vendredi 28 juin 2019

JUSTICE LEAGUE DARK #12, de James Tynion IV et Alvaro Martinez


Ce douzième numéro (en moins d'un an) de Justice League Dark confirme une nouvelle fois le redressement net de la série depuis quelques mois. James Tynion IV aura pris des chemins bien détournés pour raconter son histoire, dont un acte important connaît ici son issue, mais le résultat est impeccable. Et comme Alvaro Martinez produit toujours des planches de folie, le plaisir est total.


Il y a quelques mois. Wonder Woman entraîne la Justice League dans la salle des archives du Hall de Justice. Elle veut qu'une équipe soit dédiée à la lutte contre les forces occultes et elle la dirigera.


Aujourd'hui. Wonder Woman et Zatanna, investies par la magie du Chaos de Mordru, interrompt Nabu et une des seigneurs de l'Ordre alors qu'ils ôtent leurs pouvoirs aux réfugiés de l'empire de Korr.


Transformés, Swamp Thing, Man-Bat et Bobo affrontent les Seigneurs de l'Ordre. Nabu est défié à la fois par son élève Khalid Nassour et par Kent Nelson. Dépassé, le Dr. Fate voit alors ses pairs battre en retraite.


En unissant leurs forces, Nelson, Nassour, Jason Blood, le Phantom Stranger et Zatanna exflitrent Nabu du haume de Fate. La dernière alliée de Nabu reprend forme humaine et Bobo découvre qu'il s'agit de Mme Xanadu, qui était sous emprise.


Quelques mois plus tôt. Batman, seul avec Wonder Woman, la met en garde contre le combat qu'elle veut mener avec son groupe. Elle est pourtant résolue à semer la peur chez les sorciers. Aujourd'hui, elle brise le rubis de Sargon et promet de protéger la communauté magique avec sa Ligue de Justice.

Il y a, comme ce résumé en témoigne, comme un parfum de fin dans cet épisode. Pas la fin de la série, mais celle d'un premier acte, d'un premier Livre, d'un premier cycle.

Je regretterai toujours que James Tynion IV se soit tellement compliqué la tâche en rédigeant une si longue exposition. Certes, il a mis en place un vaste chantier, avec une distribution pléthorique, des enjeux spectaculaires, mais sur douze épisodes, il aurait pu s'épargner (et à nous épargner du même coup) bien des détours (le crossover The Witching Hour avec Hécate, qui a surtout servi à introduire Circé).

Mais les cinq derniers mois ont vu un redressement épatant du projet : avec l'arc Lords of Order, le récit a gagné en densité, en nerf, en tension. Tout n'a pas été parfait et il demeure des scories (Man-Bat reste le maillon faible), mais l'ensemble est bien plus satisfaisant.

Or, donc, grâce à l'apport assez indirect finalement de Mordru, la JLD est en mesure de défier Nabu et sa clique. Tynion IV convoque aussi Kent Nelson (un des hôtes les plus connus du Dr. Fate) dans ce moment critique et le combat est vraiment épique, plein de rage, de démesure. Pour le lecteur, c'est un plaisir particulier, comme une récompense, d'assister à la revanche des héros.

Tynion IV encadre l'action avec des flash-backs sur la réunion de Wonder Woman avec ses partenaires de la Justice League (Superman, Batman, Flash, Martian Manhunter, Aquaman, Cyborg) à qui elle soumet son projet d'une équipe dédiée aux menaces magiques. Cela produit un dialogue particulièrement bien inspiré entre l'amazone et le dark knight, qui se souvient avoir été en partie formé par Giovanni Zatara (comme on pouvait le voir dans les épisodes de Detective Comics du même scénariste), et qui se méfie de l'ivresse de la magie. En retour, on découvre Diana dans une logique très "Batmanienne" puisqu'elle veut insuffler la peur dans le camp des sorciers à la manière de son collègue avec ses adversaires : bien vu.

Pour représenter pareil morceau (l'épisode est plus long, presque trente pages, comme un Annual), il faut un dessinateur qui pète le feu et Alvaro Martinez nous en donne pour notre argent.

L'espagnol a pris le parti depuis un moment de visualiser les manifestations magiques de façon littérale, c'est-à-dire en montrant que les cases d'une page sont altérées par le déferlement de puissance convoquée. Ce parti-pris est casse-gueule car il faut un découpage à la fois inventif et très maîtrisé - dans ce domaine, peu rivalisent avec un J.H. Williams III (le dessinateur de Promethea et de Batwoman, période Rucka).

Mais Martinez tourne à plein régime et ose tout. Mieux : il réussit ce qu'il entreprend. Progressivement, plus on tourne les pages, plus son dessin s'enhardit jusqu'à des scènes incroyables, dont on se demande comment il a fait pour les réaliser sans dépasser les délais.

La taille et la forme des cases sont délirantes à souhait mais les informations visuelles restent étonnamment lisibles malgré tout, grâce à un encrage et une colorisation magistraux (merci Raul Fernandez et Brad Anderson). Il y a des effets de fondus enchaînés superbes, des explosions flamboyantes, un vrai feu d'artifices, à la (dé)mesure du programme.

In fine, on comprend que l'Acte II va revenir aux personnages de Circé et de l'Homme Inversé (sans doute distinctement, pour ne pas risquer d'embouteillage). Si cette suite est à la hauteur de ce qu'on a lu récemment dans la série, alors Justice League Dark a de beaux jours devant elle.  

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