dimanche 29 novembre 2020

SABRINA THE TEENAGE WITCH : SOMETHING WICKED #4, de Kelly Thompson et Veronica Fish


Après deux mois d'attente, enfin, le pénultième épisode de Sabrina the teenage witch : Something wicked est disponible. Ce calendrier contrarie tout de même beaucoup le plaisir qu'on peut prendre à sa lecture dans la mesure où chaque nouveau chapitre reprend exactement là où s'est achevé le précédent. Et puis, il faut le reconnaître, cette deuxième "saison" de la série ne convainc pas autant...


Agressée par une force mystérieuse, Sabrina a trouvé dans les bois Ren Ransom qui lui demande de l'aide car il s'est à nouveau transformé en wendigo. la jeune sorcière s'arrange pour congédier poliment son amie Jessa, rassurer ses tantes avant de remonter dans sa chambre.


Ren y est rejoint par sa soeur Radka, elle aussi sous le coup d'une nouvelle transformation. Sabrina leur redonne apparence humaine en invoquant un contre-sort. Puis Ren évoque la vision qu'il a eu d'une maison dans les bois, avec à l'intérieur sa mère et une autre femme.


Sabrina est résolue à aller dans cette maison, la clé de tous leurs problèmes selon elle. mais Harvey débarque à l'improviste. Sabrina tente de le tranquilliser mais il est las de ses cachotteries et tourne les talons.


Guidée par Ren et Radka, Sabrina atteint cette fameuse maison. Mais le trio est attaqué par son habitante dont l'identité est très familier de la jeune sorcière...

Dans sa première mini-série consacrée à Sabrina Spellman, Kelly Thompson avait imposé son écriture fantaisiste et efficace en privilégiant l'étude de caractère, même si la magie était bien présente. Cependant, il s'agissait surtout de redonner au personnage de la jeune sorcière le capital sympathie acquis grâce la série Netflix.

Le succès critique et public de cette première "saison" a donné lieu à cette suite, sous-titrée Something wicked. Très vite, Thompson a posé ses pions de manière entraînante avec un tueur qui sévissait à Greendale et le chantage exercé par Radka Ransom sur Sabrina dont elle connaissait le secret. Mais il faut bien avouer que depuis ces belles promesses se sont évaporées.

En vérité Thompson a échoué à exploiter ces deux pistes narratives. Du tueur, on n'a plus entendu parler et jamais Sabrina n'a été affairée à enquêter à ce sujet. Quant à sa relation avec Radka, elle fait "pschitt", tournant à un crépage de chignon pathétique, d'autant que Sabrina était courtisée par Ren, le frère de Radka, et Harvey, un autre prétendant.

Jamais la scénariste n'a paru maîtriser son histoire, soudain surpeuplée en seconds rôles, comme en témoignent les traitements infligés à Jessa (la meilleure amie de Sabrina, totalement reléguée) ou ses deux tantes (un temps soupçonnées d'être à l'origine des transformations de Radka et Ren sans que cela soit clarifié). Ne parlons même pas du chat Salem dont les interventions ont été réduites à la part congrue.

Cela fait maintenant un moment que je ne suis plus guère convaincu par Thompson pour ses travaux chez Marvel (même son actuelle série Black Widow n'a pas évité le piège d'une menace surgie du passé de l'héroïne, éternelle rengaine). Mais je trouvais qu'avec la première "saison" de Sabrina the teenage witch, elle renouait avec la fraîcheur de ses meilleures productions mainstream (Hawkeye, le premier arc de West Coast Avengers). Il y a chez Thompson un manque de constance, de consistance vraiment décourageant, comme s'il elle ne convertissait jamais les espoirs placés en elle.

Ces défaut sons exacerbés par le rythme de parution de cette série. Archie laisse filer les mois sans explications et contribue ainsi à couler le titre. Alors que tous les éditeurs ont retrouvé, malgré la crise sanitaire, un calendrier régulier de sorties, Archie semble sortir Sabrina... quand il y pense. Du coup, à chaque fois qu'un épisode est disponible, il faut se refamiliariser avec les personnage, l'intrigue, et on se rend alors compte que ça n'imprime pas, que le récit ne tient pas le coup, qu'on éprouve du mal à se passionner.

C'est déplorable car la série est toujours remarquablement dessinée. Veronica et son mari coloriste Andy Fish, eux, ne baissent pas les bras et tiennent le projet à bout de bras, avec un dessin tonique, expressif, tout à fait enchanteur. Le plaisir qu'on garde à la lecture, on le leur doit. Mais c'est un compliment ingrat car il traduit un vrai gâchis : les époux Fish méritent mieux. Voilà qui donne en fait envie de découvrir leur autre série, Blackwood (écrite par Evan Dorkin).

Il faudra encore être patient pour lire la fin de cette aventure, prévue en 2021. Mais je l'attends sans trop d'illusions sur sa capacité à redresser le niveau.

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