samedi 14 septembre 2019

BATMAN UNIVERSE #3, de Brian Michael Bendis et Nick Derington


A mi-parcours, Batman Universe ne montre aucun signe d'essoufflement : au contraire, l'histoire écrite par Brian Michael Bendis demeure captivante et jubilatoire comme au premier jour. On pourra s'étonner de la différence avec la production du scénariste sur Superman ou Event Leviathan, mais surtout positiver en savourant. D'autant que Nick Derington nous régale avec ses dessins où l'influence de Darwyn Cooke est manifeste.


Au contact de l'oeuf de Fabergé dérobé par le Sphinx, Batman se retrouve téléporté sur Thanagar. Soumis à un interrogatoire sur sa présence, il mentionne ses amitiés avec Hawkman, Hawkgirl et Hal Jordan et recouvre la liberté.


Mais alors que la police de Thanagar le conduit au centre scientifique pour le renvoyer sur Terre, il y est à nouveau subitement projeté. Revenu à Gorilla City, il découvre que les singes ont été massacrés et l'oeuf encore volé. Le roi Nammdi désigne le coupable : Vandal Savage.


Batman perd connaissance et se réveille au Hall de Justice, veillé par Cyborg et Hal Jordan. Après leur avoir résumé son aventure, il apprend par Vic Stone que la signature énergétique de l'oeuf de Fabergé indique sa position sur Dinosaur Island.


Green Lantern y accompagne Batman et, après avoir échappé à des monstres préhistoriques, ils localisent Vandal Savage, toujours grâce aux radiations émises par l'oeuf, dans une grotte. Mais alors qu'ils discutent de la manière de l'appréhender, il disparaît.


Batman et Green Lantern avancent, méfiants, vers l'oeuf. Celui-ci vrombit et les deux héros sont téléportés. Mais cette fois, ils sont déplacés à la fois dans l'espace et le temps puisqu'ils atterrissent dans l'Ouest sauvage où ils sont surpris par Jonah Hex !

Si je devais faire un voeu, alors que le run de Tom King sur Batman s'achève prochainement et que celui de Brian Michael Bendis sur Superman arrive au terme de sa première longue saga, j'aimerai vraiment que le scénariste du kryptonien remplace celui de Mister Miracle sur le titre du dark knight. Car Batman Universe apporte la preuve indéniable que Bendis est fait pour le job.

Ce troisième épisode est une nouvelle fois un régal, au point même que les procédés un peu répétitifs de la narration deviennent un plaisir. Il règne dans ce récit une fraîcheur revigorante qui change très agréablement de tout ce qui a été produit ces dernières années avec Batman mais aussi marque un retour aux sources du personnage (puisqu'il s'agit d'une vraie detective story).

Le signe le plus évident de tout cela, c'est l'exotisme du récit : on y voyage beaucoup, ce qui tranche avec les arcs narratifs entre les murs de Gotham. Et quand je dis qu'on voyage, ce n'est rien de le dire : ce mois-ci, on passe de Thanagar au Hall de Justice à Dinosaur Island au Far West ! Qui dit mieux ?

Alors, certes, Bendis use et abuse un peu des téléportations inopinées, mais qu'importe ! On s'en amuse parce que la réussite du projet tient aussi à cette légèreté assumée, atypique, qui renvoie en vérité aux histoires de Batman durant le silver age. Balader ainsi Batman, c'est rappeler qu'il n'est pas que le dark knight, le protecteur d'une ville, mais un authentique aventurier, qui s'est formé à l'étranger, et qui a vu du pays avec la Justice League - et d'ailleurs, celle-ci est citée avec le "caméo" de Cyborg au Hall de Justice et la team-up avec Green Lantern à Dinosaur Island (l'occasion pour Bendis de rappeler qu'il y a un énorme monstre préhistorique dans la Batcave).

Impossible de savoir où tout ça va nous mener, mais c'est exquis, plein de mouvement, de péripéties. On pense à DC : The New Frontier de Darwyn Cooke, d'autant plus qu'il s'agit de la référence de Nick Derington. Ses dessins ne ressemblent pas à celui du génie trop tôt disparu, mais évoquent son style rétro avec subtilité.

Derington s'amuse visiblement autant que nous à illustrer cette saga. Il ne ménage pas ses efforts pour servir le script débridé de Bendis, qu'il s'agisse de l'apparition fugace mais spectaculaire d'Onimar Synn à Thanagar ou des plans d'ensemble sur Dinosaur Island et sa faune extravagante. Ce mélange de naïveté et d'engagement est très séduisant parce qu'il donne le sentiment d'un dessin fouillé tout en étant très efficace. Et les couleurs de Dave Stewart ajoutent au festin, avec une palette sobre mais lumineuse.

Il me semble difficile de ne pas adhérer à cette proposition décalée pour Batman tant le plaisir des auteurs est communicatif. 

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