vendredi 16 août 2019

CAPTAIN MARVEL #9, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Ce neuvième épisode de Captain Marvel déçoit. Autant être franc : la série affiche ses limites de manière frappante, comme si, soudain, elles apparaissaient en pleine lumière. Comme son héroïne, Kelly Thompson tourne en rond, et Carmen Carnero peine toujours à sublimer le script. Rideau ?


Ses pouvoirs défaillant, sans emploi, impopulaire, Captain Marvel peut néanmoins encore compter sur le soutien d'Abigail Brand du SWORD et surtout de Rhodey. Elle l'entraîne d'ailleurs jusque dans le repaire de Minn-Erva pour connaître ses intentions réelles.


Ils y découvrent une créature semblable à celles qu'a affront Carol récemment. De quoi confirmer la théorie d'un piège ourdi par Minn-Erva. Quand le monstre se réveille, il faut l'intervention, providentielle, de Star, pour sauver les civils exposés.


Cette fois, Carol se rend à l'évidence : elle accepte de se soumettre à des tests médicaux chez Tony Stark. En présence de Spider-Woman, ils remarquent dans la poitrine de Captain Marvel un curieux implant.


Si Tony ne l'identifie pas, Carol a son idée. Spider-Woman la suit jusqu'à Harpswell, dans le Maine, où Captain Marvel a installé sa base secrète, sous la maison de ses parents. Et où elle a un implant, d'origine Kree, identique à celui découvert dans sa poitrine.


Plus de doute pour Carol : Minn-Erva s'est jouée d'elle en provoquant sa chute et la régression de ses pouvoirs. Mais en retournant dans le repaire de sa rivale, elle la trouve inconsciente et enchainée devant un message menaçant à l'adresse de Captain Marvel.

En vérité, l'échec de Captain Marvel version "Fresh Start" n'est pas une surprise. Je me suis montré indulgent, trop sans doute, pour me rendre à l'évidence avec ce numéro.

Jusqu'alors, j'ai été très clément avec les comics écrits par Kelly Thompson chez Marvel parce que la scénariste y faisait preuve d'une fraîcheur bienvenue. Je considérai ses échecs commerciaux injustes, que ce soit avec sa reprise de Hawkeye et de West Coast Avengers (même si, dans ce dernier cas, Marvel n'a rien arrangé en dépouillant le titre de son artiste initial).

Pourtant, il faut bien revenir sur ces bides pour tenter de comprendre ce qui ne va pas avec Captain Marvel. Beaucoup de fans de comics prétendent que les auteurs qui savent écrire des séries avec des groupes de héros sont moins inspirés avec des séries centrées sur un seul héros, et vice-versa. Kelly Thompson s'est fait connaître en co-écrivant deux team-books (le tie-in à Secret Wars, Captain Marvel and the Carol Corps, avec Kelly Sue DeConnick ; puis A-Force, avec G. Willow Wilson). Et c'est comme si, depuis, elle voulait reproduire cette formule.

Hawkeye avait un supporting-cast fourni et la série avait fini avec la réunion de Kate Bishop et Clint Barton. WCA reprenait les choses où s'arrêtait Hawkeye. Et le premier arc de Captain Marvel voyait l'héroïne bien entourée par des collègues féminines (une sorte de A-Force bis qui ne disait pas son nom).

Mais, là où Hawkeye avait un vrai charme et le début de WCA une fantaisie exquise, Captain Marvel se traîne. Il n'y a pas cette étincelle qui transforme une BD sympa en bonne BD, ce je-ne-sais-quoi qui vous convainc que la scénariste ajoute quelque chose de neuf à la série et son personnage principal. Thompson nous sert plutôt du réchauffé avec des monstres, des super-vilaisn ringards, une héroïne en rade malgré sa détermination. Rien qui passionne, qui fasse vibrer. 

Tout paraît téléphoné malgré le mystère que veut entretenir Thompson : on devine, bien plus facilement que Carol Danvers, que Star, cette nouvelle justicière, n'a pas surgi de nulle part ni que Minn-Erva est une suspecte trop évidente (donc une fausse coupable). Déjà rendue peu sympathique par Bendis (dans Civil War II) ou intéressante par Stohl (dans The Life of Captain Marvel), Carol lasse à être toujours aussi paumé et revêche (avec Tony Stark, qui lui a pourtant pardonné de l'avoir quasiment tué). On est loin du personnage animé par Kelly Sue DeConnick et David Lopez.

Ce plantage n'est pas nuancé par le dessin. Carmen Carnero livre son meilleur boulot, mais ce n'est pas à l'évidence une artiste capable de transcender l'ouvrage. Elle est appliquée, pas maladroite, mais pas renversante. Ses planches sont solides mais jamais épatantes. C'est illustratif, classique, sans vraie personnalité.

Pardonnez cet écart de langage, mais cette série est emmerdante. Elle se lit, ce n'est pas un navet. Mais ce n'est pas palpitant. Je ne sais honnêtement pas si je vais poursuivre : finir cet arc m'ennuie, car je ne sens pas un redressement possible.

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