jeudi 10 février 2022

THE SECRET X-MEN #1, de Tini Howard et Francesco Mobili


Voilà un comic-book dont je n'attendais rien (et que je me suis procuré après avoir hésité)... Mais qui s'avère une excellente surprise. The Secret X-Men rassemble les mutants n'ayant pas été élus pour intégrer l'équipe des X-Men lors du Hellfire Gala, et Tini Howard a eu la charge de leur écrire une aventure. Elle s'en acquitte avec brio, même si elle n'a pas pu donner à tous le même traitement. Et Francesco Mobili illustre cela avec talent, en ayant changé son style, pour le meilleur.


Abordé sur Chandilar, la planète-capitale de l'Empire Shi'ar, par Deathbird pour une mission secrète impliquant la sécurité menacée de Xandra (l'impératrice), Sunspot réunit une équipe composée de tous ceux qui, comme lui, ont échoué à l'élection du Hellfire Gala pour intégrer les X-Men.


Avec ses camarades, Sunspot doit retrouver Deathbird et Xandra dans un lieu confidentiel, sans prévenir Gladiator et la garde impériale. En route, ils croisent les Sidri, des mercenaires aliens, possiblement liés à la menace pesant sur Xandra, et s'en débarrassent.


L'équipe se pose sur une planète glacée et se disperse pour trouver Deathbird. Strong Guy découvre une porte que Forge réussit à ouvrir. Ils pénètrent dans une salle déserte au centre de laquelle il y a un portail krakoan. Mais les Sidri resurgissent et les obligent à fuir, couverts par Sunspot et Cannonball.
 

En traversant le portail krakoan, l'équipe accède à l'intérieur du vaisseau de Deathbird où elle est accompagnée par Xandra et deux membres de la garde impériale, les voyantes Oracle et Delphos. Un Sidri apparaît alors et attaque Deathbird.


Sunspot et Tempo tentent de la rattraper mais Xandra utilise ses pouvoirs psychiques pour les en empêcher. Suivant les conseils d'Oracle et Delphos, elle efface ensuite les souvenirs de leur aventure aux mutants, susceptibles de dévoiler les failles de la sécurité impériale.

C'est une drôle de mission à plusieurs égards que doit remplir ce one-shot (qui, en cas de succès, mériterait de connaître une suite). Pour bien l'apprécier, il faut se remémorer le Hellfire Gala et la fameuse élection des membres de l'équipe des X-Men.

A cette occasion, le staff éditorial de la franchise avait soumis aux fans une liste de dix mutants et l'un d'eux était chosi par les lecteurs pour faire partie des X-Men. La gagnante fut Polaris. Quid des neuf autres, soient Sunspot, Cannonball, Tempo, Strong Guy, Forge, le Hurleur, Boom Boom, Armor, Marrow ?

Marvel a eu l'idée de les employer pour une histoire écrite par Tini Howard, la scénariste d'Excalibur. Pas évident à priori de caser dix héros, aux pouvoirs très variés, et à la popularité inégale, facilement considérables désormais comme une bande de losers ? Mais la scénariste a eu une riche idée en se rappelant certainement que Jonathan Hickman souhaitait développer l'alliance entre mutants et Shi'ar et aussi que, pour lui, les Nouveaux Mutants (au sens large, c'est-à-dire tous les mutants des générations ayant suivi celle Giant-Size X-Men #1 en 1975) auraient dû remplacer leurs aînés.

Donc, une intrigue ayant pour point de départ Chandilar, la planète-capitale de l'Empire Shi'ar, et des mutants prévus pour succéder aux X-Men. Déjà dans le run de Hickman, on savait que Xandra, fille de Lilandra et Charles Xavier, héritière du trône, était la cible de divers ennemis de l'Empire, dont certains conspiraient au sein même de la garde impériale. Deathbird veillait sur elle. En parallèle, Cannonballe (Sam Guthrie) résidait sur Chandilar où il vit en couple avec Smasher, membre de la garde et mère de leur fille. Sunspot (Roberto da Costa) s'y est établi au terme du premier arc de New Mutants, écrit par Hickman.

Tini Howard réactive le prétexte d'une menace contre Xandra et demande à Sunspot, qui la courtise sans succès, de l'aider à prévenir une attaque contre l'impératrice. Sunspot a l'idée toute bête de réunir pour cela ceux qui, comme lui, ont échoué lors de l'élection du Hellfire Gala. Les voilà embarqués dans un trip à la fois plein d'action et d'humour, dont la chute est clairement une note d'intention de la scénariste adressée au staff éditorial de la laisser y revenir un jour.

Neuf personnages à gérer pour un épisode de 35 pages, c'est un vrai challenge et Tini Howard ne peut accorder le même traitement à tous. Elle tente veiller à un certain équilibre mais quand on écrit des héros aussi savoureux que Sunspot (l'archétype du type trop sûr de lui) et Cannonball (son meilleur ami qui le supporte tout en craignant le pire), il est évident que d'autres sont condamnés à rester en retrait, soit parce qu'ils sont moins inspirants, soit par manque de place. A ce jeu, le Hurleur, Strong Guy, Marrow et Forge gagnent quelques bons moments, tandis que, hélas ! Boom Boom (une des mes chouchoutes), Armor (idem), Tempo peinent à exister, réduites à de la figuration. Rien que pour elles, j'ai envie de revoir ces Secret X-Men ensemble.

L'histoire elle-même a quelque chose de désinvolte mais irrésistiblement charmant. On ne s'ennuie pas mais les ficelles sont grosses comme des cables, les rebondissements téléphonés. Jusqu'à la conclusion, maline, où on découvre que Xandra a hérité des pouvoirs psychiques de son père, Charles Xavier, qu'elle utilise avec la même absence de scrupules (les chiens ne font pas des chats). Qui plus est, quand on a lu X-Men de Hickman, on comprend que la jeune impératrice est désormais aux mains d'au moins une de ses gardes les moins bien intentionnées à son endroit (Oracle), de quoi là encore alimenter une suite...

L'une des raisons pour lesquelles j'hésitai à me procurer ce fascicule, c'était son dessinateur. Francesco Mobili est un bon artiste, mais parfois coupable de planches franchement très faibles. Son style le rapproche de Marco Checchetto (qu'il avait d'ailleurs suppléé pour la fin de Old Man Hawkeye), amais avec moins de maîtrise. Alors à quoi s'attendre cette fois ?

Hé bien, l'italien a eu l'heureuse idée de changer de style. pas fondamentalement, mais en s'appuyant davantage sur son excellent coloriste, Jesus Arbutov. Mobili a donc renoncé à s'encrer pour laisser à Arbutov le soin de coloriser directement sur son dessin. Le résultat est spectaculaire et très abouti, gommant les insuffisances de l'un pour permettre à l'autre de mieux s'exprimer.

S'inscrivant dans un registre classique et réaliste, Mobili soigne ses décors, l'action est toujours bien située, les compositions de ses plans sont dynamiques. Les personnages font l'objet d'une attention particulière puisque, comme le casting est fourni et varié, il convient de bien identifier chacun. Si Strong Guy est un peu moins imposant qu'à l'accoutumée, en revanche, Marrow et ses excroissances osseuses sont formidablement évoquées. Lorsque Sunspot et Cannonball attaquent ensemble, la représentation de leurs pouvoirs montre bien leur puissance. Idem quand le Hurleur procède à un sauvetage soufflant dans le vide sidéral.

C'est donc, comme je l'ai déjà dit, une excellente surprise que ce Secret X-Men. Alors que les titres annoncés pour Destiny of X ne m'ont pas, pour la plupart, pas réjouis (hormis X-Men Red), Marvel serait bien inspiré de donner sa chance à cette équipe inattendue, improbable, mais que Tini Howard a réussi impeccablement à animer pour un récit qui laisse la porte ouverte à une suite.

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