vendredi 3 mai 2019

DCEASED #1, de Tom Taylor, Trevor Hairsine et James Harren


DCeased est un drôle de projet : le scénariste Tom Taylor a communiqué tout seul sur sa publication en le présentant comme un event en six parties, mais pris en sandwich entre la fin de Heroes in Crisis et Leviathan. Autant dire que personne n'attendait cette histoire de néo-zombies à ce moment-là. Ce premier épisode, nerveusement illustré par Trevor Hairsine et James Harren, prouve surtout qu'on a affaire à une série B, efficace à défaut d'être originale.


La Justice League vient d'infliger une nouvelle défaite à Darkseid et ses para-démons. Il promet aux héros de ne plus rien tenter mais parce qu'il a eu ce qu'il était venu chercher.


Personne n'a le temps d'interroger ces paroles énigmatiques car Batman révèle qu'il a placé un traceur sur Cyborg (dont la technologie provient en partie d'Apokolips) et qu'il ne le localise plus.


C'est parce que Vic Stone est prisonnier de Desaad et donc de Darkseid qui compte se servir de lui comme d'une bombe à retardement en corrompant son système d'exploitation avec une part de l'équation d'anti-vie et de mort (prélevée sur le Black Racer).


Mais l'opération dégénère, rendant fou Darkseid qui dévaste Apokolips tandis que Cyborg est renvoyé sur Terre. Il infecte alors tout l'espace cybernétique, ce qui transforme les utilisateurs de matériel connecté en zombies déchaînés.


L'infection se propage à une vitesse hallucinante comme le constate Batman depuis sa Bat-cave. Plus de 600 millions d'être humains sont touchés, dont Nightwing et Red Robin qui s'en prennent à leur mentor...

Lorsque, il y a quelques mois, Tom Taylor a annoncé, avant un communiqué officiel de DC Comics, la publication ce Printemps de DCeased, cela ressemblait à une blague. Une saga en six épisodes avec un techno-virus, des héros possédés, le chaos mondial, tout ça alors que Heroes in Crisis de Tom King ne serait pas achevé et que Leviathan de Brian Michael Bendis était dans les starting blocks...

Ce calendrier ne servira probablement pas cette production mais quitte à la juger, alors prenons-la comme elle vient et pour ce qu'elle est : une mini-série B, sortie de nulle part (et sans doute condamnée à y retourner).

Ce premier épisode, long comme un Annual (37 pages), donne parfaitement le ton en tout cas. Et c'est étonnament divertissant car totalement assumé comme un objet improbable, à la limite du nanar, outrancier, filant à toute vitesse. Le pitch est simplissime : Cyborg est transformé par Darkseid en bombe à retardement qui infecte la Terre avec un virus informatique transformant les gens en zombies. Rien que de l'écrire, on mesure la connerie réjouissante du truc.

Mais en vérité, c'est ce côté stupide qui rend DCeased amusant : on n'est pas là pour réfléchir sur la condition super-héroïque (comme le fait brillamment Tom King) ou mettre en scène une conspiration géante (comme se prépare à le faire Bendis), et l'argument ne prend pas racine dans le run d'une série dont il serait le pic dramatique (cf. War of the Realms de Jason Aaron chez Marvel). C'est un comic-book catastrophe classique, direct.

Bien entendu, si vous êtes allergique aux zombies, passez votre chemin. Moi-même, je ne suis pas client, mais appliqué aux super-héros, ça me fait marrer. D'ailleurs, Tom Taylor adapte en un sens ce que Geoff Johns avait imaginé dans Blackest Night ou ce que Mark Millar avait initié dans Ultimate Fantastic Four et qui avait abouti à Marvel Zombies.

Pour conserver cet aspect moche, brut, cette saga bénéficie de deux artistes aux styles nerveux et qui ne sont pas des vedettes : Trevor Hairsine, encré par Stefano Gaudiano, s'occupe de toutes les scènes sur Terre tandis que James Harren signe les pages sur Apokolips (sa destruction indique bien qu'on est certainement pas dans un récit inscrit dans la continuité. Ou alors DC a vraiment décidé de faire table rase !).

Chacun est parfaitement approprié pour ce qu'on lui a soumis : Hairsine a un dessin un peu mal peigné, mais avec une certaine puissance, surtout avec un encrage soigné comme celui que lui procure Gaudiano. Harren est encore moins réaliste, ses traits flirtent même avec la caricature, et il n'hésite pas à exagérer certains points, dans une influence "Kirby-esque" sans s'embarrasser de faire joli.

En fait, ce qui convainc dans DCeased (jeu de mots !), c'est que ça ne se prend pas au sérieux, impossible de lire ça sans sourire. Dans cette modestie se situe le charme puéril et rigolo de ce projet aux allures de BD pirate.   

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