jeudi 12 novembre 2020

X OF SWORDS, CHAP. 14-15-16 : MARAUDERS #15 - EXCALIBUR #14 - WOLVERINE #7, de Gerry Duggan, Benjamin Percy, et Tini Howard ; Stefano Caselli, Phil Noto, et Joshua Cassara


Programme chargé cette semaine pour X of Swords puisqu'on a droit à trois nouveaux chapitres, correspondant à Marauders #15 (par Gerry Duggan et Benjamin Percy et Stefano Caselli), Excalibur #14 (par Tini Howard et Phil Noto), et enfin Wolverine #7 (par Benjamin Percy et Joshua Cassara). On entre dans le dur avec les premiers duels du tournoi. Mais les choses vont dégénérer spectaculairement pour les X-Men. Le crossover reste imprévisible, quitte à être parfois frustrant.


Saturnyne s'est jouée de Wolverine en lui faisant croire qu'il l'avait tuée pour mieux lui montrer ce qui arriverait si les champions d'Arakko gagnait le tournoi. A peine remis de cette vision, Wolverine assiste à l'empoisonnement de Cypher qui s'est servi dans son assiette où Guerre a glissé une potion mortelle.


Heureusement, l'Epée Blanche intervient et purge e poison de l'organisme de Cypher. L'assistance est en émoi et Guerre est la cible des reproches de toutes parts. Captain Avalon demande à Saturnyne d'annuler le tournoi mais elle refuse à cause de ce qu'a voulu lui faire Wolverine.
 

Durant le dîner, Cable et Magik testent Isca l'imbattable. Mort et Racine Rouge la Forêt jaugent leurs adversaires krakoans avec un certain dédain. Enfin, Saturnyne désigne les deux premiers champions qui devront se battre le lendemain : Captain Britain contre Isca l'imbattable.


Des trois épisodes de la semaine, celui d'Excalibur réserve la plus grosse surprise et révèle un élément important de ce second acte : dans l'Outremonde, rien ne se passe comme prévu. Et il n'est pas exclu d'y lire des manoeuvres de Saturnyne.


Le duel opposant Captain Britain à Isca l'imbattable tourne court avec le victoire sans appel de cette dernière. Elle fracasse l'épée de son adversaire qui elle-même se brise littéralement en morceaux. C'est l'émoi parmi les X-Men et Captain Avalon accuse Saturnyne de truquer le tournoi.
 

Mais les krakoans n'ont pas le temps d'aller plus loin dans cette querelle car on emmène déjà Cypher pour qu'il se prépare à son face-à-face avec Bei la Lune de Sang. Mais ce n'est pas à un combat qu'ils vont se livrer puisque Saturnyne procède à leurs noces !


Pour Cypher, c'est un soulagement, et Bei lie son destin à celui du jeune mutant sans résistance. Ils ne se comprennent pas mais le mariage est prononcé. Résultat : Arakko mène 2 à 1 après ce match nul...


Wolverine est un mutant populaire et la saga lui a réservé des scènes marquantes dans diverses séries comme dans son propre titre. Il va expérimenter, de manière rocambolesque, les règles folles qui régissent cette compétition dans un épisode mouvementé.


Magik se rend dans le royaume de Fae, gouverné par Roma, pour y affronter Pogg Ur-Pogg. Mais Saturnyne décide que leur duel se règlera au bras de fer et Magik perd. Wolverine, lui, est propulsé dans le royaume sans dessus-dessous de Blightspoke pour vaincre l'Invocateur.


Pourtant, Saturnyne préfère récompenser le perdant qui s'est battu jusqu'à la mort et téléporte Wolverine auprès de Tornade pour qu'ils s'enivrent. Cependant, Guerre affronte Solem, le meurtrier de son mari, pourtant supposé être son allié dans le tournoi.


Wolverine est à nouveau déplacé. Solem, qui avait passé un pacte secret avec lui pour détenir l'épée Muramasa, révèle à Guerre que Wolverine vient de tuer l'Invocateur, le fils de Guerre. Wolverine doit tuer celle-ci pour Solem...

Le rythme effréné avec lequel les auteurs nous jettent, en même temps que les krakoans et les arakki, dans l'arène tranchent singulièrement avec les épisodes de ces deux dernières semaines (Stasis puis X-Men #14 et Marauders #14). Et le moins qu'on puisse dire, c 'est qu'on va vraiment voir nos héros en baver. Au terme de ces trois chapitres, Arakko mène par 5 à 2 !

Je l'écris depuis un moment maintenant mais cela se vérifie à chaque coup : X of Swords dépote méchamment et déjoue toutes nos attentes. Le crossover tire complètement parti de sa longueur pour se déployer en une fresque rocambolesque, où on ne peut rien anticiper. L'ouverture du cahpitre 14 en est l'exemple type : on avait terminé la lecture de Marauders #14 avec Wolverine plantant ses griffes dans Saturnyne... Et bien entendu celle-ci n'est pas morte, elle a lu les pensées de Wolverine et le supplicie en lui montrant ce qui se passera si les arakki gagnent le tournoi - en gros, la fin du monde.

Stefano Caselli peut à l'occasion de ces premières pages de Marauders #15 rendre un hommage à une célèbre couverture de Uncanny X-Men par Marc Silvestri où Wolverine était littéralement crucifié sur un "X" géant. Ce ne sera pas le seul coup d'éclat du dessinateur italien, particulièrement forme, dont le trait expressif et le souci du détail font des merveilles ensuite lors d'un dîner épique, avec empoisonnement, démonstrations de force, dialogues ambigüs, mots d'esprit. Caselli est vraiment un artiste de haut niveau, dont la progression est remarquable : regardez comment il représente l'entièreté de la tablée dans un plan à la composition complexe et parfaitement exécuté. Admirez comment il traduit les émotions qui animent les personnages (la rage de Wolverine, l'excitation juvénile de Magik, la morosité d'Apocalypse, l'ingénuité de Cable, l'assurance de Isca...) : un festival.

Comme la semaine dernière, Gerry Duggan est assisté par Benjamin Percy, sans doute pour veiller à bien traiter Wolverine, qui concentre une bonne partie de l'attention. Néanmoins, le griffu n'est pas le seul à être bien servi car Magik et Cable forment un duo irrésistible et Isca s'impose comme une des arakki les plus charismatiques (son surnom d'imbattable invite forcément à s'interroger sur sa légitimité).

Toutefois, cet épisode n'est pour ainsi dire qu'un amuse-bouche (quand bien même Cypher manque d'y passer). Car dans Excalibur #14 débute le tournoi proprement dit. Et là, le récit accélère à tel point que la machine va s'emballer défitinivement. Tini Howard n'y va pas par quatre chemins et le lecteur comme les X-Men ne seront pas ménagés.

Si donc vous vous demandiez, comme Magik et Cable, si Isca était bien imbattable, la réponse ne se fait pas attendre car elle ne fait qu'une bouchée de Captain Britain. Au point que l'issue de leur duel est presque trop radicale pour n'être que le fait de la supériorité de la guerrière arakki : en effet, Betsy Braddock finit littéralement en morceaux. Et ce, juste avant que Saturnyne ne débarque. On peut raisonnablement douter de l'honnêteté de la majestrix de l'Outremonde quand elle affirme n'avoir rien fait pour provoquer cette défaite de Captain Britain : sa détestation pour Betsy a alimenté toute la série et le sort de la malheureuse apparaît comme un sort lancé contre elle.

Et déjà on passe à la suite, et quelle suite ! Le cas de Cypher (et Warlock) suscitait à juste raison les pires inquiétudes. C'est là que l'imprévisibilité de X of Swords va opérer pleinement puisqu'en fait Doug Ramsey ne va pas avoir à se battre mais à... Epouser son adversaire ! Quiconque prétendra avoir vu ça venir est un fieffé menteur : tout indiquait qu'il allait être opposé à Racine Rouge la Forêt, qui tient un rôle identique au sien au sein de la communauté d'Arakko, et c'est à Bei la Lune de Sang qu'on le voit s'unir très solennellement.

Si ce coup de théâtre est fort, c'est aussi (surtout) parce que personne ne comprend ce que dit Bei (sauf nous mais ses dialogues sont encadrés par des crochets pour signifier qu'elle s'exprime dans un sabir inconnu). Or Doug Ramsey est capable de tout traduire, mais pas là : lui non plus n'entend rien à ce qu'elle dit !

L'autre surprise, même si son nom pouvait le suggérer, c'est que Bei est bien une femme, ce qui correspond à la silhouette qui apparaissait sur la carte de tarot que Cypher avait trouvée dans sa chambre dans la citadelle de Saturnyne. Phil Noto (qui, donc, remplace Marcus To au dessin) joue habilement sur le gabarit équivoque de Bei, plus grande, costaude que le frêle Cypher. En même temps, lorsqu'elle ôte son casque, il lui donne un visage troublant, à la fois beau et androgyne, qui émeut Doug Ramsey (dont la sexualité a toujours fait débat chez les fans - après tout, sa relation avec Warlock prête à confusion).

Howard ajoute à la scène de la cérémonie de mariage un rebondissement superflu avec l'intervention de Jubilé et de son "fils", Shogo (changé en dragon). Noto semble un peu embêté par tout ça mais fait son boulot avec le professionnalisme qui le caractérise (Noto est un artiste que j'aime bien : il est d'une ponctualité irréprochable, son style est élégant et identifiable, il s'adapte partout). En tout cas, cet épisode laisse sans voix par sa tournure : ce n'est pas un défaut car il est très réussi.

Enfin, Wolverine #7 clôt la session de la semaine. Benjamin Percy est seul aux commandes cette fois pour le script et lui non plus ne nous laisse pas de répit. Au point que, pour la première fois, cela provoque une frustration certaine.

En effet, le combat, attendu (pour ma part en tout cas), entre Magik et le monstrueux Pogg Ur-Pogg est expédié. Saturnyne en change les règles sans explication (pas d'épée, mais... Un bras de fer !?!). On est aussi déçu de l'issue que Magik. Ce qui est rageant dans cette scène, c'est qu'on ignore si c'est une décision de Percy, ou un fait acté dès le départ par Hickman et Howard (les architectes de la saga). Je ne peux penser que Illyana Rasputin et Pogg Ur-Pogg n'auront droit qu'à ce trop court moment.

Puisqu'on est dans sa série solo, Wolverine va bien sûr monopoliser l'attention. Percy (avec Duggan dans Marauders) a écrit le griffu comme un lutteur sur les nerfs depuis le début du séjour dans l'Outremonde. Logiquement, il pousse cet état dans ces derniers retranchements à travers une succession d'épreuves absurdes et violentes qui confirment surtout que Saturnyne s'amuse avec les nerfs de tout le monde et du canadien en particulier (qu'elle considère comme une bête sauvage, donc avec encore moins d'égard que Betsy Braddock, c'est dire).

X of Swords semble, par certains aspects, ressembler à une sorte de test graphique aussi. On a vu des dessinateurs remplacer le titulaires du poste sur tel titre (Noto à la place de To, RB Silva à la place de To, Asrar succèder à Yu...) et là, Joshua Cassara s'assied dans le fauteuil de Viktor Bogdaniv pour cet épisode. 

Comme Cassara officiait jusqu'à présent sur X-Force (même si sur le dernier numéro, il était suppléé par... Bogdanovic, vous suivez ?), il présente l'avantage de bien maîtriser Wolverine (héros des deux séries). Il peut ainsi se déchaîner sur le découpage, comme il le prouve pour mettre en scène l'ahurissante et vertigineuse bataille dans le royaume de Blightspoke avec l'Invocateur. C'est, avouons-le, à la limite du lisible, mais au moins ça colle avec cet environnement délirant.

Percy et Cassara orchestrent tout l'épisode sur ce principe : faire perdre ses repères à Wolverine et au lecteur. Le mutant gagne son duel mais la victoire est accordée à son adversaire qui s'est battu jusqu'à la mort. Puis Logan est envoyé auprès de Tornade avec laquelle il se soûle, de quoi raviver la flamme de la passion entre eux deux. Mais alors qu'ils vont s'embrasser, hop ! Wolverine est catapulté en plein règlement de comptes entre Solem et Guerre. 

On atteint des sommets dans l'absurdité car Solem est l'assassion du mari de Guerre et Wolverine celui de son fils, l'Invocateur. Solem a conclu un pacte avec Wolverine pour qu'ils aient chacun une épée Muramasa et cela passe par le meurtre de Guerre... Qui, évidemment, veut faire la peau aux deux ! Et là encore, le gain du match échappe au gagnant évident par le biais de ces manigances.

Bien qu'on ne sache pas combien de temps s'est écoulé entre le premier duel (Captain Britain-Isca l'imbattable) et ce dernier combat (Wolverine-Guerre), l'avantage est très nettement pour Arakko. On a été tellement bringuebalé en trois chapitres qu'on a eu du mal à suivre le score.

C'est grâce à la puissance du récit qu'on octroie la victoire à X of Swords en tout cas, quand bien même j'ai été frustré par le duel Magik-Pogg Ur-Pogg. A deux semaines de la conclusion du crossover et avec six épisodes à venir, je reste impatient de lire la suite de cette saga vraiment jubilatoire et imprévisible. 

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