dimanche 29 septembre 2019

DIAL H FOR HERO #7, de Sam Humphries et Joe Quinones, Colleen Doran, Mike Avon Oeming, Erica Henderson et Stacy Lee


Ce septième épisode de Dial H for Hero est une parenthèse dans la série. Peut-être produit suite à l'annonce de la modification du titre, qui est passé de six à douze numéros. Peut-être pour permettre à Joe Quinones de souffler. Mais Sam Humphries en profite pour revenir sur l'heure où Mr. Thunderbolt a doté de super-pouvoirs tout Metropolis, et avec quelques artistes invités, s'amuse à réfléchir sur ce que cela a représenté pour quelques co-citoyens de Superman...


Pendant une heure, Mr. Thunderbolt, en possession du téléphone magique, a pourvu les habitants de Metropolis de super-pouvoirs, créant un chaos ahurissant. Mais qui en a vraiment profité comme Miguel, qui a sauvé la ville du crash d'un avion de ligne ?


Tony faisait son jogging en pensant à son petit ami Kevin lorsqu'il répondit à l'appel de Thunderbolt. Transformé en Sir Prize, il découvrit son compagnon dans les bras d'un autre homme. Dévasté, il trouva néanmoins du réconfort auprès d'autres individus également changés.


Tara était chez elle, malade, dans l'impossibilité de se soigner à cause de son assurance souscrite chez Lexcorp. Devenue Phanstama, elle partit se venger en terrorisant l'employé qui suivait son dossier, au point qu'il lui accorda les fonds pour qu'elle soit prise en charge.


Lucy, elle, s'était changée en chasseuse de monstres et sa première cible serait sa tante Rita, qu'elle savait responsable de l'empoisonnement de sa mère pour toucher son héritage. Hélas ! pour Lucy, Rita était devenue une créature trop puissante pour qu'elle l'arrête.


Enfin, Fiona avait été métamorphosée en détective Flamingo enquêtant sur l'Ange Gardien... Qui n'était autre qu'un brave chien. L'Opérateur du Heroverse se demandait encore qui serait son successeur tout en sachant que pour stopper Mr. Thunderbolt, il devrait leurs origines à tous les deux.

Je peux me tromper (DC n'a pas communiqué à ce sujet) mais il me semble évident que lé décision de l'éditeur d'accorder le statut de maxi-série en douze épisodes à Dial H for Hero a obligé Sam Humphries à modifier son intrigue. Cet épisode en témoigne qui revient sur les événements du précédent numéro comme pour gagner du temps, en invitant plusieurs dessinateurs à suppléer Joe Quinones (qui ne signe que deux planches) pour qu'il soit prêt à illustrer le second acte de l'histoire.

Pourtant, le résultat n'est pas un bouche-trou laborieux, mais une occasion pour le scénariste de creuser le thème de l'héroïsme, de manière à la fois ludique et lucide - car parmi les quatre cas sur lesquels il se penche, tous ne sont pas animés par de bons sentiments.

Dans Metropolis peuplé de milliers de super-héros pendant une heure, on croise des individus improbables, un vrai festival digne d'un carnaval, pour lesquels la situation va servir de révélateur plus ou moins douloureux.

Avec Colleen Doran, Humphries dresse le portrait d'un jeune homosexuel sous pression car il cherche par tous les moyens à correspondre à l'idéal masculin de son compagnon. Quand Mr. Thunderbolt lui offre la possibilité d'une transformation, il ignore de quelle nature elle va être mais il l'accepte car les termes choisis du manipulateur vont dans le sens de ses espoirs. Pourtant, c'est une déconvenue cruelle à l'arrivée, même si Tony trouve une épaule réconfortante ensuite.

Le look de Sir Prize, l'alter ego éphémère de Tony, est particulièrement kitsch, digne d'un défilé de la gay pride, mais l'écriture de Humphries évite toute moquerie et tire l'ensemble vers la fable, tandis que Doran ne s'économise pas en planches très fournies.

Avec Mike Avon Oeming, on a droit au segment le plus spectaculaire : l'artiste vole carrément la vedette au scénariste en produisant des pages aux compositions et au découpage hallucinant. Visiblement, le personnage de Phantasma l'a inspiré et on traverse ce passage ébahi.

La charge contre le système de santé et de couverture sociale américains est claire et sans appel. Et malgré son visuel dément, c'est paradoxalement la nouvelle la plus ancrée dans le réel du lot.

Avec Erica Henderson, on glisse dans un moment plus étrange, trouble. Lucy chasse des monstres bien humains, et sa quête de vengeance est finalement très noire. Le graphisme de la dessinatrice de The Imbeatable Squirrel Girl emprunte ici volontiers à celui d'européens (on pense à Sfar, Blain). C'est superbe.

Humphries démontre une fois encore la diversité des registres abordés en se servant du fantastique pour traiter de la famille. Magistral.

Enfin, le dernier segment dessiné par Stacy Lee est celui qui m'a le moins convaincu et plu. Je ne suis pas un fan du style manga, même si je reconnais que l'intégrer à un épisode spécial comme celui-ci n'a rien d'incongru. Mais surtout la morale de ces pages est faible, et même franchement niaise (le Saint-Bernard transformé en Ange Gardien). Bof.

Très étonnante sur la forme et variée sur le fond, cette pause dans la série n'est pas sans qualités. Toutefois, la suite directe de l'intrigue, et la promesse de révélations dramatiques sur Mr. Thunderbolt et l'Opérateur, nous mettent l'eau à la bouche. Vivement le mois prochain !

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