jeudi 2 décembre 2021

MARAUDERS #26, de Gerry Duggan et Matteo Lolli


Ce vingt-sixième épisode de Marauders est l'avant-dernier du run de Gerry Duggan qui retrouve pour l'occasion (et le mois prochain pour le final) le dessinateur Matteo Lolli, avec qui il a lancé le titre. On sent que le scénariste ne sait plus trop quoi raconter, sans spoiler Inferno, et donc il s'amuse à faire n'importe quoi, de façon plus sympa et sans conséquence que sur X-Men.



Dans la longue file d'attente des mutants à ressuciter, le tour de Harry Leland est enfin venu. Il renoue avec Sebastian Shaw et Emma Frost, qu'il côtoyait aux débuts du Club des Damnés et qui l'aident à se réacclimater.


Pendant ce temps, les Marauders - Kitty Pryde, Christian Frost, Iceberg, Callisto et Lockheed - convoient une cargaison d'alcool de Krakoa lorsqu'ils sont attaqués par le dragon Fin Fang Foom. Iceberg l'écarte au terme d'une bataille où il démontre l'étendue de ses pouvoirs de mutant oméga.


Shaw accompagne Leland à New York City dans l'ancien hôtel particulier du Club des Damnés. Shinobi Shaw les surprend et Sebastian informe Harry qu'il s'agit de son fils biologique qu'il a élevé durant son"absence".


Aux Nations-Unies, l'ambassadeur du Royaume-Uni tente à nouveau de discréditer Krakoa en faisant remarquer qu'aucun représentant mutant n'assiste à la séance. Mais Harry Leland se présente alors enq qualité de porte-parole de la Nation X.

Le résumé ci-dessus donne bien l'idée du côté complétement décousu de l'épisode. On pourrait même pousser plus loin en affirmant que cela résume la série Marauders telle que l'a toujours écrite Gerry Duggan qui, le mois prochain, quittera le titre pour se conacrer exclusivement à X-Men.

Si je suis très sévère avec ce que Duggan fait sur X-Men, je garde une tendresse, un peu coupable, pour son travail sur Marauders, dont la désinvolture, si elle m'a parfois agacé, voire limite découragé, fait l'essentiel de son charme.

Sur le fond, entre ce que la série devait être et ce qu'elle a été effectivement, Duggan n'a jamais respecté le contrat. Marauders devait se consacrer d'une part au business de Krakoa, au commerce de sa médecine miraculeuse via la Hellfire trading company, et de l'autre, au sauvetage et au rapatriement de mutants persécutés dans des Etats ne reconnaissant pas Krakoa comme une nation.

26 épisodes ont été produits et très peu de ce programme initial a été tenu. On a eu un peu droit à du sauvetage, un peu à du commerce, mais tout ça a été dilué dans des intrigues filandreuses. Comme d'ahbitude, ce qui semble le plus intéresser Duggan, c'est un tour de passe-passe entre ce que la série doit faire et ce que lui a envie de faire. De fait, l'histoire la plus mémorable de toute la série restera celle contenue dans ses dix premiers épisodes avec l'assassinat de Kitty Pryde par Sebastian Shaw jusqu'à la résurrection compliquée de Kitty et la révélation de l'identité de son agresseur (et de son mobile). Cela nous laisse donc une quinzaine d'épisodes où Marauders est parti dans tous les sens.

C'est encore le cas cette fois avec le retour que personne n'atttendait de Harry Leland, membre du Club des Damnés apparu lors du run de Claremont/Byrne dans les années 70. Comme s'il n'y avait personne de plus qualifié, Sebastian Shaw et Emma Frost en font le nouvel ambassadeur de Krakoa auprès des Nations-Unies et Duggan ajoute même, de manière aussi incongrue que dispensable, qu'il est le père biologique de Shinobi Shaw (pourquoi ? On n'en sait rien et on ne le saura sans doute jamais, mais bon, ça permet de remplir deux planches).

Si donc le retour de Leland est le fil rouge de l'épisode, Duggan gratifie le lecteur d'une scène d'action, comme un quota, avec un équipage réduit des Marauders aux prises avec... Fin Fang Foom ! Là encore, pourquoi pas ? Cela donne l'occasion d'apprécier Iceberg en action, en train de déployer ses pouvoirs à leur maximum, ce qui n'est pas souvent le cas, alors qu'il est quand même un mutant de niveau oméga (au même titre que Tornade ou Marvel Girl ou Magneto par exemple). Bobby Drake, c'est un peu le héros "dugganien" par excellence : personne ne s'en méfie mais il peut accomplir des prouesses, rarement mais quelquefois quand on (Duggan le premier) se souvient qu'il en est capable.

Fin Fang Foom est aussi parfait pour Duggan qui adore ce genre d'adversaire improbable. Même si, après avoir lu Nextwave (de Warren Ellis/Stuart Immonen), il n'est plus possible de voir le dragon sans réprimer un fou rire, sur une page il en jette et on peut être sûr d'avoir de l'action et du grand spectacle.

Où tout cela nous mène-t-il ? Pas loin. Il est aussi fait mention de Nimrod, briévement. Et c'est là qu'on se doute que Duggan doit meubler sans trop en dire, au risque de spoiler Inferno, qui va sûrement impacter tous les titres X. Pourtant, au-delà de l'Annual de Marauders, Marvel n'a toujours pas confirmé si la série continuerait (à ce stade, seuls X-Men, New Mutants et Wolverine en sont assurés. Certainement X-Force aussi. Mais aucune annonce sur le futur d'Excalibur, S.W.O.R.D.. X-Corp semble d'ores et déjà condamné.).

Matteo Lolli revient au dessin pour conclure le run de Duggan avec qui il avait démarré la série. C'est toujours aussi inspide même si ce n'est pas ce qu'il a fait de pire. La scène avec Fin Fang Foom n'est pas mal, l'artiste ayant compris qu'il fallait la traiter sans lésiner sur les plans larges avec un découpage réduit pour des cases de belles dimensions. Le reste est plat, hormis la splash page où Leland découvre Krakoa, sympa. 

Mais au fond Lolli est comme Duggan : on ne sent jamais chez lui une envie de se dépasser, d'aller au-delà de ce qu'il pourrait faire. Sa technique est limitée et il est absolument incapable de produire quelque chose qui sort de l'ordinaire, qui va prouver qu'il sait raconter visuellement quelque chose d'intéressant. Au fond, c'est un dessinateur qui n'est ni inspiré ni motivé (le seul dessinateur qui a apporté un plus à la série restera Stefano Caselli, dans une prestation en pointillés). Les couleurs de Rain Beredo ne rattrapent rien, c'est là aussi le minimum syndical.

Parce que son auteur n'a jamais su élever son niveau et par conséquent celui de la série, Marauders est resté ce titre qui se laisse lire mais dont on ne retiendra pas grand-chose, voire rien (quel a été son impact sur la franchise ? Se poser la question, c'est y répondre). Si elle ne survit pas à l'après Inferno, pas sûr qu'elle manque à quiconque. Sauf si ceux à qui elle sera confiée se démènent vraiment.... 

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