vendredi 25 septembre 2020

JUGGERNAUT #1, de Fabian Nicieza et Ron Garney

 


Le Fléau est un des plus anciens ennemis des X-Men, et aussi le demi-frère du Professeur Charles Xavier. Pourtant, depuis Dawn of X, il est absent du paysage mutant, le personnage a été éloigné durant la série Uncanny X-Men avant la reprise de Jonathan Hickman. Marvel a confié à Fabian Nicieza le soin de ramener Juggernaut sur le devant de la scène, sans l'intégrer à l'actualité mutante. Ron Garney dessine les cinq épisodes de cette mini-série.



Le Fléau travaille pour la société Damage Control, qui s'occupe des chantiers causés par les dégats consécutifs aux batailles des super-héros. Actuellement il détruit des immeubles insalubres mais où résident des squatteurs. Lorsqu'il découvre une bande d'adolescents dans un bâtiment...


Exilé dans les limbes après avoir affronté Magik, Cain Marko est privé des pouvoirs que lui donnent l'Oeil de Cyttorak. Il erre dans cette dimension parallèle en traînant derrière lui sa lourde armure en quête d'une sortie.


Dans un immeuble où il les a traqués, le Fléau affronte les jeunes squatteurs. Mais il tombe sur une adolescente doté de pouvoirs kinétiques. La bataile dégénère et un mur s'effondre sur la jeune fille. Le Fléau appelle les Secours et elle est hospitalisée.


Dans les limbes, Cain Marko arrive devant un arbre décharné qui marque un carrefour dimensionnel. Il comprend que pour obtenir une faveur, il doit sacrifier un bien qui lui est précieux et donne son casque en offrande. Il disparaît aussitôt après.


La jeune fille revient à elle. Le Fléau est resté à son chevet et apprend comment, à la suite d'un accident scientifique, elle a acquis ses pouvoirs. Elle défie le Fléau de se rendre vraiment utile et lui soumet une proposition risquée...

Avant que Jonathan Hickman ne donne un grand coup de balai dans la franchise X, Matthew Rosenberg a animé (avec Kelly Thompson et Ed Brisson au début) une énième série Uncanny X-Men, aussi interminable (à un rythme hebodmaire) que nulle. Cette série a donné la saga Age of X-Man (pas meilleure) tout en se poursuivant en parallèle. Rosenberg y massacrait un nombre affolant de mutants au long d'une intrigue affligeante, prétexte à réunir Wolverine et Cyclope (fâchés depuis la mini Schism de Jason Aaron). Lorsqu'on se rappelle de ça, on ne peut que remercier Marvel et Jonathan Hickman d'avoir fait le ménage et refondé l'univers mutant.

Rosenberg n'a pas tué le Fléau, il s'est "contenté" de l'envoyer dans les limbes grâce à Magik. Depuis, Cain Marko était invisible et on pouvait légitimement s'en étonner dans la mesure où il est quand même le demi-frère de Charles Xavier, le fondateur de la nouvelle Nation X. Un editor chez Marvel a dû se dire qu'il fallait corriger cela et a initié cette mini-série en cinq épisodes dont l'écriture a été confié à Fabian Nicieza et les dessins à Ron Garney.

C'est la présence de ce dernier au générique qui a motivé mon achat car je suis un fan de cet artiste. Il faut en outre en profiter car il s'agit de son dernier travail pour Marvel (en effet, il a signé pour illustrer un creator-owned d'après une idée de... Keanu Reeves !). Le Fléau est un personnage taillé pour Garney dont le style, désormais très influencé par celui de Frank Miller, convient parfaitement aux colosses engagés dans des histoires musclées.

Ce premier épisode ne met cependant pas tout à fait en valeur le talent de Garney. Il s'agit clairement d'un numéro d'exposition pour réintégrer le personnage tout en rappelant où il était passé via des flash-backs rapides. Fabian Nicieza cache-t-il son jeu ? En tout cas, il démarre modestement.

Pourtant, le postulat est malin : puisque le Fléau se caractérise principalement par sa capacité destructrice, en faire l'employé de Damage Control, une société spécialisée dans la gestion des zones ravagées par les combats de super-héros, est malicieux. Cain Marko achève de démolir des immeubles en ruines ou insalubres. Logiquement, il tombe sur des squatteurs et doit les chasser, mais délicatement car ce sont des adolescents.

Ainsi rencontre-t-il D-Cel, une jeune fille dotée de pouvoirs kinétiques (elle peut freiner le mouvement des objets). Une opposition habile pour une force de la nature instoppable comme le Fléau. Il se prend d'affection pour elle après qu'elle se soit blessée. En dialoguant, ils se rendent compte que tous deux n'utilisent pas leurs talents à bon escient et elle lui lance un défi de taille...

Nicieza est donc modeste dans son entreprise mais cela ne signifie pas que sa mini-série manque d'allure ni de potentiel. Il me semble que son objectif est de racheter une conduite au Fléau, de le sortir du cliché du gros bourrin qui fonce tête baissée pour tout démolir sur son passage, et peut-être de lui donner une dimension héroïque, un nouveau destin. Au terme duquel il sera récupéré par la communauté mutante de son demi-frère ?

Nous verrons cela dans l'avenir, mais si tel est le cas, ce serait intéressant. Imaginez ce malabar dans une équipe comme les Marauders ou X-Force, ce serait une sacrée recrue. Et je serai curieux de voir sa nouvelle relation avec Charles Xavier.

 Graphiquement, cet épisode est aussi un peu timide. Ron Garney sert le récit sans faire d'étincelles. Il paraît même un peu sur la réserve dans l'unique scène d'action (lors de l'affrontement du Fléau contre D-Cel). C'est un peu décevant, mais bon, nul doute qu'avec ce qui se profile dans l'épisode 2, ça va changer.

Garney s'est pourtant investi dans le projet puisqu'il a redesigné l'armure de Cain Marko. C'est un relooking a minima mais qui rappelle un peu celui que le eprsonnage arborait quand il avait été transformé durant l'event Fear Itself. Garney le dessine aussi plus grand et moins massif. Dans les falsh-backs, il souligne le contraste entre Marko, qui est en fait un type malingre, hirsute et barbu, et le Fléau, qui est donc un quasi-géant, sculptural.

Pour cette mini-série, Garney collabore avec celui qui est devenu son coloriste régulier, Matt Milla. Les deux hommes sont sur la même longueur d'ondes, Milla comprend le trait jeté, brut, de Garney et sait l'habiller avec des couleurs qui le mettent valeur sans "manger" l'encrage. Milla sauve même des plans un peu expédiés par Garney, comme celles se passant dans les limbes, grâce à des teintes nuancées. De même il a opté pour des couleurs vives sur des parties précises (comme les lignes de l'armure, rouge sang) qui donne du pep's au design.

Il ne faut pas être ni trop exigeant ni trop sévère avec cet épisode inaugural. Je parie sur un début humble, mineur, avant des développements plus toniques, voire épiques (Nicieza a évoqué son intention d'explorer le rapport du personnage avec Cyttorak). De toute façon, en cinq épisodes, on n'aura guère le temps de s'ennuyer. 

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