vendredi 11 janvier 2019

CAPTAIN MARVEL #1, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Cette relance de Captain Marvel est peut-être bien le pari le plus risqué du mois et de ce début d'année pour Marvel et ses auteurs car, en Mars prochain, le film consacré à l'héroïne sortira en salles puis Carol Danvers tiendra un rôle important dans Avengers (4) : Endgame. Mission réussie pour Kelly Thompson et Carmen Carnero ? 


Captain Marvel et Spider-Woman protègent les civils de l'attaque de monstres géants en plein coeur de New York. Le combat s'achève dans la baie de l'Hudson où Tony Stark envoie des Iron Men récupérer la dépouille d'une créature pour l'examiner.


Carol Danvers retrouve Stark au siège de sa compagnie et il lui demande deux faveurs : donner une interview pour expliquer ce qu'elle faisait dans l'espace avant d'intégrer les Avengers, et former jennifer Takeda alias Hazmat, ancienne élève de l'Avengers Academy.


La jeune femme, qui ne s'entend pas avec Stark, a des problèmes pour contrôler ses pouvoirs toxiques mais Carol accepte de l'aider. Sur ces entrefaîtes, James Rhodes invite Carol à déjeuner.
  

Evoquant leur rupture involontaire et leur avenir, ils sont interrompus par Ripley Ryan, de "Ms. Magazine", à qui Carol doit accorder l'interview. Mais avant qu'elle ne commence, elle est agressée par Nuclear Man.


"Rhodey" appelle les Avengers en renfort mais Captain Marvel maîtrise son adversaire. Celui-ci prend alors Ripley Ryan en otage et fuit à travers un portail dimensionnel dans lequel Captain Marvel le suit - mais qui se referme avant que Iron Man, Thor et Captain America ne la rejoignent...

Après la mini-série en forme de retcon pénible que fut The Life of Captain Marvel, et avant, donc, son actualité cinéma, Captain Marvel a droit à un énième relaunch : l'éditeur a, il faut le dire, fait un peu n'importe quoi avec Carol Danvers ces dernières années, désireux de l'imposer comme une vedette sans lui donner ni le beau rôle (voir Civil War II) ni une équipe artistique à la hauteur. La dernière fois que l'héroïne a été traitée décemment, c'était par Kelly Sue DeConnick et David Lopez - mais la scénariste avait fini par jeter l'éponge car Marvel n'accordait qu'un minimum de pub à la série !

Pourtant, en revenant au moment du départ de DeConnick, durant la saga Secret Wars (fin 2015-début 2016 quand même), l'auteur tirait sa révérence avec un tie-in en cinq parties intitulé Captain Marvel and the Carol corps qu'elle signait avec... Kelly Thompson, alors débutante. Aujourd'hui, il y a donc comme un boucle qui s'accomplit en voyant cette dernière reprendre en main le destin de Carol Danvers.

La jeune scénariste joue gros, bien plus qu'avec Hawkeye ou West Coast Avengers : à elle de rendre toute sa superbe à un personnage qui doit/va devenir la sauveuse du MCU contre Thanos. En même temps, Thompson a pour elle un avantage : sa fraîcheur pour s'emparer des personnages qu'on lui confie et sa connaissance de leur histoire.

La première page de ce premier épisode résume en un "gaufrier" de neuf cases, au texte minimal, la carrière de Captain Marvel, même si elle occulte des éléments (sa période Warbird, son inimitié avec Rogue - une autre héroïne qu'écrit Thompson actuellement dans Mr & Mrs X - , son alcoolisme...). Mais, enfin, c'est un résumé, pas une biographie exhaustive.

On entre tout de suite après dans le vif du sujet avec une grosse scène d'action à laquelle est associée Spider-Woman (amie de Carol Danvers et à travers laquelle Thompson rend hommage à sa créatrice Marie Severin, morte durant l'écriture du script). Le numéro se densifie progressivement et efficacement : Tony Stark, Rhodey, et des apparitions de Captain America et Thor, ainsi que Hazmat (une ancienne membre de l'Avengers Academy) sont au programme. Tout cela dresse rapidement un cadre des proches de l'héroïne, tout en n'oubliant pas d'évoquer succinctement sa période comme chef de l'Alpha Flight ou la récente mort de sa mère (Thompson ne s'attarde pas sur ces passages, comme si elle avait conscience qu'ils étaient oubliables).

A la fin du numéro, à la dernière page, Captain Marvel a entraîné le lecteur on-ne-sait-où exactement, mais c'est suffisamment étonnant et suggestif pour prouver que Thompson n'a pas perdu de temps et suit un plan bien précis et personnel. Dans le genre, on peut parler d'une leçon de narration, d'une vraie reprise en main. C'est ce qu'on espérait et c'est ce qu'on a (plus les dialogues relevés dont est coûtumière Thompson).

Pour Carmen Carnero aussi, c'est une drôle de promotion. Je connais peu son travail mais ce que j'en avais vu ne m'avait guère convaincu (sur Detective Comics et X-Men : Red). Aussi est-ce une excellente surprise de la découvrir à ce niveau.

L'artiste a fait un effort notable sur l'encrage, son point faible, et les finitions (décors notamment) pour livrer des planches généreuses. Il faudra bien sûr voir si elle tient ces promesses à un rythme mensuel dans une histoire qui s'annonce gourmande (avec un futur post-apocalyptique).

Mais il faut saluer les efforts de Carnero qui maîtrise son sujet ici. Tout d'abord elle représente les personnages féminins avec un évident souci de réalisme, sans les hyper-sexualiser, et en veillant à être expressive. Son découpage est classique mais efficace, c'est fluide et les couleurs de Tamra Bonvillain, qui privilégie les tons chauds, sont sobres et agréables. Il y a un petit quelque chose qui rappelle Valerio Schiti, en moins souple, moins puissant, mais la référence est un compliment.

Il y a tout pour plaire, sans être flagorneur avec le public, dans cette relance. Captain Marvel peut voler haut, elle est entre de bonnes mains. Aux lecteurs de répondre présents maintenant. 

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