jeudi 10 mars 2022

ETERNALS #10, de Kieron Gillen et Esad Ribic


Cette fois, c'est sûr : d'une, la série Eternals est en train doucement mais sûrement de piquer du nez sans grand espoir d'un redressement, et de deux, on entre dans les préliminaires à l'event Judgment Day (comme c'est indiqué sur la couverture de ce n° 10). Kieron Gillen me pompe l'air avec Thanos et échoue complètement à rendre ses héros un tant soit peu attachants, le rythme se traîne. Même Esad Ribic n'est pas (plus) en forme.


Q.G. des Avengers. Sersi est reçue par Namor. En vérité, elle fait diversion car, à l'extérieur, Ikaris et Thena se tiennent prêts à agir en cas de problème. Et d'un autre côté, Ajak, Kingo, Makkari et Sprite se préparent à s'introduire dans le Céleste mort qui sert de repaire aux Avengers.
 

Pendant ce temps, Thanos torture Phastos pour qu'il lui explique comment communiquer et communier avec la Machine. Echouant à le faire parler, même en menaçant de s'en prendre à des humains, le titan écoute une suggestion du félon Druig.


L'intrusion des Eternels dans le Céleste mort réveille Starbrand, mais Sprite utilise ses pouvoirs d'illusionniste pour la divertir. Ajak avec l'aide Makkari invoque le Céleste mais déclenche une alarme. Kingo s'éclipse pour aller affronter les Avengers et gagner du temps.


Thanos s'en prend désormais à ses parents, Eternels humains. Mais ceux-ci le détestent suffisamment pour ne pas craindre ses menaces contre des civils. Thanos actionne une bombe... Qui forcent du même coup Ikaris et Thena à quitter leur poste pour empêcher l'explosion.

En vérité, c'est désormais certain (sauf à croire en un improbable miracle) : Kieron Gillen ne fera pas mieux que son premier arc et la révélation extraordinaire qu'il a écrite au sujet du secret des Eternels. Dorénavant, on assiste à l'inéxorable chute en qualité d'une série qui, pourtant, promettait beaucoup. Ou promettait trop ?

En introduisant dans son récit le personnage de Thanos, le lecteur, également fan du MCU, pouvait légitimement craindre que le titan finisse pas cannibaliser la série. En même temps, les Eternels sont des personnages suffisamment denses pour qu'un scénariste inspiré ne laisse pas être engloutis par un méchant aussi charismatique. Mais n'est pas Jack Kirby ni Neil Gaiman qui veut...

Kieron Gillen a affiché la couleur en intitulant ce deuxième arc Hail Thanos. Ce dernier allait occuper le devant de la scène. Et comme on avait pu constater au préalable que les Eternels selon Gillen étaient tout aussi désincarnés que ceux du film de Chloé Zhao, il subsistait peu d'espoir pour que cette histoire génère un intérêt aussi fort que les six premiers épisodes.

C'est donc acté : Gillen est franchement plus intéressé par Thanos que par les Eternels. Et la proximité avec l'event Judgment Day rend tout cela encore plus évident. Alors qu'on pouvait un peu espérer que les Eternels reprennent de l'importance à l'aube d'une saga où ils allaient affronter successivement les Avengers et les X-Men, ce n'est pas le cas. Le récit se traîne lamentablement dans une tentative d'infiltration du Céleste mort qui sert de base aux Avengers et on s'ennuie ferme.

Le pire là-dedans, ce n'est même pas que des personnages aussi puissants et supposément rusés comme les Eternels (vu leur expérience dûe à leur longévité) soient incapables de déjouer les multiples dispositifs de sécurité du repaire des Avengers, mais que cela prenne autant de temps à se déclarer. Gillen est totalement incompétent quand il s'agit d'animer, pour très peu de scènes, les Avengers : on voit Namor, pourvu de son arrogance habituelle, moucher Iron Man avant de rencontrer Sersi, puis le reste de l'équipe s'entraîner. Bien que l'effectif des Avengers dispose actuellement de Echo doté de la force Phénix et de Starbrand, aucune des deux ne détecte la présence d'intrus - et Starbrand ne se méfie même pas des illusions de Sprite. A la fin de l'épisode, Kingo va gagner du temps en partant affronter les Avengers et je parie que ça va occuper une bonne partie du prochain épisode...

Et puis il y a l'autre partie de l'épisode avec, donc, Thanos qui s'est mis en tête de communier avec la Machine, histoire d'asseoir son pouvoir et sa domination totale sur les Eternels. Il est suivi par Druig, écrit de manière unidimensionnelle dans un rôle de félon digne d'un mauvais peplum. Thanos y fait preuve d'un sadisme exaspérant et inopérant qui, loin d'en faire le prétendu génie du mal que la Machine affirme qu'il est, le transforme en abruti pour qui la torture ressemble plus à un moyen de passer le temps qu'à obtenir des résultats probants. Ce grand con violet s'en prend même à ses parents qui le haïssent encore plus qu'il les hait lui-même, mais Gillen transcrit ça avec une complaisance franchement nauséabonde (en tout cas dont one voit pas l'issue).

Ce naufrage est mollement dessiné par un Esad Ribic fantomatique. Il faut quand même voir comment il dessine Captain Marvel (Carol Danvers) au début de l'épisode : on a l'impression qu'elle a cent ans, elle ne ressemble à rien. Sersi est moche au possible, ce qui est gênant pour une Eternelle supposée être la plus séduisante des manipulatrices. 

Matthew Wilson a beaucoup de mérite pour coloriser des planches aux décors aussi vaporeux, et il doit donc s'efforcer de donner aux arrière-plans un semblant de vie, de matière, tout en restant dans le registre délicat qu'il a établi depuis le début de la série. Mission impossible. Tout semble désincarné. La plupart du temps, les personnages évoluent donc dans des vignettes sans aucun indice sur le lieu où l'action se tient, mais avec des effets lumineux priés de ne pas empiéter sur le trait fin de Ribic.

L'artiste ne paraît plus investi dans ce qu'il fait. Lui aussi a sans doute donné son maximum dans le premier arc et je ne serai pas étonné qu'il fasse bientôt ses valises sur un autre titre. J'ai rarement eu cette impression de lire un comic-book aussi dépourvu d'âme. Mais ça a le mérite d'une certaine cohérence dans la mesure où Gillen écrit ses personnages comme des robots, Ribic les dessine aussi comme des marionnettes aux expressions fausses.

C'est une purge totale. Et une dégringolade spectaculaire. La Machine est vraiment cassée.

1 commentaire:

  1. "Il faut quand même voir comment il dessine Captain Marvel (Carol Danvers) au début de l'épisode : on a l'impression qu'elle a cent ans, elle ne ressemble à rien."
    Je l'ai vu, XD XD merde, comment il a pu la rater à ce point !!? XD XD.

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