vendredi 22 février 2019

GUARDIANS OF THE GALAXY #2, de Donny Cates et Geoff Shaw


Après un premier épisode très accrocheur, les Guardians of the Galaxy selon Donny Cates étaient attendus au tournant. Et le scénariste qui monte chez Marvel (au point de lui laisser rebooter l'univers "Ultimate" ?) s'en sort très habilement, changeant à la foi de rythme tout en disposant ses pions méthodiquement. Il peut aussi compter sur Geoff Shaw, dont le dessin s'adapte à ces évolutions.


Après avoir volé le corps de Thanos lors de la lecture de son testament par son frère Eros/Starfox, l'Ordre Noir l'a amené à la déesse de la mort asgardienne, Hela. Constatant qu'il manque la tête du titan, elle consulte le Collectionneur pour la retrouver et il lui suggère de visiter la Zone Négative.


Cependant, rescapés de l'attaque de l'Ordre Noir, Moondragon et Phyla-Vell ont pris leur quartier à bord du Ryder, le vaisseau de Peter Quill/Star-Lord. A la tête d'une nouvelle formation de Gardiens de la galaxie, celui-ci a fort à faire avec ses recrues.


Le Cosmic Ghost Rider et Groot se chamaillent car ce dernier, comme Beta Ray Bill, souhaite partir au secours de Gamora, suspecte d'être l'hôte de la conscience de Thanos. En revanche, le Cosmic Ghost Rider ne veut plus avoir affaire à cette famille et quitte l'équipage.


Il rejoint un croiseur de l'armada impériale Shi'ar à bord duquel Gladiator reçoit Eros. Celui-ci convainc son hôte et ses soldats de traquer Gamora pour la tuer. Il ignore cependant où elle se trouve.
  

Mais Eros compte sur Nebula pour le guider. Et elle pense savoir qui pourra les renseigner : Richard Ryder, alias Nova, l'ancien amant de Gamora...

Le précédent épisode était un vrai festival, prouvant la capacité de Donny Cates à s'approprier les personnages cosmiques, à nouer rapidement une intrigue (qui plus est en tenant compte des conséquences de la saga Infinity Wars, qui venait de s'achver dans l'indifférence totale) et à proposer une relance bourrée d'action et au casting fourni.

D'une certaine manière, il aurait été plus simple pour le scénariste de continuer sur cette lancée. Mais Cates semble avoir compris la vertu de lever le pied pour ne pas s'essoufler et épuiser le lecteur. Mieux : il frustre un peu ce dernier afin de définir un peu plus les forces en présence.

Ainsi, et mine de rien, on a droit à un épisode dense qui se divise en trois parties : la première voit Hela, la déesse asgardienne de la mort, s'affairer à recomposer le cadavre de Thanos pour le ressusciter ; la deuxième s'attarde sur la nouvelle équipe des Gardiens et détaille leur cohabitation agitée ; et la troisième revient à la traque de Gamora (responsable de la mort de Thanos mais également la plus propice à hériter de sa conscience).

Sur ce dernier point, Cates présente un gang aussi fourni que puissant puisque Eros s'allie avec la garde impériale Shi'ar, autant dire que Gamora a du monde sur le dos. Le Cosmic Ghost Rider participe à cette traque après avoir déjà quitté les Gardiens de la galaxie. Et Nebula est prête en découdre avec sa soeur honnie et parricide. 

Au milieu donc, entre Hela et l'Ordre Noir qui veulent disposer du corps entier de Thanos pour le ressusciter et les Shi'ar acoquinés à Eros (à moitié défiguré, ce qui lui donne un air de Two-Face, et déterminé à ne pas faire de quartier), les héros ne procurent guère de garantie.

Cates excelle dans ces pages à représenter une équipe improvisée et qui cohabite sans harmonie. Entre les querelles des uns et les doutes des autres, Peter Quill erre, ivre, hanté par son dernier face-à-face avec Gamora (qui l'a eventré, avant que le Dr. Strange ne le sauve - cf. Infinity Wars). De par leur position dans l'épisode, ces scènes engagent les héros comme d'improbables arbitres, dépassés en puissance par Hela comme les Shi'ar, mais disposant malgré tout d'une info cruciale (la position de Gamora).

Cates fait, en vérité, comme si la couverture de son premier épisode, était un programme : on y voyait une bonne dizaine de personnages susceptibles d'être les nouveaux Gardiens de la galaxie, mais en fait il s'agissait vraisemblablement des acteurs du drame qui va se jouer. Ainsi a-t-on droit à une apparition finale de Nova (avant celle de Darkhawk, du retour du Surfeur d'argent, etc.).

Geoff Shaw a lui aussi prouvé qu'il avait les épaules pour ce genre de comics : l'énergie à l'oeuvre le mois dernier produisait des pages survitaminés avec une importante figuration et du grand spectacle. Dans un cadre plus calme, comment s'en sort-il ?

Il y a quelque chose de Jerome Opena dans le trait de Shaw, mais en moins fouillé. Son découpage, plus sage, permet d'apprécier l'expressivité de ses personnages, et le dosage des finitions de ses décors (généreux quand il le faut, plus allusif pour conserver une lisibilité et tenir les délais).

Shaw n'a pas forcément le souci du beau (son Peter Quill par exemple n'a plus grand-chose du playboy d'antan, comme le dessinait Valerio Schiti) et donc il est à son avantage pour croquer des créatures improbables comme Groot (en mode punk - seul regret de cette version car cela lui donne un air trop agressif. Dommage également que Cates soit obligé de suivre l'évolution imprimée par Gerry Duggan qui a donné au personnage le pouvoir de parler normalement) ou Beta Ray Bill (avec sa tête de cheval décharné). Néanmoins, il sait, brièvement mais efficacement, traduire la relation tendre qui existe entre Moondragon et Phyla-Vell (et, là encore, ce n'est pas si fréquent de trouver une couple de femmes homosexuelles dans un comic mainstream sans que cela ressemble à un quota).

Au premier tiers de cet arc (qui comptera donc six parties), on a déjà la confirmation que le titre est entre de bonnes mains. L'épisode fini, et ça, c'est imparable, on piaffe déjà d'impatience de lire la suite. 

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