samedi 5 janvier 2019

ACTION COMICS #1006, de Brian Michael Bendis et Ryan Sook


Avec ce numéro, Brian Michael Bendis achève son premier arc narratif sur Action Comics. Ce qui ne veut pas dire que l'histoire trouve sa conclusion mais que le fondations d'une intrigue au long cours sont posées et promises à des développements. Ryan Sook termine aussi sa prestation (sans retard !) avec cet épisode au final "historique"...


Clark Kent interpelle le maire de Metropolis lors d'un déplacement public pour savoir s'il a effectivement ordonné l'arrêt de l'enquête sur les incendies récents en ville. L'édile lui répond que non et reproche à Superman (et ses pairs) de se mêler de ce genre d'affaires, pour lequel existent des services publics compétents.


Néanmoins, grâce à sa super-ouïe, Clark entend ensuite le maire suspecter Melody Moore, la nouvelle chef des pompiers d'avoir diffusé cette info. Le journaliste passe au "Daily Planet" où Robinson Goode boucle un papier sur la défaite de Superman contre Red Cloud.


Curieux de savoir comme elle a appris cela, il la suit grâce à sa super-vue. Melody Moore, seule à la caserne, est attaquée dans la soirée par Red Cloud avant que Superman n'intervienne en repoussant l'ennemie grâce à son super-souffle.


Incapable, cette fois, de prendre l'avantage contre le héros, qui lui offre son aide contre les gens qui l'emploient, Red Cloud s'éclipse. Superman réconforte Melody Moore qui a bien cru mourir.


Robinson Goode rencontre Mr. Strong qui lui présente la vraie chef de la mafia invisible de Metropolis, Leone. Celle-ci voue une vieille rancune contre Superman et compte bien se servir du "Daily Planet", qu'elle vient de racheter, pour se venger...

La dernière image de la dernière page montre une relique appartenant à Leone et les fans de Superman reconnaîtront la mythique voiture que soulevait le héros en couverture de Action Comics... #1, paru il y a 80 ans !

Si Brian Michael Bendis sort ce véhicule légendaire, c'est pour inscrire son récit, et au-delà son projet sur le titre, dans ses fondations même. Tout à coup, sans qu'il y ait besoin d'insister davantage, on comprend que Leone a un oeil sur Superman depuis ses débuts, sans doute même que sa famille et la mafia de Metropolis par extension avant elle. Elle l'explique à Robinson Goode alias Red Cloud : Superman en s'installant à Metropolis a déséquilibré les forces qui la régissaient, c'est un intrus, un étranger.

Et cela aussi renvoie aux origines du personnage qui, venant d'une planète lointaine, est un étranger par essence, arrivé sur Terre après la mort de son monde natal. Sa présence ici a également bouleversé le cours des choses. Selon Bendis, Superman est donc celui qui a définitivement tout changé, partout, où qu'il soit. Et évidemment c'est ce qui lui vaut tant d'ennemis parmi ceux qui déplorent ce changement.

Si la série Superman mise sur l'action et le grand spectacle, Action Comics par Bendis zoome sur Clark Kent, encore très présent. Le scénariste anime son personnage comme un détective-journaliste, et adresse des clins d'oeil à ceux qui ont lu ses épisodes de Daredevil (comme lorsque Clark se sert de sa super-ouïe pour, grâce aux battements du coeur du maire, savoir s'il lui ment, puis l'entendre soupçonner Melody Moore).

Le déroulement du récit est fabuleusement fluide, les scènes défilent avec naturel, au point que Bendis et Ryan Sook peuvent se permettre un aparté bref mais irrésistible, quand un gamin dans une ruelle découvre Clark en train de se changer en Superman et que celui-ci, d'un geste et avec le sourire, lui fait promettre de garder le secret.

Sook achève sa prestation (pour l'instant ? L'artiste n'a pas caché son plaisir de travailler avec Bendis et sur le titre...) sur une superbe note. Son plaisir est visible à animer ce personnage, à dessiner cette intrigue. Il est très à l'aise dans les scènes ordinaires, représentant Clark et les civils, comme dans l'action, où le héros emploie des pouvoirs moins utilisés (comme son super-souffle contre Red Cloud).

L'appréciation du travail de Sook est aussi influencé par le fait qu'il a rendu sa copie en temps et en heure depuis le début - ce sur quoi personne n'aurait osé parier. Fâché avec les deadlines (d'où sa préférence d'oeuvrer comme cover-artist), le dessinateur a prouvé son professionnalisme et sa motivation. Epatant quand on se souvient qu'il n'avait même pas réussi à réaliser un épisode entier de The Unexpected il y a quelques mois.

L'acte I est donc clos et Bendis a réussi à donner une identité claire et forte à la série, ainsi qu'un réel potentiel et une ambiance prenante. Il continuera à être bien accompagné dans les prochains numéros puisque Steve Epting va le rejoindre. 

La variant cover de Francis Manapul.

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