samedi 13 avril 2019

AGE OF X-MAN : MARVELOUS X-MEN #3, de Lonnie Nadler, Zac Thompson, et Marco Failla


Le risque quand on dilue une saga en plusieurs mini-séries, c'est une redondance prévisible de l'une à l'autre. La publication serrée des divers titres Age of X-Man le prouve à mesure que les personnages prennent conscience des anomalies de la réalité réécrite dans laquelle ils évoluent. Marvelous X-Men de Lonnie Adler, Zac Thompson et Marco Failla en témoigne avec ce troisième épisode, plaisant mais répétitif.


Les X-Men interviennent à Freeport, dans les Bahamas, en proie à une violente tempête. L'équipe se consacre au sauvetage des habitants et des animaux pendant que Storm jugule les éléments déchaînés.


La mission est un succès et, de retour à leur base, Nightcrawler allume la télé pour voir comment les médias ont couvert leur action. Mais En Sabbah Nur s'exprime à nouveau sur le sort des mutants et les lois liberticides en vigeur.


Ces propos divisent le groupe en deux : d'un côté, Jean Grey, Nature Girl, Colossus et Magneto considèrent cela comme une menace à l'ordre public ; de l'autre, Nightcrawler, X-23 et Storm pensent qu'il s'agit de liberté d'expression.
  

Storm force la porte de la chambre de Magneto pour le confronter aux visions qu'ils ont eu d'un passé commun et dramatique. Pour Magneto, le sujet est douloureux et implique de mater la rébellion de En Sabbah Nur.


X-Man les surprend et ils comprennent alors qu'il les manipule mentalement depuis le début. Près à le combattre, Storm et Magneto sont stoppés et renvoyés à la base. X-Man a besoin de rester seul pour réfléchir à la suite, refusant que son ordre des choses soit bouleversé...

Une semaine après avoir suivi Lucas Bishop, ancien membre des Marvelous X-Men, en prison et sujet lui aussi à des visions troublantes de son passé, assister au même spectacle chez Storm et Magneto pointe inévitablement les limites du projet Age of X-Man.

C'était prévisible. Etait-ce évitable ? Non, car, éditorialement, en multipliant les mini-séries autour d'un même concept au lieu de concentrer l'intrigue en une grande saga ou moins de titres, les auteurs et les editors se sont mis tout seuls dans le pétrin. Cela traduit bien le manque d'originalité de l'argument central (déjà exploité de nombreuses fois) et donc les conséquences qui en découlent.

Malgré tout, on ne peut pas blâmer Lonnie Nadler et Zac Thompson pour leur inefficacité : leur histoire est bien menée et creuse bien les bouleversements progressifs des membres de l'équipe. En impliquant Storm (qui ne considère pas En Sabbah Nur et ses rebelles à l'ordre établi comme des menaces) et Magneto (qui veut au contraire les mater pour préserver le statu quo), les scénaristes offrent un face-à-face intense et intelligemment construit. C'est aussi l'occasion de voir Storm bien traîtée, bien mieux en tout cas qu'elle ne l'a été depuis de nombreuses années (à savoir autrement que comme une déesse hautaine et qu'on case n'importe où, y compris en la réduisant à la femme de Black Panther ou l'amante de Wolverine ou Nightcrawler).

Ce qui est aussi appréciable, c'est le rôle donnée à l'équipe des X-Men, qui n'ont plus de méchant à corriger, mais interviennent comme des sauveteurs. Est-ce que Jonathan Hickman qui reprendra la franchise en Juillet dans deux mini-séries (House of X / Powers of X) continuera dans cette voie-là (sachant qu'il veut sortir les mutants de leur rôle de persécutés et de marginaux) ? En tout cas, c'est une idée vraiment intéressante.

Bien que le scénario s'appuie peu sur l'action et beaucoup sur les dialogues, les dessins de Marco Failla contribuent grandement à rendre la lecture rythmée. L'artiste fait parfois quelques fautes de composition dans ses plans, sans doute dûs à un découpage maladroit, mais dans l'ensemble, il produit des images avec une belle variété.

Qu'il s'agisse de montrer les X-Men en intervention (une pleine page efficace) ou divisés après une dispute (un "gaufrier" tout simple) ou encore de souligner l'aspect christique de X-Man planant au-dessus de la Terre comme le pseudo-démiurge qui en a réécrit la réalité, Failla ne faillit pas (pardon...). Et les couleurs de Matt Milla sont superbes.

Les coutures sont un peu grossières, mais Age of X-Man : Marvelous X-Men ne manque pas d'atouts et demeure plaisant, à défaut d'être abouti. 

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