vendredi 31 mai 2019

BAD LUCK CHUCK #3, de Lela Gwenn et Matthew Dow Smith


C'est déjà le pénultième épisode de Bad Luck Chuck : j'ignore pourquoi mais je croyais qu'il s'agissait d'une histoire plus longue, voire d'une série régulière. Mais à vrai dire, ce n'est pas plus mal car Lela Gwenn a du mal à bien développer son idée initiale - et on peut douter de sa capacité à boucler son intrigue correctement. La faute aussi au dessin de Matthew Dow Smith, sans grand relief.


Arrêtée et écrouée après avoir fait sauté l'entrepôt et été dénoncé anonymement, Chuck Manchester est, pour ses ennemis, Mme Afolaya et l'agent Sterling, hors-jeu. Fayola l'apprend par la télé.


Profitant de la présence de sa mère au poste de police, Fayola va récupérer son passeport et son argent, puis prend l'appel de Chuck qui lui indique un endroit sûr où se réfugier : dans un monastère tibétain, tenu par sa tante Ani Karma.


Exerçant son don contre Mme Afolaya, Chuck est libérée après que la brigade scientifique ait découvert que l'entrepôt lui appartenait et servait de laboratoire clandestin. En coulisses, Papa Freedom remonte le moral des policiers sous sa coupe.


Chuck rejoint Fayola et Ani au monastère où elle doit se purifier. Elle se prête bon gré mal gré à une série d'exercices dans ce but. Fayola, hors de sa surveillance, se fait enlever par des sbires de Papa Freedom, et Mme Afolaya en est avertie.


Mis à la porte pour avoir une fois de trop laissé Chuck s'en tirer, Ean Sterling s'enivre dans un bar. Ne pouvant règler son ardoise, il est jeté à la rue où Papa Freedom l'attend et lui offre de venir grossir les rangs de son armée contre Chuck.

L'échec de Bad Luck Chuck n'est pas une surprise en soi car il faut reconnaître que son argument était bien mince. On pouvait cependant espérer que Lela Gwenn sache le développer et le tirer dans des directions inattendues et captivantes.

Il n'en est rien, au contraire, à un épisode de la fin, on se demande même comment elle va dénouer l'histoire qu'elle a mise en place sans bâcler ou employer des raccourcis grossiers.

Car, c'est là tout le problème, si l'idée d'une détective capable de porter la poisse à qui se met en travers de son chemin ou désigné par un de ses clients ne va pa loin, la scénariste a bien peuplé son récit qui raconte aussi bien une histoire d'héritage, d'extorsion et de secte, avec autant de personnages.

Entre la mère de Fayola, Fayola elle-même, le gourou Papa Freedom, l'agent des assurances Ean Sterling, Chuck et maintenant une tante bouddhiste, ça fait beaucoup de monde à gérer alors que la conclusion est pour dans un mois.

Reconnaissons néanmoins à Gwenn une ironie appréciable : apprendre que Tashi, le premier prénom de Chuck, signifie "chance" ou appeler sa tante Ani Karma et obliger la détective à se soumettre à une série d'exercices purificateurs, fournit des scènes savoureuses, tout comme la voir compromettre depuis sa cellule de prison Mme Afolaya. Mais cette dimension fantastique (puisqu'il était dit dès le premier épisode que Chuck était littéralement maudite) n'est que trop effleurée pour combler le lecteur. Et les seconds rôles justement ne sont qu'esquissés (même si Papa Freedom fait un retour en force pour la dernière ligne droite).

L'autre faiblesse criante, de plus en plus au fil des épisodes, tient au dessin de Matthew Dow Smith. L'artiste  souffrait déjà d'avoir un style assimilable à d'autres, plus forts que lui, comme Michael Lark, Matthew Southworth ou Michael Gaydos. Mais il s'avère incapable de dépasser ses modèles et d'insuffler de la personnalité à la série.

Dow Smith a fait l'essentiel de sa jeune carrière en travaillant sur des licences comme des comics adaptés de séries télé (notamment X-Files). Ce n'est pas un hasard si les dessinateurs qui collaborent à ce type de BD sont un peu passe-partout : on leur demande principalement de savoir représenter les acteurs des feuilletons et de mettre en images des scripts sans faire de vagues. 

C'est donc logiquement qu'il fait la même ici, avec la liberté de ne pas avoir à faire ressembler ses personnages à des comédiens. Mais son découpage demeure très sage, classique, et son dessin reste minimaliste, qu'il s'agisse des décors ou des protagonistes. Il a une forme d'épure chez lui qui pourrait être intéressante mais qui, là encore, rappelle trop un Paul Azaceta, sans la maîtrise des ombres et lumières.

Quatre épisodes, ce sera donc tout, mais il n'y avait pas matière à plus. On verra quand même comment tout ça est bouclé le mois prochain.   

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