dimanche 21 avril 2019

AQUAMAN #47, de Kelly Sue DeConnick et Robson Rocha


De façon prévisible, le dernier chapitre du premier arc narratif d'Aquaman par Kelly Sue DeConnick et Robson Rocha ne réussit pas à sauver l'ensemble de cette histoire. Confus, l'épisode ne fonctionne à aucun moment, quand bien même il est superbement illustré.


Aquaman défie donc Namma qui s'est transformée en dragon et plonge dans la mer pour la stériliser par le sel. Aquaman lance alors un appel télépathique auquel répondent les anciens dieux de l'île qui, à cette occasion, reprennent leur apparence initiale.


La puissance et la colère de Namma rendent les efforts d'Aquaman dérisoires. Et les enfants de la déesse misent alors sur une stratégie différente que le combat. Varuna, la première, décide de sacrifier pour tenter d'apaiser sa mère.


Mais cela ne fonctionne pas et les autres suivent. Caille rejoint Aquaman sous l'eau et assiste, impuissante, à ce spectacle. Elle suggère alors à Aquaman de répéter son appel à l'intention de Tang, qui peut être consumé mais pas contenu par Namma.


Et, effectivement, cette option paie. Namma implose littéralement à cause de l'énergie libérée par Tang. L'effort a cependant épuisé Aquaman qui est ramené à la surface par le père des océans.
  

Fêté en héros par les gardiens de l'île, Aquaman est marqué d'un tatouage qui l'inclut comme membre de leur communauté. Toujours amnésique cependant, il reçoit du père des océans un dernier présent : le trident du roi des sept mers.

Je fais toujours en sorte, quand j'entame la lecture d'une série, de ne pas trop en attendre, de telle sorte si elle me plait je suis ravi et si elle me déçoit je ne suis pas accablé.

Néanmoins, quand un auteur s'empare d'un titre, on souhaite toujours qu'il lui injecte ce qui a manqué à nous y intéresser auparavant. Je fondais de grands espoirs sur Kelly Sue DeConnick dans cette perspective, parce qu'elle me semblait à même d'écrire Aquaman avec singularité.

Si les deux premiers épisodes m'ont convaincu, le troisième a été une douche froide, et les deux suivants n'ont pas redressé la barre. En vérité, à aucun moment, la scénariste n'a paru en mesure de livrer un récit à la hauteur.

Le postulat - Aquaman amnésique et perdu sur une île isolée sujette à une malédiction - ouvrait des possibilités intéressantes, une reconstruction du personnage puisqu'il était une page blanche. Mais DeConnick a enseveli tout cela sous une mythologie épaisse qui a véritablement englué toute caractérisation au profit d'une histoire de vengeance avec d'anciens dieux primordiaux. Une toile de fond trop envahissante pour développer un "all-new" Aquaman, comme le promettait la couverture.

Qu'y a-t-il de pire que d'être indifférent du destin d'un héros alors que tout est ouvert pour lui ? C'est une impasse, d'autant plus que les seconds rôles sont grossièrement croqués ou engloutis dans un charabia pseudo-légendaire qui aurait gagné à être très élagué ou beaucoup plus exposé. DeConnick n'a jamais trouvé le juste tempo pour rythmer son récit, tour à tour décompressé puis pressé, contemplatif et spectaculaire, avec cette conclusion expédiée (mais qui laisse penser que Namma n'est pas morte).

L'échec est d'autant plus frustrant que la série a bénéficié d'un artiste formidable avec Robson Rocha. Le brésilien, encré par l'ancien partenaire de Bryan Hitch, Daniel Henriques et colorisé par Sunny Gho (qui officie sur Daredevil actuellement), produit des planches superbes, d'une puissance épatante.

Mais ce talent est mal servi par un script brouillon, qui tantôt se repose visiblement sur lui, tantôt échoue à exploiter sa narration graphique. Rocha est à l'aise partout mais il compose avec des scènes, des rebondissements, des éléments trop déséquilibrés. Résultat : on a l'impression qu'il partage la responsabilité de ce ratage alors qu'il ne fait que le mettre en image. Il va céder sa place à Viktor Bogdanovic pour les deux prochains épisodes et revenir en Juillet, mais ce sera sans moi.

Il ne faut jamais trop attendre d'une série, mais il est pénible d'accepter qu'elle se plante après avoir bien démarré. C'est la leçon de cet arc.   

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