vendredi 22 mars 2019

CAPTAIN MARVEL #3, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Après l'avoir découverte sur grand écran, revenons aux aventures de Captain Marvel dans son mensuel de papier. Kelly Thompson poursuit son histoire survivaliste en compagnie de Carmen Carnero. Un épisode plaisant même s'il est entâché d'erreurs graphiques.


Captain Marvel sauve Jennifer Walters d'une chute mortelle après qu'elle soit passée à son tour dans le territoire de Nuclear Man. Hazmat, Spider-Woman, Echo et Som éloignent les Metal Men. Mais Carol a deviné que quelque chose clochait.


Som est interrogé et avoue être le fils de Nuclear Man. Il a fui son père en voyant ses exactions mais pense qu'il a attiré Captain Marvel ici pour en faire son épouse et la mère de ses futurs enfants.


Carol explique à ses alliées qu'elles ne peuvent plus faire confiance à Som. Echo est désignée pour le surveiller. Avec Spider-Woman, Hazmat et Jennifer Walters, elle entraîne les femmes du refuge à se préparer à la guerre.


Soucieux de se racheter, Som apporte à Captain Marvel les plans d'un passage souterrain communiquant avec le repaire de Nuclear Man. Elle choisit de s'y rendre avec lui et Spider-Woman tout en se méfiant d'un piège.


Une fois à destination, Captain Marvel congédie ses accompagnateurs pour prévenir les leurs du danger. Elle neutralise plusieurs Metal Men avant de recevoir un violent coup de l'arme secrète de l'ennemi : la mutante Rogue !

Je ne cacherai pas que la lecture de cet épisode provoque une sévère descente d'adrénaline après le film d'Anna Boden et Ryan Fleck, où Carol Danvers démontrait sa puissance face aux Kree. On comprend du coup mieux pourquoi la production remerciait particulièrement Kelly Sue DeConnick et David Lopez, dont le run valorisait l'héroïne dans tout son éclat.

Kelly Thompson  donne ici l'impression de marcher sur des oeufs. Elle ne s'en sort pas mal du reste, évitant la comparaison directe avec le film. Là où le bât blesse davantage, c'est que la série emprunte un chemin de traverse qui transforme Captain Marvel en team book curieux.

Toujours coincée, sans explications, dans un Manhattan dévasté où Nuclear Man (totalement invisible depuis le début de l'épisode précédent) règne, l'héroïne et quelques collègues s'emploient davantage à survivre qu'à trouver un moyen de s'échapper. La situation, telle qu'exploitée par la scénariste, induit des bizarreries encore plus obscures.

La plus évidente concerne le fait que dans cet univers parallèle, certaines ont conservé leurs pouvoirs - Captain Marvel, Spider-Woman, Hazmat - quand d'autres ne les ont plus - She-Hulk. Il faut souhaiter que Kelly Thompson résolve cela vite car on voit mal ce qui justifie cette inégalité de traitement.

Le rythme de la narration est plus calme également, et on peut pester sur la lenteur avec laquelle l'intrigue progresse. Et puis n'est-ce pas un peu déroutant que la seule issue soit suggérée par le seul homme du récit (Som, dont on apprend qu'il est le fils de Nuclear Man, péripétie très convenue) ? Curieux pour une BD qui se revendique féministe... L'invitée surprise de la fin annonce une revanche de longue date puisque Rogue a, il y a longtemps, siphonné les pouvoirs et les souvenirs de Carol Danvers, qui s'est alors détournée des X-Men à cause de cela.

Mais le plus embarrassant réside dans les maladresses visuelles de Carmen Carnero. Elle ne se débrouille pourtant pas mal sur l'ensemble de l'épisode, même si son encrage n'est pas très joli. Mais, la faute à un script pas assez précis ou à des inattentions coupables, comment ne pas remarquer qu'elle permette à Echo d'entendre ce que lui dit Spider-Woman quand celle-ci lui tourne le dos, sachant que Echo est sourde et lit sur les lèvres pour comprendre ce qu'on lui dit ?

Avant la parution du premier épisode, l'artiste avait également diffusé des characters designs étranges où on voyait les protagonistes porter des costumes customisés façon Mad Max. Le souci, c'est qu'on ne comprend toujours pas ces looks, comme si vivre dans une zone parallèle imposait d'être vêtue en haillons. Pire : Carnero s'amuse, sans raison valable, à infliger des coiffures affreuses aux héroïnes (le pompon allant à Carol, avec une tempe rasée et une étoile découpée dans les cheveux !), une fantaisie capillaire de mauvais goût et inexplicable (visiblement, survivre dans un monde post-apocalyptique laisse le temps d'expérimenter d'improbables coupes).

Tout ça fait quand même désordre et distrait le lecteur. Kelly Thompson doit apprendre à imposer des menaces plus substantielles sans délirer sur des détails. Et Carmen Carnero doit surveiller ce qu'elle dessine au lieu de s'égarer. Ce n'est qu'à ce prix que Captain Marvel convaincra pleinement comme comic-book.

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