dimanche 1 septembre 2019

DIAL H FOR HERO #6, de Sam Humphries et Joe Quinones


Cela aurait dû être la fin de Dial H for Hero, mais ce sixième épisode conclut seulement le premier arc de ce qui est devenue une maxi-série en douze épisodes. Et Sam Humphries et Joe Quinones n'ont pas fait les choses à moitié, visiblement motivés par cette rallonge. Ironiquement, c'est même dans ce numéro qu'on trouve la véritable essence de Superman (absente de ses deux séries), avec un véritable festival graphique et une fin ouverte accrocheuse.


Mr. Thunderbolt a donc utilisé le téléphone rouge pour pirater tous les téléphones de Metropolis et conférer à leurs usagers des super-pouvoirs. Seule Summer Pickens est là pour affronter le chaos qui en résulte : elle se re-transforme en Lolo Kick You et essaie de ramener les civils à la raison.


Dans le Heroverse, l'Opérateur demande à Miguel Montez d'utiliser un nouveau téléphone, bleu celui-ci, pour acquérir des super-pouvoirs et sauver Metropolis. Il ne s'en sent pas capable, jusqu'à ce qu'un avion de ligne menace de s'écraser.



Cette catastrophe rappelle à Miguel la mort de ses parents dans des circonstances identiques. Il devient Super Miguel et vole à la rescousse des passagers. Il lui faut cependant encore puiser dans ses ressources naturelles pour avoir la conviction nécessaire à une telle manoeuvre.


Mais le crash est évité et Miguel, au pied de la statue de Superman, a compris l'influence de son modèle dans la réussite de son intervention. Le sort lancé par Mr. Thunderbolt ne durant qu'une heure, bientôt les habitants de Metropolis redeviennent normaux.


Miguel retrouve Summer et ensemble ils savourent leur victoire. Elle n'est cependant pas encore complète car Mr. Thunderbolt court toujours. Il est au sommet du "Daily Planet", toujours en possession du téléphone rouge et préparant le remplacement du Heroverse par le Multivers.

On jurerait en lisant cet épisode, qui devait être le dernier du titre, que les auteurs ont voulu boucler l'aventure en beauté. Pourtant, entre temps, Sam Humphries a eu le temps de modifier son histoire pour la développer en une maxi-série de douze épisodes et donc disposer un cliffhanger.

De toute manière, le cinquième numéro promettait une situation de crise spectaculaire puisque Mr. Thunderbolt, désormais en possession du téléphone rouge, avait doté tous les habitants de Metropolis de super-pouvoirs. Et l'Opérateur du Heroverse venait d'expliquer par le menu à Miguel Montez qu'un bon super-héros se définit par sa capacité de résilience, comment il va surmonter un traumatisme fondateur et le convertir pour faire le Bien (ou le Mal).

Humphries revient sur cette notion pour en faire la clé au problème d'envergure qui se pose à Miguel et Summer. Ils ne sont pas tant confrontés à une population entière de super-humains qu'à des individus sans compas moral par rapport à ce qui vient de leur arriver. Autrement dit : la victoire dépend de la manière dont Miguel et Summer sauront montrer l'exemple à tous ceux que Mr. Thunderbolt vient de doter de pouvoirs.

C'est très astucieux et surtout cela aboutit à une scène à la fois simple et superbe qui illustre parfaitement l'essence de Superman, l'axe du DCU, le repère moral de la communauté super-héroïque - ça tombe particulièrement bien puisque ni Action Comics ni Superman ce mois-ci n'ont réussi à bien exploiter la valeur du personnage. Super Miguel sauve les passagers d'un avion de ligne (un geste très "Supermanien") et atterrit pile devant la statue de l'homme d'acier, comprenant que l'héritage du kryptonien, c'est ce qu'il inspire de meilleur chez nous.

Mais, en plus d'un beau message, sur un rythme enlevé, l'épisode est également remarquable par sa virtuosité visuelle. Joe Quinones (soutenu par Scott Hanna à l'encrage et Jordan Gibson aux couleurs) est déchaîné.

Il n'a pas besoin d'en rajouter pourtant mais l'artiste trouve des astuces dans le découpage absolument formidables, et en profite pour nous régaler d'hommages à de grands dessinateurs. Il imite les styles de (entre autres) Mike Allred (pour Lolo Kick You), Daniel Clowes (pour Miguel dans le Heroverse), de Bruce Timm, de Frank Quitely, de Dave Stevens, Mark Schultz, Alex Ross (pour Super Miguel), Jaime Hernandez, Brian O'Malley, Katsuhiro Ottomo, Dave Johnson, Jae Lee...

Parfois ces clins d'oeil n'occupent qu'une case, ou une portion d'image, parfois une page entière, mais on est tout de même sidéré par la facilité avec laquelle Quinones, sans jamais se prendre au sérieux, réussit cet exploit. Grâce à cela, l'épisode a une ampleur inédite, qui se conjugue à l'esprit du script sans le parasiter.

On est donc maintenant parti pour le second acte de la saga, et le fait qu'il existe en vérité quatre téléphones magiques, capables une fois réunies de remplacer le Heroverse par le Multivers, donne un aperçu très alléchant de la suite.




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