samedi 30 mars 2019

AQUAMAN #46, de Kelly Sue DeConnick et Robson Rocha


Après la déconvenue de l'épisode précédent, c'était un vrai quitte ou double pour Aquaman ce mois-ci. Heureusement, Kelly Sue DeConnick a su se reprendre et propose un chapitre épique. Elle est toujours bien aidée par les dessins fantastiques de Robson Rocha avant le final de ce premier arc narratif.


Sur l'île, les anciens dieux - Tang, Atabey, Loc, Mac, Repu et Ku - se réunissent. Le remords les ronge car ils pensent avoir envoyé Caille et Andy à une mort certaine sur l'île voisine où demeure Namma.


Effectivement, la déesse bannie ne réserve pas un accueil bienvenu à ses visiteurs, transformant sa fille, pour laquelle elle n'a aucun amour, en une créature monstrueuse destinée à assouvir sa vengeance.


Andy/Aquaman intrigue la déesse car il ne souvient pas qui il est mais n'est pas un terrien. Elle se moque de ses suppliques et ne gagne que la colère du héros. Caille s'éloigne et l'emprise de sa mère s'atténue, la jeune femme achève sa mue.


Andy/Aquaman réduit Namma en poussière de sel mais sait que le combat n'est pas terminé. La déesse se recompose sous la forme d'un dragon et plonge dans l'océan pour le stériliser. Andy/Aquaman chevauche la bête pour l'en empêcher.

Sous l'eau, les pouvoirs d'Aquaman se réveillent et il lance un appel télépathique à tout le peuple des sept mers. Mera, à Atlantis, l'entend, tout comme les anciens dieux de l'île qui y répondent en allant l'aider.

Bon, je ne dirai pas que cet épisode est extraordinaire et que la prestation de Kelly Sue DeConnick rassure totalement, mais il y a une nette amélioration depuis le mois dernier.

Comme elle l'a expliqué en interview, la scénariste s'est trouvée avec Aquaman un héros et une série dont les motifs sont en fait l'inverse de Captain Marvel : celle-ci était une femme déterminée et dont la devise ("Higher. Faster. Further.") pointait les cimes. Aquaman est au contraire un homme qui ne sait plus qui il est et évolue dans les profondeurs marines.

Fallait-il cependant alourdir sa première histoire avec toute une mythologie sur des divinités fondatrices alors que la base (une vengeance ourdie par une déesse bannie par ses pairs) suffisait amplement ? L'épisode précédent m'avait totalement perdu et fait craindre le pire pour la suite.

Peut-être était-ce un mal nécessaire pour donner de l'envergure au récit, mais sans doute DeConnick aurait-elle été plus inspirée en racontant le passé de l'île et de ses dieux au fur et à mesure et non pas en y  consacrant un épisode entier, ce qui a cassé le rythme de l'ensemble et nui à l'efficacité générale.

On le voit bien ce mois-ci avec une narration plus directe où, enfin, Aquaman affronte la méchante de l'intrigue. L'action domine et la lecture est bien plus agréable. On pardonne alors les tours que l'auteur sort de son chapeau pour rendre cela plus spectaculaire, comme la transformation de Caille ou celle de Namma. La conclusion de l'épisode promet beaucoup puisque les anciens dieux vont participer au règlement de comptes qui bouclera ce premier arc et que Mera sait qu'Aquaman est toujours en vie.

Si la série est attractive, c'est aussi par que Robson Rocha la dessine avec puissance. Sevré depuis le début, l'artiste s'en donne à coeur joie pour illustrer la bataille d'Aquaman et Namma. Son découpage, nerveux, insuffle une sorte de rage au face-à-face. Namma, en particulier, dévoile son visage authentiquement maléfique, indigne, tandis que Andy/Aquaman, toujours paumé, compense son désarroi par un engagement total.

Bien entendu, le clou de l'épisode est la métamorphose de Namma en dragon : Rocha réserve à ce moment, impressionnant, une double-page superbe presque aussitôt suivie d'une pleine page où Aquaman chevauche la bête. Le design de la créature est saisissant, riche en détails, que l'encrage de Daniel Henriques ne manque pas de mettre en valeur.

Nul doute que la cinquième et dernière partie de cette histoire sera épique. Et il faudra le savourer puisqu'il semble que Rocha laissera sa place pour l'arc suivant (avant de revenir pour le troisième ?) à Viktor Bogdanovic. Peu épargnée par les fans d'un Aquaman plus classique, la série et sa scénariste supporteront-elles la perte de leur artiste régulier ? 

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