkaba, autrefois aux ordres de Morgane la fée, se trouvent de hauts dignitaires britanniques. Ils mènent une campagne anti-mutant qui aboutit à la destruction du portail reliant l'île à Krakoa. Kitty Pryde et Rachel Summers prêtent main forte à Excalibur pour rapatrier les mutants anglais persécutés.


Cependant, Betsy espère sauver le phare d'Excalbur, voie d'accès à l'Outremonde. Mais Opal Luna Saturnyne a deviné qu'Apocalypse suivait son propre agenda sur sa dimension et lance ses prêtresses contre l'équipe de mutants. Shogo, le fils adoptif de Jubilé, qui se transforme en dragon dans l'Outremonde, est blessé. De son côté, Jamie Braddock décide d'utiliser ses pouvoirs sur la réalité pour remodeler le paysage de son royaume...

Quand Dawn of X a débuté après House of X/Powers of X, il a fallu faire des choix, des paris de lecture. Pour ma part, je m'étais jeté sur X-Men et New Mutants (par Jonathan Hickman), Marauders (par Gerry Duggan) et X-Force (par Benjamin Percy). Une fois l'arc de New Mutants écrit par Hickman terminé, je laissai tomber ce titre. Puis, un peu plus tard, j'abandonnai X-Force. Lorsque X of Swords commença, sachant qu'une partie de son intrigue découlait de ce qui était raconté dans Excalibur, je regrettai quelque peu d'avoir fait l'impasse sur cette série.

Malgré tout, X of Swords resta une lecture abordable, qui ne nécessitait pas de tout connaître d'Excalibur. Toutefois, je me suis longtemps demandé si je n'avais pas raté quelque chose alors que je me suis entêté sur X-Force et que finalement Marauders s'est avéré très inégal.

Aussi quand un ami m'a proposé de rattraper le coup en lisant ce hardcover rassemblant les douze premiers épisodes de la série écrite par Tini Howard, j'ai saisi l'opportunité. D'autant que je venais de découvrir une preview de Knights of X #1 (la nouvelle série de Tini Howard, qui sera la suite directe de son run sur Excalibur) qui m'avait mis l'eau à la bouche (un mélange de récit de chevalerie et de super-héroïsme mutant, difficile de résister).

Ce volume consistant peut se diviser en trois parties, trois sessions de lecture. Le premier arc occupe les six premiers épisodes. Puis on enchaîne avec une histoire en deux numéros. Et on conclut avec un autre arc en quatre chapitres. Tini Howard construit quelque chose d'intéressant, parfois un peu trop touffu, mais qui est très solide et original, et qui explore le rapport des mutants de Krakoa à la magie.

Les six premiers numéros révèlent rapidement que la vedette de la série sera Apocalypse et on comprend alors d'autant mieux le cheminement qui mènera à X of Swords. En Sabah Nur a un plan qu'on découvre progressivement et qui formera la base du crossover mutant de 2020. En fait son objectif est d'accéder à l'Outremonde dans lequel se trouve le royaume d'Amenth où il a laissé repartir sa femme, Genesis, leurs enfants, et le peuple d'Arakko en condamnant le passage qui reliait Krakoa à Arakko quand il n'existait qu'un seul territoire mutant, Okkara.

Apocalypse profite d'une crise dans le royaume d'Avalon où Morgane la fée s'est assis sur le trône laissé vacant par le roi Arthur et qui oblige Captain Britain (Brian Braddock) à intervenir, accompagné de sa soeur, Betsy. Quand celle-ci se trouve en difficulté, il entraîne un groupe qu'il a assemblé (la nouvelle équipe d'Excalibur) pour s'emparer d'Avalon et donc accéder à l'Outremonde. Le combat contre Morgane et son remplacement par Jamie Braddock seront les premières étapes du plan d'Apocalypse en direction d'Amenth et Arakko.

Mais dans l'affaire, Excalibur et En Sabah Nur vont se faire une puissante ennemie en la personne de Opal Luna Saturnyne, la Majestrix Moniverselle qui gouverne tout l'Outremonde d'une poigne de fer grâce à sa fabuleuse puissance. Pour ne rien arranger, la déchéance de Brian Braddock au cours de l'histoire et sa succession en qualité de Captain Britain par Betsy irritent Saturnyne qui aime depuis toujours Brian et ne juge pas sa soeur digne de le remplacer.

Tini Howard compose un récit pas toujours facile à lire. Il faut dire que la scénariste a beaucoup à dire, elle ambitionne de dresser une carte de l'Outremonde, des forces en présence, tout en déployant les manigances d'Apocalypse. Pour ce faire, elle multiplie les data pages, quitte à saturer le lecteur. Elle évoque le grimoire dans lequel puise Apocalypse pour compléter des rituels qui ouvriront des passages vers ce nexus dimensionnel, mais aussi tire le portrait de personnages secondaires - et le casting est fourni entre Saturnyne, Excalibur, le couvent d'Akkaba, Morgane la fée, Jamie Braddock...

Pourtant, parce que l'intrigue est solidement élaborée, on la suit en persévérant et au bout des six premeirs épisodes, on est accroché. Certes Howard ne réussit pas tout (Gambit passe un peu trop de temps à maugréer, son passif avec Apocalypse étant très lourd), mais elle réserve des surprises spectaculaires (le rapport filial entre Apocalypse et Rictor, le sort de Shogo).

On peut alors passer au deuxième acte du recueil avec un récit en deux parties assez curieux qui convoquent les Lycaons, ces sales bestioles familières à ceux qui adorent le début du run de Claremont et Davis sur Excalibur, ces loups de guerre à l'aspect argenté et dont Apocalypse a besoin pour la suite de ses manoeuvres magiques. S'ensuit la rencontre avec Cullen Bloodstone et une partie de chasse qui ne soulève guère d'enthousiasme. Ce n'est vraiment pas passionnant par rapport à ce qui a précédé, comme si Tini Howard reprenait un peu son souffle avec une histoire peu consistante.

Heureusement, la scénariste enchaîne avec la conclusion du volume et un arc en quatre parties, plus convaincant et convaincu. Les six premiers épisodes ont posé les bases d'une confrontation avec Saturnyne qui, évidemment, va découvrir les manigances de En Sabah Nur pour pénétrer l'Outremonde. Brian Braddock déchu, elle est également contrariée que Betsy ait hérité du titre de Captain Britain.

En parallèle, des membres éminents du couvent d'Akkaba, au service de Morgane la fée, attisent les braises d'un sentiment anti-mutant. Le portail entre l'Angleterre et Krakoa est détruit comme les effigies de Charles Xavier et Jean Grey. Kitty Pryde et Rachel Summers (membres de l'Excalibur originel) interviennent en renfort pour protéger des mutants britanniques désormais persécutés. Reste la question du phare, ancien repaire de l'équipe et passerelle entre notre dimension et l'Outremonde.

Cette fois, c'est Saturnyne qui prend pour prétexte cette crise sur Terre pour lancer une offensive contre l'équipe de mutants. Ses redoutables prêtresses font des dégâts, en blessant Shogo. Mais les servantes de la Majestrix ne sont pas unies, des factions rebelles se dressent contre ses intentions belliqueuses et se rangent du côté de Captain Britain puisque le Corps des Captain Britain n'est plus. Le duel qui est inévitable se complique quand Jamie Braddock s'en mêle, allant jusqu'à créer de nouveaux Captain Britain modelés sur les membres d'Excalibur (ce qui prépare le terrain pour de futures intrigues, comme on l'a vu dans X of Swords et ensuite).

Tini Howard aime visiblement autant écrire Apocalypse que Saturnyne. Des lecteurs confondent parfois celle-ci avec Emma Frost et c'est vrai qu'elles se ressemblent, physiquement d'abord (de grandes et belles blondes, habillées de blanc) et psychologiquement ensuite (des femmes au caractère plein trempé, avec un fort ascendant sur les hommes et peu d'empathie pour les autres femmes). Mais Saturnyne est bien plus puissante que la Reine Blanche du Club des Damnés et elle incarne ainsi une sorte de contrepoint parfait à En Sabah Nur, mutant de niveau oméga, survivant d'un temps ancien.

La scénariste ne cherche pas, et c'est très bien, à adoucir Saturnyne, à nous la rendre aimable. C'est une vraie bitch, capricieuse, brutale, antipathique au possible. Son animosité envers Betsy fournit au récit des moments savoureux, mais sert aussi de révélateur pour les autres personnages (le coupe Malicia-Gambit embarqué dans des batailles qui les dépassent aux côtés d'Apocalypse envers lequel ils n'ont aucune confiance, Jubilé qui a peur pour son fils et du ressentiment pour Saturnyne, Rictor qui suit Apocalypse tout en assumant progressivement la puissance que ce dernier lui fait comprendre). Au final, tout est en place pour X of Swords dans un mouvement très habile et efficace (grâce à la découverte du rôle des Externels, ces mutants d'un autre âge comme En Sabah Nur qui va les trahir pour achever le passage vers l'Outremonde et le royaume d'Amenth).

L'autre grand intérêt de ce run, c'est la prestation impressionnante de son dessinateur. En effet, Marcus To réalise quasiment onze épisodes sur les douze de ce recueils. Une vraie performance quand on se rappelle que la série a démarré sur un rythme de parution soutenu (avec parfois deux numéros par mois).

Le style de To est simple et sobre. Mais il n'empêche, l'artiste s'approprie cet univers avec un brio remarquable. Il a redesigné les personnages, souvent superbement : Gambit y a gagné un look très classe, et Betsy Braddock un uniforme de Captain Britain élégant. Lorsqu'il doit taper dans l'oeil du lecteur et assumer le côté grand spectacle de l'histoire, To ne recule pas comme en atteste la transformation de Shogo en dragon.

Surtout, Marcus To est constant dans l'effort. Que l'action se situe dans l'Outremonde ou dans notre monde, dans le cadre arthurien du royaume d'Avalon avec des châteaux forts ou à Londres en proie à des manifestations anti-mutant, le dessinateur s'applique avec le même soin. Le découpage est souvent sage, mais chaque vignette, chaque page sont bien remplies. To ne fait jamais l'économie des décors ni de la figuration, et le résultat, c'est qu'on est rassasié après chaque épisode.

Bien entendu, To a quelques tics. Le plus notable est qu'il a tendance à représenter les personnages (à l'exception évidemment de Apocalypse) comme s'ils étaient plus jeunes que d'habitude. Sous son crayon, Betsy, Malicia, Gambit, Rictor n'ont pas l'air beaucoup plus âgé que Jubilé, ce qui est un peu troublant. L'artiste a aussi le goût du beau et donc, en conséquence, vous ne verrez pas de personnages repoussants dans ses pages, même Apocalypse a une sacré allure. En revanche, c'est peut-être plus dérangeant quand il s'agit de Cullen Bloodstone qui manque cruellement de charisme pour un type supposé poser problème à toute l'équipe lors de la partie de chasse aux lycaons.

Il faut aussi mentionner l'excellente contribution de Wilton Santos, qui dessine l'épisode 7 et une partie du 8, dans un style proche de celui de To. Enfin, le coloriste Erick Arcienega accomplit un boulot incroyable. Présent sur tous les numéros, il donne à l'ensemble une vraie cohérence visuelle, avec une palette nuancée, une diversité d'ambiances impeccable.

Je vais maintenant lire la seconde partie de ce run collectée dans un autre hardcover (rassemblant les épisodes 13 à 26). Je serai alors fin prêt pour Knights of X.

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