vendredi 2 novembre 2018

WEST COAST AVENGERS #3, de Kelly Thompson et Stefano Caselli


Avec West Coast Avengers, Kelly Thompson laisse décidément libre cours à sa verve la plus fantaisiste. C'est une chose de s'amuser à écrire, mais elle réussit aussi à amuser le lecteur. Et ainsi elle réussit à donner une identité distincte, un esprit à sa série (ce qui manquent tant aux Avengers de Jason Aaron). Où trouve-t-elle ses idées si dingues ? Elle seule le sait. Mais Stefano Caselli la suit bravement et on se régale.


Réveil mouvementé pour les West Coast Avengers : leur repaire de fortune est attaqué par BRODOK et ses monstres géants car il a découvert que Kate Bishop et Clint Barton avaient fouillé son laboratoire. Tigra et d'autres de ses cobayes dévastent donc allègrement Los Angeles.


Kate empêchée, Clint prend la direction de la riposte : à Quentin Quire de neutraliser Tigra, à Fuse et America Chavez de s'occuper des autres victimes des expériences de BRODOK, à Gwenpool de maîtriser ce dernier.


Libérée, Kate remarque alors un tatouage sur une des créatures et se rappelle l'avoir vu dans les dossiers de BRODOK. Elle demande à America Chavez de la téléporter dans les locaux de l'AIM mais BRODOK remarque sa fuite et se débarrasse de Gwenpool.


BRODOK surprend donc Kate dans son repaire et la neutralise. Quire perd alors le contact télépathique avec elle et en avise Clint qui part aider son élève avec America Chavez. Ne reste plus face aux géants que Quire, Fuse et Gwenpool.


Mais Tigra revient à elle et a recouvert la raison. Grâce à ce renfort, la bataille tourne à l'avantage des héros. Au même moment, Clint et America découvrent ce que BRODOK a fait subir à Kate...

Sur son blog Tumblr (1979semifinalist), Kelly Thompson est une scénariste qui communique beaucoup avec ses fans, sans se limiter à ses productions. Cette accessibilité en fait une interlocutrice sympathique et on retrouve cette bonne impression dans ce qu'elle raconte : c'est du feel-good comics qui ne se prend pas au sérieux, mais qui est fait avec sérieux. Parce que l'auteur aime vraiment son média et ses personnages.

Et cela lui permet d'insuffler un véritable esprit à ses West Coast Avengers, ce supplément d'âme qui fait la différence et qui rend une série si séduisante. Ce n'est pas donné à tout le monde, des scénaristes plus expérimentés n'y parviennent pas/plus, parfois bridés par un cahier des charges trop rigide ou par manque d'inspiration. 

Kelly Thompson avec son groupe d'Outsiders improbable a intrigué en en faisant la nouvelle incarnation des WCA, mais elle est plus fidèle au concept d'origine (une équipe de Vengeurs-bis, avec des membres qui n'ont pas leur fauteuil à côté des vedettes). Elle y a introduit des mutants, un vétéran, des nouveaux, des anciens Young Avengers, des anciens, et les a plongés dans une intrigue délirante.

L'inspiration des séries B, voire Z, avec attaque de monstres géants, savants barjos, relations tourmentées entre les héros, rebondissements dingos, est assumée et provoque de francs éclats de rire. Avant la sortie de ce numéro, j'ai commenté la preview sur un forum où un autre intervenant pointait "l'esbroufe" du titre. Or il n'y a pas de prétention dans l'écriture de Thompson et si on pointe un peu d'insolence, elle est légère et cible surtout le côté institutionnel des Avengers sur lequel elle fait souffler un vent frais.

Evidemment, une telle direction exige un dessinateur sur la même longueur d'ondes et capable de soutenir ce qui est narré. Stefano Caselli est à l'évidence l'homme de la situation et depuis trois épisodes il a fourni des planches généreuses dans l'effort.

Pour cet épisode riche en action et en démesure, il découpe les scènes avec une majorité de vignettes plus grandes, ce qui aère les mouvements et donne de l'envergure aux ripostes des héros contre leurs assaillants. Le regard se balade d'un plan à l'autre avec une épatante fluidité tout en mesurant la dévastation causée par la bataille (dont les conséquences sont mentionnées avec malice - un signe que les WCA devront répondre des dégâts ?).

Les couleurs de Triona Farrell ajoutent à l'aspect cartoon du propos en insistant sur le fait que tout se passe au petit matin, dans un cadre ensoleillé, donc lumineux. Même s'il y a du grabuge, des dommages collatéraux, pas question de se prendre au sérieux là encore : Los Angeles est piétiné par des géants, oui, mais c'est pour de faux, pour déconner.

Le cliffhanger est aussi ahurissant qu'hilarant (comme le promettait Thompson sur son blog). Bon sang, que ça fait du bien de lire un comic-book aussi fun ! 

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