jeudi 2 mai 2019

YOUNG JUSTICE #5, de Brian Michael Bendis, John Timms, Kris Anka et Evan Shaner


Pour ce pénultième chapitre du premier arc de la série, Young Justice ne parvient guère à se défaire de son côté laborieux. L'élan de l'histoire écrite par Brian Michael Bendis souffre des interruptions causées par les flash-backs. Par ailleurs, visuellement, il faut pas moins de trois artistes pour boucler l'épisode, Patrick Gleason étant aux abonnés absents...


L'équipe est enfin au grand complet après l'intervention de Conner Kent et Impulse qui ont aidé Robin, Jinny Hex, Teen Lantern, Wonder Girl et Amethyst à se libérer des geôles de Lord Opal.


Alors qu'ils s'éloignent du château de ce dernier, les jeunes héros sont rattrapés par le tyran du Gemworld. En possession d'un échantillon de kryptonite, il affaiblit Superboy - mais comment s'est-il procuré la roche ?


Deux jours plus tôt. Tim Drake et Stephanie Brown se trouvent devant le Hall de Justice lorsqu'elle reçoit un appel de son père, un criminel en cavale qui souhaite la voir. Sur ces entrefaîtes apparaît Zatanna.


Venue à la demande de Robin, elle accepte de sonder son esprit au sujet de visions récurrentes. L'examen lui permet de se rappeler de l'existence de Young Justice, sans savoir ce qui a pu la lui faire oublier. Zatanna appelle du renfort.


Sur le Gemworld, Impulse réagit en substilisant la kryptonite à Lord Opal. Superboy peut répliquer. Amethyst s'en prend au tyran et comprend alors qu'il est responsable des crises impactant son monde, et non la Terre...

Le vrai problème de cette série est que, paradoxalement, elle a en quelque sorte trop bien démarré, avec un premier épisode en boulet de canon, plein d'énergie et d'enthousiasme. La joie de vivre communicative de ces jeunes héros plongés immédiatement au coeur de l'action et se retrouvant sans explication laissait espérer un récit aérien.

Et puis progressivement tout cela s'est évaporé pour laisser place à une aventure plus convenue et laborieuse. Brian Michael Bendis aurait pu se dispenser de vouloir expliquer pourquoi Young Justice semblait avoir été effacé des tablettes, mais on le lui aurait reproché car on ne remet pas en place une équipe comme une génération spontanée. 

Il se fend donc depuis quatre épisodes de retours en arrière visant à raconter où étaient les membres du groupe mais en restant évasif sur les raisons de la dissolution de la formation. C'est louable, mais l'intrigue principale, sur le Gemworld, en pâtit rythmiquement (les segments sur le passé étant très inégaux dans leur intérêt).

Ce mois-ci, on apprend donc que Robin/Tim Drake avait complétement oublié l'existence de son équipe et de ses amis. Il fait appel à Zatanna pour dissiper son trouble à cause de visions. Le mois prochain, pour le final du premier arc, on devrait logiquement savoir le fin mot de tout cela : il serait temps... Bien qu'on ait fini par s'en ficher.

Quant à ce qui se joue sur le Gemworld, ma foi, ce n'est guère plus passionnant. Lord Opal est un méchant qui ne manque pas de charisme, mais il est trop peu apparu depuis le départ pour s'imposer, et il faut voir avec quelle facilité Impulse le désarme de sa kryptonite... La révélation finale - la cause véritable des crises ayant impacté le Gemworld - relance un peu l'intérêt.

Ce n'est pas la première série pour laquelle je fais cette remarque, mais c'est encore le cas ici : comme team-book, Young Justice manque de souffle et de fluidité. Ni DC ni Marvel ne semblent en capacité de produire quelque chose de valable et d'original à la fois quand un scénariste veut animer efficcement un ensemble de personnages. Rien n'égale la fraîcheur, l'audace et le suspense du Black Hammer de Jeff Lemire actuellement.

Pour ne rien arranger, Young Justice souffre à l'évidence aussi du manque d'un artiste investi. Après quatre épisodes en pointillés, Patrick Gleason n'est même pas là pour ce numéro. C'est John Timms qui revient pour s'occuper des scènes au présent et il s'en tire très bien, même si sa représentation de certains personnages les vieillit subitement (Teen Lantern qui avait l'air d'une enfant a facilement pris dix ans).

Et il faut non pas un mais deux guest artists pour s'acquitter des flash-backs : Kris Anka se charge de l'essentiel avec sa platitude habituelle, abusant de cases copiées-collées et zoomées (l'artifice est grossier). Et Evan Shaner se fend d'une case plus une double-page. Tout ça ne ressemble à rien.

A ce train-là, le dénouement risque bien d'aboutir à un abandon du titre pour moi. La sauce ne prend pas.

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