samedi 31 août 2019

SUPERMAN #14, de Brian Michael Bendis et Ivan Reis


C'est un curieux épisode que voilà : sa sortie a été différé pour modifier la couverture (jugée sans rapport avec l'histoire - ce n'avait pas gêné DC auparavant), et le contenu semble n'être qu'un prétexte pour le cliffhanger. Il est clair que Superman patine depuis quelques mois et que Brian Michael Bendis a perdu son mojo. Ce qui n'est pas le cas d'Ivan Reis, toujours aussi en forme. 


Superman comprend enfin pourquoi Jor-El l'a emmené jusqu'aux ruines de Krypton lorsque le vaisseau de Rogol Zaar et sa bande y arrive à son tour. Le général Zod reconnait la zone et, fou de rage, s'en prend à Zaar.


Le vaisseau du tueur ne résiste pas à la colère de Zod. Superman veut porter secours aux passagers mais Jor-El le lui déconseille car les radiations émises par Krypton vont les tuer. Ce qui débarrassera la galaxie de ces fripouilles.


Mais Superman ne peut se résoudre à cette solution. Au même moment Supergirl, Superboy et Krypto resurgissent pour neutraliser Rogol Zaar une fois pour toutes. Zod et Superman s'aperçoivent que leur ennemi est aussi affecté par la kryptonite ambiante - il est donc kryptonien !
  

Ce désordre est réglé par l'intervention de la garde noire de Thanagar qui arrête tout ce monde. Rogol Zaar mais aussi Jor-El sont emprisonnés. Superman apprend que le complot du Cercle mis à jour par Supergirl pour détruire Krypton a semé le trouble dans la galaxie, au bord d'une nouvelle guerre.
   

Sur l'idée de Superboy, le Conseil galactique se réunit et se voit proposer une nouvelle organisation sur le modèle des Nations Unies. C'est alors que la Légion des Super-Héros apparaît et invite Superboy à grossir ses rangs, comme celui qui aura été l'inspirateur de leur équipe...

Comme on peut donc le voir, tout l'épisode tend vers le retour de la Légion des super-héros, absente du "DC Rebirth" (et qui donc connaît une incarnation nouvelle). La série régulière consacrée au groupe va suivre, d'abord sous la forme d'un diptyque (Millenium) puis avec un mensuel à partir de Novembre, écrit par Brian Michael Bendis et dessiné par Ryan Sook.

Il n'est pas absurde de réintroduire ces personnages dans les pages de Superman puisque la Légion a toujours été attachée au héros. En vérité, c'est plutôt la manière ou le timing qui surprennent car on a le sentiment que Bendis utilise la Légion pour dénouer une solution devenue trop complexe, après plus d'un an de la même histoire avec l'homme d'acier.

En effet, il apparaît aussi clairement que les dossiers Rogol Zaar et Jor-El sont devenus des boulets qui alourdissent la belle dynamique des débuts du run de Bendis : ça n'en finit plus - un peu comme quand les New Avengers traînaient the Hood ou Norman Osborn (même si Bendis avait su bien conclure leur cas). Je l'ai déjà dit, et je vais donc me répéter, mais Rogol Zaar s'est avéré un méchant trop unidimensionnel (avec son mantra "je vais tueur les kryptoniens jusqu'au dernier"... Sans qu'on sache vraiment pourquoi il leur voue une telle haine) pour passionner aussi longtemps. Les vraies révélations se trouvaient dans les épisodes de Supergirl (avec le complot du Cercle), mais réduisaient Zaar à un exécuteur.

Quant à Jor-El, Bendis n'a fait que souligner son caractère de magouilleur et de (grand) père indigne, au point que son idée initiale de lui confier Jon est passée pour une énorme incongruité (quel père responsable accepterait de confier sa progéniture à un homme pareil ? A la décharge de l'homme d'acier, Lois Lane a été tout aussi inconséquente).

A l'heure de s'en débarrasser, Bendis précipite leur sortie de scène de manière cavalière (la garde noire de Thanagar embarque les deux margoulins), même si on imagine que Superman va essayer d'éviter la prison à Jor-El.

Le sort de Jon va diviser les fans, qui déjà ont reproché au scénariste d'en avoir fait un ado de dix-sept ans par un tour de passe-passe un peu grossier. Le voilà enrôlé par la Légion, dont il devient l'inspirateur historique. Supergirl aurait pu être choisie mais visiblement Bendis voulait à la fois écarter Jon de son père et en même temps l'intégrer à une sorte de nouvelle famille plus en phase avec son âge (difficile en effet d'imaginer que son duo avec Damian Wayne allait durer vu leur différence d'âge - et ceux qui accusent Bendis de saborder les Super-Sons devraient savoir que DC a annulé leur série parce qu'elle ne se vendait tout simplement pas assez !).

Ce qui ne devrait pas être discuté en revanche, c'est la prestation d'Ivan Reis, qui produit une nouvelle fois des planches remarquables. Le brésilien ne ménage pas ses efforts avec une figuration importante, des compositions très fournies, un découpage tonique, et des finitions qui requièrent deux encreurs (Joe Prado et Oclair Albert).

Il faut saluer la gestion éditoriale de la série qui a su ménager des pauses à Reis, lui laisser le temps de souffler pour revenir ensuite, rechargé, pour des épisodes importants, où son dessin puissant et exigeant fait merveille.

Cet épisode a donc les défauts de ses qualités : il est agréable mais un peu artificiel, comme une sorte de gros teaser qui ne dit pas son nom pour Legion of Super Heroes, et imposant à Superman un arrêt presque forcé dans une intrigue déjà bien longuette.   

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