Pour sa deuxième semaine de parution, l'event Hellfire Gala reprend avec Excalibur #21, écrit par Tini Howard et dessiné par Marcus To.
L'équipe d'Excalibur fait son entrée. Rictor n'a pas le coeur à la fête en l'absence d'Apocalypse et il repousse même Battlestar, son ancien amant, quand celui-ci se présente devant lui. Par ailleurs, Pete Wisdow informe Captain Britain que l'ambassadeur anglais parlemente avec le Pr. X et Emma Frost.
Reuben Brousseau annonce à ses hôtes que la Grande-Bretagne rompt ses relations avec Krakoa : les remèdes fournies par les mutants leur seront rendus, en contrepartie Excalibur doit partir du sol anglais et les portails avec l'île doivent être désactivés.
De retour au Royaume-Uni avec Brousseau, Wisdom est sacrifié par le Couvent d'Akkaba pour réveiller Morgane la Fée dans l'Outremonde. Rictor, en représailles, déplace le phare d'Excalibur des côtes britanniques avant de se réconcilier avec Battlestar.
La suite se déroule dans X-Men #21, écrit par Jonathan Hickman et dessiné successivement par Nick Dragotta, Russell Dauterman, Lucas Werneck et Sara Pichelli.
Réception. Charles Xavier et Magneto s'entretiennent à l'écart de la fête avec Namor à qui ils proposent de sièger au conseil de Krakoa. Mais le souverain atlante refuse, arguant qu'il règne déjà sur 75% de la planète et n'entend pas en rester là.
Election. Cyclope réclame l'attention de l'assistance avant que Jean Grey ne se connecte télépathiquement à tous les mutants présents pour qu'ils élisent leurs X-Men. Malicia, Sunfire, Wolverine (Laura Kinney), Synch et Polaris les rejoignent sur scène.
Exode. Cyclope commande un verre au bar quand il est abordé par le producteur Kevin Feige qui le questionne sur son histoire. Le mutant la résume en expliquant avoir suivi l'idéal du Pr. X et en croyant à ses promesses, en y prenant désormais, avec les X-Men, une part plus active.
Les deux épisodes de cette deuxième semaine de parution de l'event Hellfire Gala sont de valeur très inégale. Mais l'un d'eux marque une étape importante pour le futur de la franchise, quand bien même Marvel a préféré gâcher la surprise depuis plusieurs semaines, privant Jonathan Hickman d'un moment qui aurait été bien plus intense.
Commençons par parler du vingt-et-unième épisode d'Excalibur. Tini Howard se trouve dans un position moins favorable que celle qu'elle occupait lors de X of Swords, dont elle avait co-conçu l'architecture l'an dernier. Cette fois, elle doit se mettre au service d'un plan élaboré par un autre, et il faut bien dire que la scénariste ne joue pas le jeu, comme si l'exercice contrariait ses propres projets.
Bien qu'au début de Dawn of X, j'avais essayé de lire Excalibur, j'avais très vite abandonné car d'une part j'étais dérangé par le titre donné à cette série qui n'avait vraiment rien à voir avec son incarnation initiale et la plus mémorable (je veux, bien entendu, parler de la série de Chris Claremont et Alan Davis, indépassable). Pourtant, le projet était alléchant puisqu'il s'agissait d'explorer les rapports des mutants avec la magie, de Krakoa avec l'Outremonde. Mais Tini Howard ne m'a pas convaincu.
Je ne suis pas le seul à être dérouté par Excalibur version Dawn of X car souvent les mêmes reproches reviennent pour la caractériser : un rythme trop lent, des intrigues capillotractées, des caractérisations de personnages paresseuses. Néanmoins, Hickman s'était appuyé sur ce qu'écrivait Howard pour constituer l'histoire de X of Swords et la développer avec elle, mais heureusement on pouvait tout comprendre de cette saga sans avoir suivi Excalibur.
Qu'observe-t-on ici ? L'élement le plus notable concerne le rupture des relations diplomatiques et commerciales entre la Grande-Bretagne et Krakoa, formulée par l'ambassadeur Reuben Brousseau. Ce dernier fait partie du Couvent d'Akkaba, qui réunit des conspirationnistes voulant remettre la main sur le royaume d'Avalon dans l'Outremonde, actuellement dirigé Jamie Braddock/Monarch (installé sur le trône par les manigances d'Apocalypse). La disparition de Betsy Braddock/Captain Britain à la fin de X of Swords a achevé de convaincre ces dissidents de rompre avec Krakoa, au prétexte que la protectrice du Royaume-Uni les avait abandonnés. Mais Betsy est revenue récemment d'entre les morts (elle avait été vaincue par Isca l'imbattable durant le tournoi entre arakki et krakoans).
Bien entendu, l'ambassadeur et ses complices dans l'ombre ont une idée derrière la tête : il s'agit de Morgane la Fée, qu'ils entendent placer sur le trône d'Avalon en supprimant Monarch. En atttendant, les anglais sont prêts à rendre aux mutants leur médecine à condition que l'équipe d'Excalibur quitte leur territoire et que le portail de Krakoa sur l'île britannique soit désactivé.
Pete Wisdom, ancien membre d'Excalibur et intermédiaire entre son pays et Krakoa, va connaître un funeste sort à l'issue de cette machination ourdie par le couvent. De son côté, Rictor, qui n'avait déjà pas le coeur à la fête, déplorant qu'Apocalypse soit absent (alors qu'il a contribué de manière décisive à la constitution de Krakoa, mais aussi au retour en forme du mutant), riposte en décrochant le lopin de terre sur lequel se trouve le phare d'Excalibur des côtes anglaises.
En soi, tout cela n'est pas mauvais. Mais j'ai eu le sentiment que Tini Howard avait plus à coeur de faire progresser l'intrigue de sa série que de participer au déroulement du gala du Club des Damnés. Tout ce qu'elle raconte n'est vraiment intéressant que pour ceux qui lisent sa série, mais on zapperait cet épisode que cela n'affecterait pas l'event. Ensuite, tout va très vite, mais trop vite : il est peu crédible que les mutants n'aient pas anticipé le mouvement de recul des britanniques et même ce qui attendait Wisdom (d'ailleurs comment se fait-il que son appel au secours ne soit reçu par personne ensuite ?). Enfin, la mauvaise humeur de Rictor m'a paru exagéré et ses réactions trop appuyées tout comme ses vire-volte (il repousse séchement Battlestar puis se réconcilie au clair de lune avec lui) : sur ce personnage précis, j'ai toujours eu du mal avec le fait qu'on ait changé son orientation sexuelle pour en faire un mutant gay, alors qu'à l'origine (quand il est apparu dans X-Factor puis X-Terminators) il était amoureux de Tabitha Smith/Boom-Boom. Je n'ai rien contre les mutants homosexuels mais j'ai l'impression qu'ils le sont devenus de manière forcée (comme Vega, qui était écrit par John Byrne dans Alpha Flight comme un vrai tombeur et qui a fini par épouser un homme des années après).
Howard s'éloigne aussi franchement de l'event quand elle glisse une scène entre Diablo et Meggan où il la félicite pour sa grossesse, alors que Captain Avalon (Brian Braddock) n'est pas encore au courant. Qu'est-ce que ça vient faire là ? Il sera quand même intéressant de voir comment la scénariste va gérer son titre dans les prochains mois puisqu'elle va en perdre un nouveau membre (après Apocalypse, reparti avec sa femme Genesis, c'est au tour de Malicia de faire ses valises).
Heureusement, on enchaîne avec X-Men #21. C'est donc le dernier épisode de la série avant son relaunch le mois prochain, mais surtout le dernier qu'écrit Jonathan Hickman. Et il part en beauté, avec un numéro dense et fluide comme il en a le secret, parfaite rampe de lancement pour Gerry Duggan qui va lui succéder mais aussi pour de futures pistes narratives.
L'épisode est plus long et se découpe en quatre parties, à différentes heures de la journée du gala, chacune étant illustrée par un artiste différent. C'est Nick Dragotta qui démarre avec une scène intimiste où Charles Xavier et Magneto retrouvent Namor. La dernière fois que les mutants que le Pr. X avait parlé avec le souverain atlante remonte à Powers of X #5 et ça ne s'était pas passé comme il l'aurait souhaité. IL tente une nouvelle fois d'amadouer l'impétieux roi des océans et lui offrant un siège au Conseil de Krakoa... Et essuie un nouveau refus. Namor argumente à sa manière, arrogante mais logique : que lui importe une place dans ce gouvernement et sur une île quand il a autorité sur 75% de la surface de la Terre. Et n'entend pas en rester là. Hickman sait écrire Namor, tête à claques incorrigible, mais dont la puissance ne fiat aucun doute et dont les ambitions et les motivations sont assumées. Le scénariste se permet même de clore cette scène sur une image qui renvoie directement aux Illuminati dans son run sur Avengers puisque Namor rejoint Captain America, Iron Man et Black Panther.
Nick Dragotta est un choix malin pour ce segment car son style graphique est parfait pour représenter Namor dans toute sa majesté et sa suffisance. On pourra déplorer que ce personnage fabuleux n'ait pas profité d'un redesign de son costume car celui dont on l'a affublé depuis des années est certainement le plus moche qui soit. Les couleurs chaudes de Frank Martin ajoute à l'intensité de la scène.
Le morceau suivant est sans doute le clou du spectacle. Marvel, je persiste à le dire, a fait une erreur en révélant à l'avance la composition de cette nouvelle équipe des X-Men, juste pour s'assurer que les fans pré-commandent le n°1 de Juillet (comme si ces mêmes fans allaient soudain bouder le titre). Néanmoins, malgré ce handicap, Hickman réussit un petit prodige en mettant en scène l'élection, dont le procédé s'avère aussi ingénieux que raccord.
Russell Dauterman nous gratifie, comme toujours (mais trop rarement à mon goût) de planches magnifiques, en particulier quand il saisit les expressions des mutants choisis par leurs pairs, parvenant à rendre chaque moment unique (la surprise de Laura Kinney, la joie de Synch, l'indifférence de Sunfire, l'émotion de Polaris, le ravissement de Gambit pour Malicia). On notera aussi, donc, que cette formation est majoritairement féminine (avec quatre X-women sur sept membres) et puissante (de quoi réserver du spectacle pour la future série, dont les premières pages de preview commencent à être révélées).
Puis on a droit un troisième segment particulièrement savoureux. Cyclope aide un humain à avoir un verre au bar (l'Homme Multiple joue les serveur) quand il est abordé par... Kevin Feige ! Le big boss de Marvel, qui chapeaute désormais aussi bien le département cinéma que comics de l'éditeur. Lucas Werneck réussit parfaitement à le dessiner, avec son indéboulonnable casquette. Et Hickman s'amuse visiblement à montrer Cyclope quasiment "pitcher" son histoire au célèbre producteur (alors que l'avenir des mutants dans le MCU reste un mystère).
Enfin, on a droit à un dernier segment purement "Hickmanien", dessiné par Sara Pichelli. L'artiste italienne, autrefois valeur montante de Marvel dont la carrière a sombré de projets hasardeux (la mini Spider-Man : Bloodline par JJ Abrams) en jobs de misère (cover-artist pour America Chavez : Made in the USA), est méconnaissable sur les pages qu'elle signe, incapable de se hisser à la hauteur de l'occasion en or qu'on lui offre de se refaire la cerise. C'est vraiment triste.
Mais ça n'arrête pas Hickman qui met en scène Emma Frost pour le feu d'artifice final du gala. Et bien sûr, ce n'est du tout ce à quoi on peut s'attendre : la dernière page nous laisse dans un songe nébuleux, propice aux spéculations, avec la promesse qu'il s'agit d'un moment que personne n'aurait voulu rater. Sacré Hickman ! C'est le roi du teasing. Vivement Inferno pour (peut-être) en savoir plus...
Rendez-vous la semaine prochaine pour Planet-Size X-Men #1 (à qui je dédierai une critique à part entière), X-Corp #2 et New Mutants #19...
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