vendredi 20 mars 2020

HAWKEYE : FREEFALL #4, de Matthew Rosenberg et Otto Schmidt


Il ne faut vraiment pas juger un livre à sa couverture (qu'est-ce qui a pris à Marvel de donner des visuels aussi moches à cette série ?!) parce que, une fois encore, pour son pénultième épisode, Hawkeye : Freefall est un régal. On peut tout juste reprocher à Matthe Rosenberg d'en faire un chouia trop (pour souligner le côté pathétique de Clint Barton et dans l'accumulation de quiproquos). En revanche, Otto Schmidt nous gratifie de planches parfaitement irrésistibles.


Surpris par Daredevil après avoir découvert plusieurs membres de la Maggia assassinés par the Hood, Clint (déguisé en Ronin) doit le convaincre n'être pour rien dans ce massacre. DD le croit et lui explique avoir réuni plusieurs héros pour capturer Ronin, avant de s'occuper de the Hood.


Mais le lendemain soir, quand Clint (en tenue de Hawkeye) rejoint ce groupe, DD est absent. Il entre le premier dans le bâtiment où the Hood se trouve et où Ronin doit intervenir. Parker Robbins inflige une raclée à Clint avant de détaller quand les autres héros interviennent.


Grâce à Bryce, Clint met la main sur un fichier du SWORD et retrouve un Skrull qu'il oblige à se faire passer pour lui (car son gadget temporel ne fonctionne plus pour être Hawkeye et Ronin, et que son LMD n'est pas fiable).


Clint/Hawkeye retrouve le Soldat de l'Hiver et le Faucon auxquels se sont joints Mockingbird, D-Man et USAgent pour tenter une nouvelle capture de Ronin sur les docks. Ils se séparent binômes et Clint en profite pour neutraliser USAgent avec qui il patrouille.


Le skrull, en habit de Ronin, rejoint Clint à qui il reproche de faire n'importe quoi. La situation devient encore plus critique quand le LMD de Clint rapplique. Il s'en débarrasse puis enfile le costume de Ronin (et le skrull celui de Hawkeye). Seul, Clint/Ronin tombe alors sur Bullseye...

Si on n'est pas bien disposé, on peut facilement dire que cet épisode part dans tous les sens et que Matthew Rosenberg, à trop tirer sur le fil de la déconne, se vautre en multipliant les quiproquos sans faire progresser son intrigue. 

Ces reproches sont valides, de fait ce quatrième et avant-dernier chapitre de la mini-série est le plus faible du lot. Le scénariste a clairement préféré (sur)jouer la carte de l'humour au détriment de l'histoire. Il convoque beaucoup de personnages sans en faire quoi que ce soit (qu'il s'agisse de Daredevil, ou pire de Night Trasher), en invite d'autres (le skrull) qui ne font que compliquer les choses (déjà bien alambiquées), au seul profit du gag pour le gag.

Alors certes, on rit franchement en plusieurs occasions : Clint se demandant si Daredevil est aveugle, Clint imposant un plan d'attaque débile au Faucon, au Soldat de l'Hiver et à Night Trasher, Clint et le skrull surpris par le LMD, autant de moments vraiment hilarants. On a parfois le sentiment de lire une parodie.

Mais cela joue contre la série en fin de compte car, comme je l'ai dit plus haut, l'histoire n'avance pas (plus). Les personnages se liguent pour piéger Ronin (en ignorant bien entendu que Clint les a abusés) tout en se désintéressant de the Hood, qui devrait quand même les préoccuper autant (sinon plus). Les héros qui assistent Hawkeye pour cela sont traités comme des B-Leaguers grotesques, ce qui revient à considérer Bucky Barnes, le Faucon ou Mockingbird comme des tocards équivalents à D-Man ou même à USAgent. Quant à l'apparition de Bullseye à la dernière page, elle sort de nulle part.

De fait, Rosenberg oblige le lecteur à choisir son camp : soit il accepte son délire et apprécie l'épisode pour ce qu'il est (une enfilade de situations comiques jusqu'au non-sens), soit il n'adhère pas à cette proposition et comptabilise tout ce que ce parti-pris entraîne contre la série elle-même et son intrigue.

Je suis donc un peu gêné car si je trouve que Rosenberg a fait trop, à mauvais escient, je dois aussi reconnaître m'être bien amusé. C'est du grand n'importe quoi et même si je doute que le scénario assume d'aller jusqu'au bout de cette direction dans le prochain et dernier épisode, c'est assez audacieux. Toutefois, je crois aussi que le prochain auteur à animer Clint Barton aurait tout intérêt à lever un peu le pied sur ce qu'a initié Matt Fraction : Hawkeye ne peut être réduit à loser pitoyable, un gentil couillon, un bouffon, cela finit par détruire le personnage et impacter son entourage (qui réagit de manière trop agressive face à sa bêtise, soit de manière trop indulgente au point de passer eux aussi pour des imbéciles heureux).

Dans ce cas de figure, évidemment, Otto Schmidt est le dessinateur parfait car son style, à la fois élégant et cartoon, convient on ne peut mieux au registre choisi par Rosenberg. Il n'a pas besoin de souligner les effets du script, il lui suffit de les accompagner et on lui saura gré de le faire avec plus de mesure que le scénariste. 

Grâce à Schmidt, le série conserve une sorte de classe, de distinction qui l'empêche de sombrer dans la farce. Schmidt s'amuse du héros sans le rabaisser, avec une sorte d'attachement complice, et découpe l'action de manière à ne jamais forcer le trait, ce qui fait qu'on compatit au sort de Hawkeye, prisonnier de ses manoeuvres, victime de ses maladresses et de son impulsivité. C'est juste dommage qu'il ne puisse pas oeuvrer plus longtemps que cinq épisodes, parce qu'il a tout bien en mains, et que, visuellement, ça change très agréablement du tout-venant.

Hawkeye : Freefall, ce mois-ci, résume en vérité le piège des mini-séries : leur format autorise une certaine radicalité, mais au risque de certains excès. Avec un seul épisode à venir pour tout conclure, ce sera difficile pour Matthew Rosenberg de renouer avec l'excellence du début, mais il pourra compter, comme le lecteur, sur Otto Schmidt pour emballer ça avec allure.

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