jeudi 9 septembre 2021

BATMAN #112, de James Tynion IV et Jorge Jimenez - FEAR STATE


Après le numéro Alpha sorti la semaine dernière, on entre dans le dur avec Batman #112, qui acte vraiment le début du crossover Fear State. James Tynion IV, qui quittera la série et DC au terme de cette saga, démarre pied au plancher, fidèle à ce qu'il a fait depuis ces derniers mois. Jorge Jimenez est aussi en feu. Le divertissement est intense et jubilatoire.


Simon Saint répond à une interview retransmise à la télé dans laquelle il explique pourquoi son programme Magistrat est la solution aux problèmes sécuritaires de Gotham. Mais la réalité est toute autre...


Sean Mahoney, la Gardien de la Paix 01, erre dans les rues de Gotham, en proie à des hallucinations provoquées par la toxine de l'Epouvantail et il menace des civils avec ses armes. Batman, décalré mort, échappe Jonathan Crane sans pouvoir joindre Oracle.


Il réussit néanmoins, miraculeusement, à rejoindre la Tour de l'Horloge où sont retranchées Oracle, Spoiler et Orphan. Les communications coupées par Saint et piratées par l'Anti-Oracle, Batman contacte Ghost-Maker, seul à diposer encore d'une ligne sécurisée.


Ce dernier se trouve dans les catacombes de Gotham où, avec Harley Quinn et la Jardinière, il a mis à l'abri le Collectif Insensé avec l'accord de Queen Ivy. Dehors, l'Epouvantail rôde. Et Simon Saint lance à la poursuite de Mahoney son Gardien de la Paix X pour les neutraliser...

Ce qui frappe dans le run de James Tynion IV sur Batman, particulièrement depuis l'arc Joker War puis le suivant, The Cowardly Lot, c'est l'énergie folle qui infuse ses histoires. Le scénariste ne laisse pas souffler le lecteur et ses héros, ils sont constamment sous pression, submergés par une multitude de problèmes, d'agressions.

Cela a pour effet de garder le lecteur en alerte, mais aussi d'ancrer profondément en lui les événements et les acteurs du récit. D'un mois à l'autre, d'un épisode au suivant, vous ne pouvez pas oublier ce que vous avez lu. C'est d'autant plus remarquable que Tynion IV anime un casting très riche et bigarré dans une intrigue abondant en rebondissements.

The Cowardly Lot a préparé le terrain de manière hyper efficace pour la culmination du run de James Tynion IV et l'arc Fear State, qui est aussi le titre d'un crossover impliquant les titres de la Bat-family (Nightwing, Harley Quinn, Catwoman, Batman). Mais le scénariste avait aussi en tête l'event de Janvier-Février dernier, Future State, qui montrait un futur possible (et sinistre) pour Gotham (et le DCU en général), avec déjà des éléments développés dans The Cowardly Lot.

On pouvait alors se demander quel intérêt il y avait à développer une histoire convoquant des éléments largement mis en scène dans Future State et avec un titre lui ressemblant, Fear State. En vérité, on s'en aperçoit bien dans cet épisode, les différences entre Future et Fear State apparaissent fortement et il ne s'agit pas du même récit.

Pour court-circuiter Future State, surprendre le lecteur, il fallait un électron libre, un méchant qui ferait dérailler la machine pour l'entraîner ailleurs, et c'est à l'Epouvantail qu'échoît ce rôle. Un choix judicieux car c'est un des vilains les plus redoutables et les plus imprévisibles de la galerie d'ennemis de Batman. Pour être franc, ce n'est pas vraiment une surprise que l'Epouvantail ait fini par trahir Simon Saint et suivre son propre agenda, mais Fear State a alors pris une direction plus folle, inquiétante, radicale et donc plus captivante.

Pour ce n°112, Tynion IV multplie les interventions afin de donner une vue d'ensemble de la situation, comme un prolongement plus tonique de Batman : Fear State Alpha. Simon Saint tente de rassurer les gothamites dans une interview. Mais Sean Mahoney erre dans Gotham, flingue au poing et prêt à commettre un carnage. Batman a été sérieusement ébranlé par l'Epouvantail et doit s'appuyer sur Oracle et ses Batgirls puis sur Ghost-Maker pour espérer renverser la tendance, tandis que l'imprévisible Queen Ivy peut à tout moment provoquer l'effondrement de la ville.

Jorge Jimenez dessine cela avec la même frénésie que le script de son partenaire : la générosité de ses planches est grisante, on est dans un actioneer qui file à toute allure et qui traduit parfaitement le sentiment de panique qui s'empare des héros et de toute une ville. L'artiste soigne son ouvrage et les couleurs de Tomeu Morey l'aident grandement : on est immergé dans cet état de peur, oppressé, c'est impressionnant.

Mais Jimenez n'est pas qu'un feu follet : il découpe de manière experte ses scènes et nous fait partager de manière viscérale les tourments de ses protagonistes. Batman apparaît complètement désemparé, comme rarement. Oracle est dépassée. Simon Saint pète un plomb. Sean Mahiney file les jetons. Il n'y a guère que Ghost-Maker qui garde son calme (en même temps avec son casque intégral, impossible de lire les expressions de son visage). Pendant, ce temps, l'Epouvantail surplombe Gotham à la faveur d'une planche à la fois effrayante et sublime.

Tous les curseurs sont à fond et si Fear State réussit à maintenir cette urgence, ce sera une réussite exemplaire, d'autant plus que la série Batman devient bimensuelle pour l'occasion. C'est en tout cas un vrai plaisir à lire, on ne s'ennuie vraiment pas. Laissez-vous happer par cet état de la peur : ça file les jetons, mais qu'est-ce que c'est bon !

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