jeudi 28 mars 2019

ACTION COMICS #1009, de Brian Michael Bendis et Steve Epting


Alors que cette semaine paraît le millième numéro de Detective Comics (je vous en parlerai bientôt), Action Comics poursuit sa marche vers la saga Leviathan, qui débutera en Juin. Brian Michael Bendis a préparé son coup depuis sa reprise en main du titre historique des aventures de Superman et le programme s'annonce très prometteur. Surtout qu'il bénéficie de la contribution inspirée de Steve Epting, comme un poisson dans l'eau dans ce genre de récit.


La Forteresse de Solitude de Superman est devenue la cellule de crise du moment : plusieurs organisations, gouvernementales et terroristes, ont subi des attentats commis par Leviathan, la société secrète de Talia Al Ghul.


Superman a conduit Lois Lane, Amanda Waller et Jimmy Olsen dans son repaire pour faire le point. Waller a survécu à la dernière attaque en compagnie du père de Lois, mais sans pouvoir identifier l'auteur.


Avant d'avertir la journaliste et Clark Kent (dont elle connaît la double identité), elle a fait hospitaliser le père de Lois. Superman part s'assurer qu'il va bien et s'occuper de quelques autres choses en route.


Dans la chambre de Sam Lane, il trouve la Question, également en train d'investiguer sur Leviathan. Il est troublé par le fait que dans tous les immeubles détruits on ne trouve aucun cadavre. Superman lui demande de veiller sur son beau-père.


Puis Superman se rend au Japon : la base de Talia Al Ghul est déserte mais elle lui a laissé un mot, expliquant qu'elle veut la même chose que lui. Après un crochet par la Bat-cave pour remettre un indice à Alfred Pennyworth et sur les ruines de la DEO où le directeur Bones se désole, il retrouve Lois qui le convainc d'enquêter en se faisant passer pour des espions de Spyral - la seule agence d'espions encore intouchée...

Action Comics par Brian Michael Bendis est devenue une série épatante. Non seulement le transfuge historique de Marvel a modifié la direction du titre, lui évitant d'être un doublon de Superman, mais surtout il l'a modelé de manière à en faire la rampe de lancement d'une saga globale à partir de Juin prochain.

Le premier arc expliquait comment à Metropolis des gangsters étaient assez ingénieux pour rester invisibles à Superman. Ce deuxième arc prolonge cela tout en élargissant la voilure et en inversant le procédé. Un ennemi puissant élimine des organisations, criminelles ou gouvernementales, au su et au vu de Superman, mais sans toutefois être identifié. Bien entendu, la "mafia invisible" de Metropolis ne tardera pas à être impactée, mais surtout l'homme d'acier semble condamné à changer ses méthodes pour contrarier l'adversaire.

Cela passe, comme on le voit ce mois-ci, à suivre l'idée de Lois Lane, soit travailler incognito. Mais, avant cela, à compter ses alliés pour une manoeuvre aussi délicate. On retrouve donc la Question (et, sans spoiler, la saga Leviathan va réintroduire Green Arrow dans le grand concert du DCU). Voir Superman jouer à l'espion et donc abandonner le rapport de force directe, induit par sa seule présence (avec son costume voyant, ses pouvoirs), entraîne toute la série vers quelque chose de différent (qu'on aurait trouvé plus conventionnel avec Batman - qui sera toutefois un acteur majeur de Leviathan).

Par conséquent, l'épisode de ce mois-ci est plus avare en action que les précédents : pas de nouvel immeuble détruit, tout juste l'apparition spectrale du vilain dans un flash-back, au profit de scènes dialoguées, avec une tension palpable (le face-à-face Amanda Waller-Lois Lane est musclé).

Pour illustrer cela, on ne pouvait guère espérer mieux que Steve Epting auquel cette ambiance clair-obscur, entre chien et loup, convient parfaitement. Plus à l'aise pour représenter Superman, il est surtout dans son élément grâce justement aux échanges très intenses entre les protagonistes.

Au coeur de l'épisode, une scène superbe a lieu entre Superman et la Question dans la chambre d'hôpital de Sam Lane. Epting joue en virtuose du peu de lumière de l'endroit, des volutes de fumée autour de Vic Sage (volutes en forme de point d'interrogation - l'effet est magique), et du contraste entre la silhouette puissante et colorée de Superman et celle, ramassée dans un fauteuil, du détective à chapeau mou de la Question.

Bien entendu, on est dans une sorte de prologue qui ne dit pas son nom à une histoire plus vaste, mais il serait erroné de croire que ce numéro n'est que ça. La chute de l'épisode (avec un aspect des pouvoirs étonnant de Superman) prouve que Action Comics en tant que tel n'est pas que le véhicule d'un event mais bien celui d'un super-héros ravigoté par une intrigue inattendue pour lui - et le lecteur.  

La (dernière) variant cover de Francis Manapul

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