mercredi 21 novembre 2018

SKYWARD #8, de Joe Henderson et Lee Garbett


Skyward continue de se distinguer par ses qualités écrites et visuelles dans ce huitième épisode : la série de Joe Henderson et Lee Garbett tranchent avec d'autres productions d'Image Comics... Et c'est peut-être ce qui causera sa perte, car ses chiffres de vente ne sont pas bons (moins de 10 000 exemplaires : l'annulation semble inévitable à la fin de cet arc). C'est dommage car l'histoire de Willa Fowler a un potentiel énorme.


Willa et Edison sont conduits à la Ferme appartenant à Barrow après avoir été sauvés des insectes géants dans la forêt. Leur guide, Lucas Serrano, leur explique qu'on y élevait du bétail jusqu'au "G-Day", lorsque toutes les bêtes moururent à cause des bugs.


Depuis, donc, sans que les citadins ne s'en doutent, la nourriture provient des insectes. Mais l'exposé de Serrano est interrompue par Serena, la soeur d'un des hommes tués lors du raid. Seul avec Willa, Edison en profite pour lui demander pourquoi elle tient tant à gagner Kansas City et ce que renferme le cahier de son père.


Elle refuse de le lui dire - et pour cause elle n'arrive pas à déchiffrer les données de Nathan. Ne trouvant pas non plus le sommeil, elle retrouve Serrano dans une salle où il s'entraîne sur des mannequins pour tuer les insectes et initie la jeune femme au maniement de l'épée.


Il l'équipe aussi d'un harnais avec lequel elle peut se déplacer dans les airs comme un moustique - un moyen qu'elle compte secrètement employer pour s'évader de la Ferme le moment venu. Serena surgit à nouveau et appelle Serrano tandis que Willa rejoint Edison.


Ce dernier l'avertit que des fermiers l'ont reconnue et ont averti Barrow de sa présence ici. Mais, surprise, Serrano leur explique que Barrow vient d'arriver et a été fait prisonnier car, comme elle, les employés de la Ferme veulent rétablir la gravité...

Comme je le disais en ouverture, malgré son capital sympathie indéniable (je n'ai rien lu de négatif sur cette critique, tous ceux qui la suivent en sont ravis), Skyward est plus qu'en sursis : la série se vend mal, se vend peu, et il est à peu près certain qu'elle s'achemine vers une annulation à la fin de cet arc narratif. A moins qu'Image Comics ne la soutienne, mais leur catalogue est déjà abondant et le système même du creator-owned ne permet guère aux auteurs de produire à perte.

C'est regrettable car le titre a un potentiel certain, de quoi alimenter une saga au long cours, et son scénariste, Joe Henderson, a visiblement un plan au long cours quand on voit toutes les idées que lui inspire le contexte de son intrigue.

Par ailleurs, comme je le reprochais à Death or Glory (Remender/Bengal) ou The Weatherman (Leheup/Fox), la narration est impeccable et ne s'écarte jamais de son pitch initial. Henderson fait en sorte qu'on se rappelle toujours de tout, depuis le nom des personnages jusqu'aux étapes ayant mené à l'épisode du mois. Skyward n'a pas non plus pris de repos entre deux arcs narratifs, ce qui maintient un rythme entraînant, un suspense accrocheur.

Peut-être faut-il imputer l'échec commercial de la série au fait qu'elle ne ressemble pas à ce que produit souvent Image Comics, à savoir une histoire sans violence, sans hémoglobine, sans excès - ce que j'appellerai les stigmates de (Robert) Kirkman. C'est un récit qui sait être émouvant, mais surtout littéralement aérien, avec des personnages jeunes, dont l'aventure prend des airs de parcours initiatique dans un cadre fantastique bien dosé. Willa est une héroïne qui suscite la sympathie facilement, Barrow est un méchant efficace, et les autres protagonistes sont rapidement caractérisés pour faire progresser l'ensemble (à l'image de Serrano).

Skyward profite aussi à plein du charme du dessin de Lee Garbett, qui a entamé une mue stylistique avec Lucifer (DC/Vertigo) et la prolonge ici, bien soutenue par le coloriste Antonia Fabela. Il émane de leurs planches quelque chose de lumineux, de solaire, et de poétique, qui tranche avec les séries sombres en vogue chez Image.

La régularité, dans la qualité et la ponctualité, de la série est remarquable (Garbett a même réussi à produire un épisode de The Immortal Hulk tout en dessinant le chapitre précédent). Il y a vraiment tout pour séduire... Et, pourtant, ça ne prend pas.

On ne peut qu'être désolé de l'indifférence avec laquelle est reçue Skyward. Aussi, les fans ont tout intérêt à savourer, en souhaitant que Henderson et Garbett puissent conclure proprement une histoire qui méritait un lectorat plus curieux et enthousiaste.   

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